Irma : le tourisme sans doute à terre pour la saison d’hiver

Saint-Martin
Saint Martin et Saint Barthélemy vont tenter, sans trop y croire, de rester dans la liste des destinations touristiques de l’hiver prochain. En attendant, plusieurs centaines de salariés du secteur se retrouvent au chômage. 
Si les mois de septembre et octobre ne sont pas des périodes de haute fréquentation touristique pour les Antilles, il sera difficile d’envisager un redémarrage de Saint-Barthélemy et surtout de Saint Martin d’ici noël. Une vraie course contre la montre va commencer.

Abattement

Le cyclone de catégorie 5 a laissé derrière lui des paysages dévastés notamment sur les destinations touristiques de Saint-Barthélemy et Saint-Martin. « Jamais on a eu ce niveau de dégâts », a indiqué à l'AFP Gilbert Cisneros, président du voyagiste Exotismes et numéro un de la destination Saint-Martin avec plus de 3500 clients annuels, mais aussi 552 voyageurs à Saint Barthélemy, dans le très haut de gamme. "Pour ces îles, ça va être une catastrophe, elles vivent essentiellement du tourisme", a estimé auprès de l'AFP Didier Arino, directeur du cabinet d'études Pro tourisme. Selon l’office du tourisme de Saint-Martin à Paris, « la seule partie française de l’île a accueilli près de 250.000 visiteurs aériens en 2016 auxquels s’ajoutent 2,5 millions de croisiéristes, essentiellement mais pas uniquement, dans la partie hollandaise ». Saint-Barthélemy, repaire de riches célébrités vit du tourisme de luxe et aurait accueilli plus de 300 000 visiteurs en 2013 selon un chiffre de 2013 communiqué par l’IEDOM.

À Saint-Barthélemy, 37% des emplois dépendent du tourisme. C'est bien davantage à Saint-Martin, où 80% des emplois sont directement ou indirectement liés au secteur. L'absence des vacanciers dans les mois à venir représenterait, surtout à Saint-Martin, un manque à gagner de plusieurs centaines de millions d'euros.

Mobilisation

Pour Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du monde, les zones sinistrées vont subir une "double peine". Non seulement, il va falloir réparer les dégâts, mais chaque fois que vous avez une catastrophe naturelle à un endroit, vous avez une double peine (...) Quelqu'un qui a la possibilité de choisir entre 30 destinations, il ne va pas aller dans celle où il pense que tout est dévasté", a expliqué M. Rial à l’AFP.

"On peut imaginer qu'il faudra des mois avant que la vie ne reprenne vraiment, mais il est certain que l'ensemble de la profession fera le maximum pour que, dans trois ou quatre mois, ces deux îles puissent de nouveau accueillir les touristes", croit savoir Roland Héguy, président de la Confédération des acteurs du tourisme. Selon une première estimation de la Caisse centrale de réassurance (CCR), organisme public spécialisé, les dommages subis par le secteur hôtelier devraient être couverts par une enveloppe globale de 1,2 milliards d’euros.

« Dans les deux iles, le secteur du tourisme est à terre pour plusieurs mois mais il faut aussi penser aux salariés qui se retrouvent au chômage », indique de son côté Pascale Filliâtre, journaliste à Tour Hebdo. ils seraient « plus de 8000 qui travaillaient dans les hôtels et les restaurants de la partie française » selon l’office du tourisme de Saint-Martin à Paris.

Réalisme

Le tourisme est une industrie et le revendique. Habitués à gérer des situations de crise, les Tours Opérateurs avaient pris leurs précautions pour rediriger leurs clients en amont du passage de l’ouragan Irma. Les croisiéristes américains qui accostaient, pour quelques heures, dans la partie hollandaise de Saint-Martin iront ailleurs. Les voyagistes français réorientent déjà leurs clients d’hiver vers les grandes destinations de la région, les « gros porteurs »  en langage de voyagiste, que sont la Martinique, la Guadeloupe et la République Dominicaine ». Avant, sans doute, de revenir à Saint-Martin en février prochain…