"Il y a plus de rats que de détenus", alertent les surveillants ultramarins de la prison de Fresnes

Membre de la Commission Outre-mer de FO pénitentiaire, Cédric Boyer dénonce la détérioration des conditions de travail à la prison de Fresnes.
"Ils nous pissent dessus", "filent entre nos jambes" et "passent au-dessus de nos têtes". A la prison de Fresnes, des surveillants pénitentiaires ultramarins dénoncent depuis des mois la présence massive de rats. Ils témoignent sur La1ère.fr.
"J’ai senti quelque chose près de mon oreille, j’ai ouvert les yeux, un rat dormait sur mon bras", raconte Thierry, Réunionnais, surveillant à Fresnes depuis un an et demi. "J’ai bougé, le rat est parti, mais mon bras était mouillé. Il m’avait pissé dessus !"

Quand je rentre du travail, je prends plusieurs douches, c’est immonde







Thierry travaille régulièrement la nuit à la prison de Fresnes. En juin dernier, cette mésaventure l’a dégoutée. "Je suis sorti chercher la chef, nous sommes revenus, le rat était encore dans le lit, poursuit Thierry. Le lendemain, je suis allé me faire vacciner contre la leptospirose".

(Photo d'illustration)

Le ras-le-bol des surveillants

Comme de nombreux ultramarins qui travaillent à la prison de Fresnes, ce Réunionnais ne supporte plus la situation. "C’est inacceptable, s’indigne Thierry. Une fois j’étais sur l’ordinateur à mon bureau, un rat est sorti de derrière l’écran, l’horreur. Quand je rentre du travail, je prends plusieurs douches, c’est immonde".

Ils courent partout et nous filent entre les jambes

 





"Il y a plus de rats que de détenus dans la prison", affirme le Réunionnais Cédric Boyer, surveillant à Fresnes depuis 2009 et membre de la Commission Outre-mer de FO pénitentiaire. "La journée, les détenus sont là alors les rats sont moins nombreux, mais la nuit, ils nous filent entre les jambes".

Cédric et d’autres surveillants ont même renoncé à aller pointer dans certains endroits de la prison. "Près des poubelles, je ne vais plus pointer, raconte Cédric. Les rats passent au-dessus de nos têtes, lâchent des excréments, c’est ignoble et pire encore les jours de pluie".

Les couloirs du quartier des hommes à la prison de Fresnes.

Une lettre ouverte

En juin dernier, un syndicat a dénoncé cette prolifération de rats. Dans une lettre ouverte, le Syndicat pénitentiaire Force ouvrière de Fresnes a alerté sur la prolifération des rats et la dégradation des conditions de travail des surveillants. Depuis, il ne remarque pas d’évolution.

"Des travaux ont été effectués par l’administration, mais le problème s’est déplacé, ce ne sont que des solutions provisoires", dénonce Cédric Boyer, de FO pénitentiaire qui a également sollicité le député réunionnais Thierry Robert, pour qu’il effectue une visite de la prison.


Les détenus concernés

François Bès, coordinateur régional pour l'Outre-mer de l'Observatoire international des prisons
Alerté par les familles de détenus, l'Observatoire international des prisons (OIP) s’est également penché sur ce problème qui "ne date pas d’hier", selon François Bès. "Des familles s’inquiétaient de détenus souffrant de la leptospirose (la maladie du rat), raconte François Bès, coordinateur de l’Observatoire international des prisons en Ile-de-France. Nous avons saisi l’Agence Régionale de Santé (ARS) qui a confirmé la prise en charge de deux cas".

"A Fresnes, il y a des sous-sols, des greniers, des combles, la prison date du début du XXe siècle et est extrêmement vétuste. Des dératisations sont faites mais cela ne suffit pas. Il y aussi des invasions de puces, de punaises, il faudrait détruire l’établissement", ajoute François Bès qui souligne que la "promiscuité des détenus et la surpopulation aggravent la situation".

La direction se défend

La direction de la prison de Fresnes, elle, se défend et précise que "des opérations de dératisations ont lieu une à deux fois par mois" et que le ramassage des poubelles se fait "une à deux fois par jour". La direction aurait également sensibilisé les détenus aux risques que représentent les rats pour la santé. "Il y a eu une amélioration du fait des travaux et d’une prise de conscience", estime-t-elle auprès du Parisien.