Les éditions Sonatine viennent de rééditer un roman policier de l'écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau, prix Goncourt en 1992. Un polar particulièrement réussi dans un registre qui n’est pas habituellement le sien.
"J'ai toujours aimé la nuit", publié ce mois-ci aux éditions Sonatine en livre de poche, est une réédition sous un autre titre de "Hypérion Victimaire, Martiniquais épouvantable", qui était sorti aux éditions La Branche en février 2013. C’est pour l’instant le seul roman policier de l’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau, qui semble l'avoir écrit avec une certaine délectation, ne ménageant pas la critique sociale de son île natale.
Sauf que ce soir-là, cette nuit pourrait bien être sa dernière. Car le commandant va croiser le chemin d’un tueur, doublé d’un psychopathe, un "bougre fou". "Je ne suis personne" explique d’ailleurs l’assassin, "pour la bonne raison que je suis sans doute déjà mort en moi-même". Et de se définir comme "un massacreur, un égorgeur de chose, un défonceur de chair, un déchireur de peaux, un briseur de vertèbres, un démanteleur de hanches, d’épaules et de cous, un écarteleur de poitrine, un dérouleur de boyaux et, parfois, en certaines circonstances, un très goulu buveur de sang".
A travers cette maïeutique, cet accouchement de l’âme du tueur, et le croisement de son histoire avec celle du commandant, Patrick Chamoiseau nous entraîne dans une allégorie de la Martinique, dans son histoire, son présent, et ses dérives, avec tout son talent de conteur, de maître créole de la parole.
"J'ai toujours aimé la nuit", de Patrick Chamoiseau – éditions Sonatine, novembre 2017, 336 pages, 14 euros.
Un "bougre fou"
En ce vendredi 13, le commandant de police Eloi Ephraïm Evariste Pilon entame sa dernière nuit de garde. Tout commandant qu’il est, c’est le rituel de "la maison Poulaga". On confie une ultime nuit de veille à l’officier de police qui part à la retraite.Sauf que ce soir-là, cette nuit pourrait bien être sa dernière. Car le commandant va croiser le chemin d’un tueur, doublé d’un psychopathe, un "bougre fou". "Je ne suis personne" explique d’ailleurs l’assassin, "pour la bonne raison que je suis sans doute déjà mort en moi-même". Et de se définir comme "un massacreur, un égorgeur de chose, un défonceur de chair, un déchireur de peaux, un briseur de vertèbres, un démanteleur de hanches, d’épaules et de cous, un écarteleur de poitrine, un dérouleur de boyaux et, parfois, en certaines circonstances, un très goulu buveur de sang".
Tueur atypique
Le tueur est pour le moins atypique, lisant Saint-John Perse et Aimé Césaire tout en dégustant le sang de ses victimes. Mais Hypérion Victimaire, c’est son nom, tenant le commandant Evariste Pilon au bout de son pistolet en cette soirée maudite, va décider de se confier à lui, dérouler sa vie, et le sens de celle-ci. Le commandant, de son côté, sentant sa fin proche, se remémore des pans de son existence, sa famille, son travail, les tragédies de l’en-ville à Fort-de-France.A travers cette maïeutique, cet accouchement de l’âme du tueur, et le croisement de son histoire avec celle du commandant, Patrick Chamoiseau nous entraîne dans une allégorie de la Martinique, dans son histoire, son présent, et ses dérives, avec tout son talent de conteur, de maître créole de la parole.
"J'ai toujours aimé la nuit", de Patrick Chamoiseau – éditions Sonatine, novembre 2017, 336 pages, 14 euros.