"Les gens viennent vous voir courir et vous devez leur offrir le meilleur que vous avez en vous à ce moment-là." Le président Obama, lorsque sa femme lui demanda quel était son athlète préféré, répondit : "Je pense que c'est Jesse Owens [...]. Ce ne sont pas seulement ses performances mais le fait qu'il ait contesté le nazisme."
Ce n'est pas uniquement parce qu'il est l'homme ayant défié Hitler ou le meilleur sprinter de l'entre-deux-guerres que le nom de Jesse Owens (1913-1980) résonne encore aujourd'hui : tout en étant un champion hors catégorie, il demeure homme parmi les hommes, citoyen actif commettant des erreurs tout en sachant les reconnaître.
S'affirmant "américain en premier, noir en second" dans une Amérique fracturée par la question raciale, il incarne en réalité le symbole d'un citoyen du monde se battant sans relâche pour sa liberté.
Le quadruple médaillé d'or aux JO de 1936, arraché à sa modeste condition de petit-fils d'esclave grâce à ses exploits physiques et à son travail acharné, est devenu l'emblème du sport comme espace possible de fraternité. À travers cet athlète d'exception, c'est tout un pan de l'histoire des jeux Olympiques modernes qui se lit.
L'auteur
Écrivain, philosophe et dramaturge, Alain Foix, né en Guadeloupe, a été directeur de la Scène Nationale de la Guadeloupe, du Théâtre Le Prisme à Saint-Quentin en Yvelines et de La Muse en Circuit, Centre National de Création Musicale. Il est actuellement directeur artistique et metteur en scène de la compagnie Quai des arts. Il a été lauréat du Grand Prix Beaumarchais/ETC-Caraïbe de l’écriture théâtrale en 2004. Son œuvre littéraire qui va du roman à l’écriture théâtrale en passant par l’essai philosophique ou les livres pour la jeunesse, est marquée par l’éclectisme. Il a publié chez Gallimard Ta mémoire, petit monde (un récit autobiographique), Je danse donc je suis (essai philosophique), divers ouvrages pour la jeunesse, et dans la collection Folio Biographies Toussaint Louverture (2007), Martin Luther King (2012) et Che Guevara (2015).
Lecture d'un extrait de "Jesse Owens"
Il est long ce couloir qui conduit à la gloire, bien sombre aussi, et au bout du couloir, une pâle lumière, un ciel lourd de menaces. Une grisaille persistante en cette après-midi du 3 août 1936 où le thermomètre affiche un timide 18,2°. Une pluie fine a mouillé la cendrée de l’Olympiastadion, stade gigantesque posé en plein cœur de Berlin, ce nid où devait éclore l’homme nouveau sous les yeux brûlants du Fûhrer. L’Übermensch allemand allait prouver la supériorité de la race aryenne à la face du monde. Jesse Owens frissonne. Ce n’est pas la fraîcheur ni le trac.
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Chargé de réalisation : Jean-Luc Benzimra
Illustrations : The last Kamit
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