Audrey Cayol n’est pas fait du même bois que le commun des mortels. Frappé par le sort à l’âge de 15 ans alors qu’il jouait au basket avec des amis et ses cousins, le Guadeloupéen ne s’est pas laissé abattre et s’est servi de son accident — En 1996 lors d'un dunk, le panier de basket lui est retombé sur le dos. Il a fini paraplégique à la suite de ça — comme une force pour surmonter son handicap. "Quel handicap ? Je n’en ai pas, je suis un sportif et c’est la passion avant tout, clame-t-il. Ce vendredi, pour le match d’entrée de l’équipe de France dans le tournoi Paralympique de basket fauteuil, le Guadeloupéen a donné de sa personne, mais n’a rien pu faire pour empêcher la défaite des bleus contre le Canada 83 à 68. "C’est un match en dents de scie comme on sait si bien le faire, aujourd'hui ça n'a pas payé, on n'a pas suivi notre plan de jeu", relate-t-il à chaud après son match.
Le Guadeloupéen nommé capitaine de l’équipe est le plus expérimenté du groupe. Il était déjà là en 2004 à Athènes pour la dernière participation des Bleus aux Jeux Paralympiques. Le temps est passé, et son appétit n’a pas diminué. "J’ai eu une grosse période difficile pendant trois ans, confie-t-il. J’ai eu une grosse opération à l’épaule, mais quand j’ai su qu’on avait les jeux à la maison, ça a été une motivation supplémentaire.". Joueur d’expérience, le natif de Basse-Terre inspire le respect et l’admiration de ses coéquipiers. "Audrey c’est la force tranquille de l’équipe, il est toujours serein sur le terrain, dévoile Nicolas Jouanserre. C’est pour ça qu’on voulait que ce soit lui le capitaine.
Quand il parle tout le monde l’écoute, il a toujours les mots justes.
Nicolas Jouanserre
"Quand j’ai eu l’accident, je ne savais pas que le basket en fauteuil ça existait".
L’aréna de Bercy a fait salle comble ce vendredi soir pour le premier match des Français. Il faut dire que la dernière participation des bleus à ce tournoi Paralympique remontait à 2004 à Athènes. Un brin chauvins, mais passionnés, les supporters ont vécu le match contre le Canada avec beaucoup d’intensité. "C’est magnifique quand le stade est ainsi, glisse Audrey Cayol. On aura besoin d’eux pour le reste de la compétition." Rêveur, le Guadeloupéen vise une médaille à Paris dans une épreuve qu’il ne connaissait pas dans ses plus jeunes années. "Déjà avant mon accident, je ne savais même pas que le basket fauteuil existait, souffle-t-il. Je l’ai découvert par hasard lors de ma rééducation, donc être là aujourd’hui [aux jeux Paralympiques de Paris 2024, NDLR] me rend fier du parcours que j’ai accompli".
Passé par plusieurs clubs lors de sa longue carrière, le poids des années n’a pas d’emprise sur le jeu d’Audrey Cayol. "Sur le terrain, c'est un très gros shooter, alerte Nicolas Jouanserre. Il nous apporte beaucoup dans les moments forts". Devant sa famille présente pour le soutenir contre le Canada, le Guadeloupéen l’assure "On n’a pas réussi à gagner aujourd’hui, mais le tournoi est encore long. Ça présage de bonnes choses pour la suite.". Sans limite, Audrey Cayol veut continuer à s’amuser et vivre des moments exceptionnels, après tout ce qu’il a traversé. "L’histoire de ma vie a commencé en 1981 à Pointe-Noire [en Guadeloupe, NDLR] et elle n’est pas prête de s’arrêter".