La défense de l'Amazonie et de ses communautés indigènes est une cause chère au Pape François, aux stars d'Hollywood et aux ONG internationales, mais les peuples autochtones ont du mal à se faire entendre dans le Brésil de Jair Bolsonaro.
Outre-mer la 1ère avec AFP •
Pour tenter de changer la donne, les quelque 300 leaders indigènes réunis cette semaine au cœur de la forêt, dans le village de Piaraçu, dans l'État de Mato Grosso, ont fait de la communication auprès des Brésiliens une priorité.
Dès sa campagne électorale, le président d'extrême droite Jair Bolsonaro a affirmé qu'il ne cèderait "pas un centimètre de plus" aux territoires réservés aux indigènes, qui représentent aujourd'hui 12% de la surface du pays. Son gouvernement doit présenter prochainement un projet de loi autorisant l'extraction minière sur ces terres indigènes, sous prétexte que les autochtones ne peuvent pas rester "confinés comme dans un zoo" et devraient pouvoir explorer les richesses de leur sol.
Mais dans un pays qui regroupe plus de 300 ethnies, tous les membres des tribus autochtones ne sont pas de cet avis. Certains soutiennent la politique environnementale du gouvernement Bolsonaro, à l'image de la jeune Ysani Kalapalo, qui compte plus de 300.000 inscrits sur sa chaîne Youtube où elle critique sans cesse la gauche, les ONG et Raoni. En septembre, elle a accompagné le président à l'Assemblée générale de l'ONU à New York. Lors de son discours, M. Bolsonaro avait critiqué les "écologistes radicaux et les indigénistes dépassés", tout en ayant des propos très durs contre Raoni. Également en septembre, plusieurs centaines de membres de la tribu Munduruku ont bloqué une autoroute durant cinq jours pour réclamer la légalisation de l'orpaillage sur leurs terres, considérant que cela leur permettrait d'augmenter leurs revenus.
"Certains indigènes sont d'accord avec les idées de Bolsonaro, d'autres s'opposent au gouvernement. Il est vraiment en train de nous diviser", reconnaît Raoni, dont la candidature au prix Nobel de la Paix 2020 avait été proposée en septembre par la Fondation Darcy Ribeiro. "Nous devons nous rassembler pour nous défendre contre ce gouvernement. Je suis inquiet pour mon peuple et c'est pour ça que je dois aller chercher des soutiens à l'étranger", conclut le cacique, qui s'est rendu en Europe à plusieurs reprises l'an dernier. Le président Bolsonaro a eu beau clamer que "le monopole de Raoni en Amazonie" était terminé, son prestige reste intact auprès des indigènes réunis à Piaraçu. Quand il parle ou qu'il se met à danser, tout le monde fait silence et personne ne le quitte des yeux.