Hommage à Édith Lefel : 20 ans après, "elle laisse un souvenir impérissable et des albums remarquables"

Chanteuse à succès, véritable icône pour ses fans, Édith Lefel est restée dans les mémoires. 20 ans après sa disparition, celle qu'on surnommait "la petite fée" demeure l'une des artistes préférée des Ultramarins.

Elle aurait fêté ses 60 ans cette année. Considérée comme la reine du zouk, Édith Lefel était incontestablement une artiste engagée, qui a marqué toute une génération avec des titres comme "La klé", "Somnifere" ou encore "A si paré". Le 20 janvier 2003, la chanteuse guyano-martiniquaise meurt prématurément d'un malaise cardiaque à l'âge de 39 ans, à Dreux (Eure-et-Loir). Édith Lefel laisse derrière elle une large communauté de fan endeuillée, son manager et compagnon Ronald Rubinel, ainsi que ses jumeaux, Chris et Mathieu, âgés de 12 ans. "Je me souviens lorsque l'on m'a annoncé sa mort, c'était un coup de massue", se rappelle son ancien producteur, Eric Basset. "C'était un week-end, je lui avais parlé assez longuement au téléphone deux jours avant, on préparait des Zénith."

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Hommage à Edith Lefel ©la 1ère - Jean-Paul Etchegaray 100% mêlés

Inspirante

Vingt ans plus tard, Édith Lefel continue de vivre dans les mémoires, grâce à sa musique et aux souvenirs qu'elle a laissés. "J'ai eu ce privilège incroyable de la rencontrer. C'était dans un studio parisien, lors d'une écoute de son album. Elle avait une couleur vocale particulière, il n'y en a pas deux", raconte Valérie Tribord, choriste guyanaise.

Elle représente une grande chanteuse. C'est une artiste qui m'a marqué car elle faisait partie des rares artistes féminines antillaises de l'époque et elle chantait magnifiquement bien.

Valérie Tribord

Édith Lefel s'impose dans le monde du zouk d'abord en tant que choriste, au côté du groupe martiniquais Malavoi. Très vite, sa voix est remarquée et elle est mise en valeur en tant que chanteuse soliste. Celle que l'on surnomme la petite fée devient une référence de la musique antillaise, tant avec son timbre de voix qu'avec ses textes. "Elle avait une écriture assez fine dans la façon d'aborder certains thèmes, comme les violences faites aux femmes. Je pense qu’elle s’adressait autant à la gent masculine qu’à la gent féminine, mais elle avait des textes qui parlait beaucoup des femmes et je pense que l’on s’y retrouvait fortement", estime Valérie Tribord.

Populaire

Sa voix et son énergie ont mené Édith Lefel jusque dans l'Hexagone. En 1996, la chanteuse de la Caraïbe remplit l'Olympia et se positionne comme l'une des chanteuses ultramarines les plus populaires. "C'est l'un de mes meilleurs souvenirs d'Édith", sourit Eric Basset, "elle avait une joie immense après l'Olympia, pour elle c'était un rêve exaucé".

Lors du 150e anniversaire de l'abolition de l'esclavage, en 1998, la chanteuse s'associe une fois de plus avec le groupe Malavoi. Elle enregistre deux titres sur l'album "Marronnage", dont un avec le chanteur Jean-Jacques Goldman intitulé "Chanson d'amour". Eric Basset se souvient de l'enregistrement : "C'était une prise. Sans s'arrêter. Ça prouve que c'est une sacrée chanteuse".

Pour le producteur, son humilité et son professionnalisme ont fait qu'Édith n'a "jamais eu de problème" et qu'elle a su créer une relation "d'amour avec le public". La petite fée a aussi été reconnue par ses pairs : pour son album "Mèci", l'artiste guyano-martiniquaise reçoit le prix de la meilleure chanteuse, décerné par la Sacem en 1992. Autre distinction honorifique, elle est médaillée de l'Ordre national du Mérite, en 2000.

Héritage

Érigée au rang de diva, la reine du zouk laisse "un souvenir impérissable, des albums remarquables et le souvenir d'une des plus grandes chanteuses d'Outre-mer", selon Eric Basset.

Quand je la voyais sur scène, elle était juste divine, magnifique, lumineuse. C'est ce que je retiens d'Édith.

Valérie Tribord

Avec neuf albums produits, des concerts entre la Caraïbe et l'Hexagone, Édith Lefel était incontournable. Pour Eric Basset, son œuvre et son souvenir doivent continuer d'exister : "Il faut faire en sorte qu'Édith continue d'exister et que les plus jeunes arrivent à la connaître. Il faut faire en sorte de la faire vivre, en tout cas, sa musique."

 ♦ À (re)voir : le documentaire hommage à Edith Lefel diffusé sur RFO en 2003