À l'issue de la réunion consacrée à la Guadeloupe, dernière des huit tables rondes organisées au ministère des Outre-mer pour un premier bilan du CIOM, ils ne répondent pas un par un aux questions comme c'est l'habitude, mais presque tous ensemble. S'alignent devant les micros les députés Max Mathiasin, Christian Baptiste et Elie Califer, et les présidents du Conseil régional et du Conseil départemental, Ary Chalus et Guy Losbar.
Ces derniers ont ainsi fait le choix de participer à la réunion, alors qu'ils ont critiqué la méthode. Ils ont en effet signé, avec quatre autres présidents de collectivité, le courrier du président de la Collectivité territoriale de Martinique Serge Letchimy qui a dénoncé "un leurre de débat et un procédé de discussion infantilisant" et opté pour la politique de la chaise vide.
"On n'a pas à porter jugement sur l'attitude du président Letchimy, a défendu Max Mathiasin. Nous sommes venus dire ce que nous pensons. Nous n'avons pas été d'accord sur tous les points [avec le ministre] et nous sommes loin d'être d'accord, mais nous avons pris une clause de revoyure et, par conséquent, nous reviendrons discuter à la table des négociations pour dire ce que nous pensons."
Les représentants de la Guadeloupe ont en effet demandé une méthode de travail ainsi résumé par Ary Chalus : "Nous recevoir une fois par année, les responsables politiques de la Guadeloupe, pour que nous puissions avancer ensemble." Une méthode acceptée qui va de pair avec la volonté de ces élus de se mettre d'accord sur les dossiers les plus problématiques.
Guy Losbar explique d'ailleurs qu'ils ont déjà commencé en présentant ce vendredi les sujets prioritaires en Guadeloupe "qui n'étaient pas retenus dans le cadre du CIOM, mais qui ont été traités".
L'eau non, le CHU oui
Ainsi la problématique de l'eau, qui fait partie des 72 mesures, n'a pas été évoquée, les deux collectivités jugeant que suffisamment d'investissements et de chantiers ont été lancés ces derniers temps et qu'il fallait "laisser travailler les gens" et les travaux "avancer".
À l'inverse, ils ont tenu à parler de l'aéroport, de la continuité territoriale, du port, des pêcheurs, de la santé... Le cas du centre hospitalier universitaire (CHU) de Pointe-à-Pitre a d'ailleurs été longuement abordé.
"En 2024, nous aurons un CHU neuf avec des équipements neufs, présente Guy Losbar qui rappelle les difficultés de trésorerie et financière du CHU. Dès le mois de janvier – février, à notre initiative, il y aura un plan de redressement qui sera présenté et [qui] nécessitera un accompagnement." Un accompagnement de quel ordre ? On l'ignore pour le moment.
Transports et continuité territoriale
L'autre dossier important pour les représentants guadeloupéens est celui des transports. "Nous avons demandé [à ce que] nous puissions aussi être autorité unique pour aller plus vite", lance Ary Chalus. Les transports et infrastructures comme les routes sont en effet gérés au niveau national, régional ou local selon leur nature.
Guy Losbar a mentionné pour sa part la continuité territoriale : "Beaucoup de Guadeloupéens se plaignent aujourd'hui, sur le coût des billets et on sait comment c'est pénalisant pour les familles, mais aussi sur un plan de développement touristique."
Une nouvelle réunion bientôt
Sur tous ces sujets, le ministre "a été à l'écoute", se réjouit Ary Chalus qui souligne que lui et ses collègues sont par ailleurs en contact avec les techniciens d'autres ministères comme celui de la Santé.
Vous voyez que la méthode est plutôt bonne !
Philippe Vigier, ministre délégué aux Outre-mer
Philippe Vigier s'est de son côté félicité que tout le monde soit là et de ce "bel état d'esprit". Listant qu'au moins une dizaine de thèmes a été abordée, il tient à ajouter qu'ils ont "prévu de se revoir rapidement".
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Saint-Martin et Saint-Barthélemy
Des tables rondes ont également été consacrées à Saint-Martin jeudi après-midi, et à Saint-Barthélemy vendredi matin. Parmi les sujets communs abordés, la desserte aérienne dans les Antilles françaises, la santé et la création de préfecture de plein exercice. Soit des thèmes qui ne font pas partie des 72 mesures du CIOM.
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La desserte aérienne
Le dossier "Air Antilles" ne faisait pas partie des mesures du CIOM mais il a été mis sur la table par le président de la collectivité de Saint-Martin, Louis Mussington, qui le considère prioritaire. Mise en liquidation début août 2023, la compagnie Air Antilles a en effet été reprise par la collectivité et le groupe aéroportuaire Edeis.
"On espère bien obtenir une aide [...] d'un montant significatif du gouvernement français pour nous aider, a annoncé ce jeudi soir Louis Mussington. Parce qu'effectivement, c'était un choix urgent, nécessaire, utile pour le désenclavement de Saint-Martin, et la Guadeloupe et la Martinique également."
Ayant également sollicité l'Élysée, il espère obtenir auprès de la direction générale de l'Aviation civile (DGAC) "les licences et certificats utiles et nécessaires pour faire voler les avions" le plus rapidement possible.
Le ministre Philippe Vigier a par ailleurs annoncé "une étude opérationnelle économique de manière à ce qu'on voit comment, demain, faire en sorte que ces coûts de transport sont moins élevés et qu'on regarde quel est le panel de l'ensemble des liaisons que l'on peut mettre en place".
- La santé
Il a par ailleurs assuré que l'État sera "au rendez-vous pour l'hôpital" de Saint-Barthélemy. "On a une structure hospitalière qui est à reconstruire, reconnaissait ce vendredi matin Xavier Lédée, président du conseil territorial de l'île. Donc, c'est un des sujets sur lesquels on doit travailler pour voir la part de l'engagement de la collectivité et la part d'engagement de l'État, de l'hôpital lui-même aussi, et de voir comment on fait fonctionner tout ça."
Saint-Martin a aussi abordé la question de la santé au travers de la construction d'un Ehpad. "Ils ont promis de nous accompagner, il y a une vraie urgence là aussi, a rapporté Louis Mussington qui se veut persévérant. Un représentant du ministère de la Santé a confirmé que c'est possible, donc je reviendrai au ministère de la Santé pour chercher nos billes."
- La création de préfectures
Pour la création de préfectures de plein exercice sur chacun des deux territoires, Philippe Vigier s'est contenté d'assurer que "c'est un sujet qui avance, sur lequel on travaille". Le président de la collectivité de Saint-Martin a apporté un peu plus de précisions : "La confirmation a été faite, ça se confirmera très prochainement par un décret."