En visite à Mayotte, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, a annoncé "la création d'un groupe interministériel de recherches (GIR)" sur l'île pour lutter contre la violence et l'immigration clandestine. Dans les faits, il ne s'agit pas d'une création mais d'un retour, puisqu'un GIR a déjà existé à Mayotte. L'institution y a laissé un très mauvais souvenir : ses membres ont été accusés d'avoir volontairement organisé un trafic de drogue pour gonfler les chiffres des saisies. Le GIR a été supprimé à la suite du scandale.
Les deux gendarmes du GIR poursuivis dans cette affaire ont été relaxés en septembre dernier, mais la vérité judiciaire ne suffit pas à laver tous les soupçons. "Il n'y a quasiment plus d'affaires de drogue à Mayotte, alors que du temps du GIR, il y avait au moins une ou deux fois par mois des interceptions d'importation de drogue, se souvient Mansour Kamardine, député LR de la 2e circonscription de l'île. Depuis que le GIR a été dissout, il n'y a quasiment plus d'interception de mules."
C'est une initiative heureuse de l'État. Mais attention, il faut que le GIR de 2023 ne soit pas le même que celui de 2010. Il a clairement été établi qu'on a eu un GIR qui, pour faire du chiffre ou pour se faire mousser, participait à l'importation de drogue à Mayotte.
Mansour Kamardine, député LR de la 2e circonscription de Mayotte.
Si ce nouveau GIR est "suffisamment encadré, c'est une excellente chose", estime néanmoins le député.
Interdisciplinarité
Les groupes interministériels de recherches reposent sur le principe de la pluridisciplinarité. Composés de policiers, de gendarmes, mais aussi d’inspecteurs des impôts ou d’agents des douanes, les GIR doivent s'attaquer à la violence dans sa globalité.
Une stratégie payante selon Ambdilwahedou Soumaila, le maire de Mamoudzou. "Cette synergie, c’est la seule façon de lutter contre l’insécurité. C’est seulement en travaillant en synergie avec les forces de l’ordre que nous arriverons à venir à bout, enfin, de l’insécurité grandissante qui règne à Mayotte", estime-t-il. S'il est favorable au retour du GIR sur le territoire, le maire de Mamoudzou reste prudent, rappelant que ce n'est "qu'un outil" et que le flou règne encore sur les missions et les moyens qui seront confiés à ce groupe.
La nouvelle version du GIR mahorais sera composée de neuf personnes. Des fonctionnaires mobilisables ponctuellement pourront épauler cette équipe permanente en cas de besoin. Le ministère de l'Intérieur indique que le GIR de Mayotte devrait être opérationnel d'ici l'été prochain.