Au bout de la nuit de Rio, les explosions de joie des proches et supporters de Teddy Riner sont légèrement étouffées par les sifflets du public brésilien dans l’Arena Carioca 2. Le doigt posé sur sa bouche, la légende vivante du judo intime aux Sud-Américains de cesser les quolibets. Les Auriverde ne lui ont pas pardonné l’élimination en quarts de finale de Rafael Silva, l’enfant du pays, quelques heures avant dans cette salle omnisport.
Teddy vient de battre en finale Hisayoshi Harasawa. Le Guadeloupéen est sacré champion olympique dans la catégorie reine. Après le salut, la star du judo mondial, ivre de bonheur, se dirige vers son entraîneur Franck Chambily, le porte à bout de bras et l'embrasse affectueusement. Teddy « Winer », comme beaucoup le surnomment, fait son entrée au panthéon des Jeux Olympiques. Le porte-drapeau des Bleus devient le troisième poids lourd de l'histoire à remporter deux titres olympiques en judo après David Douillet (1996, 2000) et le Japonais Hitoshi Saito (1984, 1988).
L'anatomie d'un parcours sans faute
L’Arena Carioca 2 est le théâtre idéal du dernier affrontement de la catégorie suprême, les plus de 100 kg. Fort d’une série d'invincibilité à 98 combats internationaux et invaincu depuis 2010, Teddy Riner reste le grand favori face à Hisayoshi Harasawa. Le numéro 2 mondial a déclaré sept jours avant la finale "qu’il veut être le Japonais qui va détrôner Teddy Riner ". Les deux hommes ne se sont jamais rencontrés en compétition officielle. Dès le début de la confrontation, le judoka du Levallois SC met la pression au Japonais. Il adopte un plan tactique. Mais il ne parvient pas à faire chuter le Nippon. Sous les yeux de son fils Eden âgé de 2 ans, Teddy Riner défend son titre et s’impose dans la douleur. A 22h40, il bat son adversaire aux pénalités 2 à 1. Avec huit titres de champion du Monde, à 27 ans, l’enfant de Pointe-à-Pitre devient le poids lourd le plus titré de l'histoire du judo.
Lors de ses deux premiers duels en matinée, il limite et contrôle ses efforts. Il remporte le premier tour en battant facilement l'Algérien Mohammed Tayeb. Une victoire expéditive ! En 1 minute 05, il conclut l’opposition par une immobilisation. Son casque sur les oreilles, il s'isole dans la salle d'échauffement, les yeux rivés sur les écrans de télé pour observer ses futurs adversaires. Puis il se défait du Brésilien Rafael Silva avec un waza-ari à 1 minute 30 de la fin du combat, au grand désespoir du public local. Retour dans la salle d’échauffement. En demi-finale, il retrouve sur les tatamis l'Israélien Or Sasson. Quelques mois auparavant, aux Championnats d'Europe en Russie, Teddy a pris l'avantage sur ce concurrent. La partie est très serrée. Une planchette japonaise et un waza-ari, ouvrent au Français les portes de la finale.
L’itinéraire d’un enfant hors norme
Né à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, Teddy est un garçon qui déborde d’énergie dès sa tendre enfance. A l’âge de 5 ans, ses parents Moïse et Marie-Louise l’inscrivent à plusieurs sports à l’Aquaboulevard, à Paris. Il trouve sa voie dans le judo et continue néanmoins à pratiquer parallèlement le football. Il opte définitivement pour l’art martial et prend une licence au Paris Judo puis au Club Bolivar. A 13 ans, son gabarit et son niveau impressionnent. Le Guadeloupéen est détecté et intègre le pôle espoirs de Rouen. Un an plus tard, il prend ses quartiers à l’Institut National du sport, de l'expertise et de la performance (l’INSEP). Son ascension est fulgurante. En 2005, il décroche sa première sélection en équipe de France et une médaille de bronze lors du championnat d’Europe en Croatie.
Agé de 18 ans, il devient, à Rio de Janeiro, le plus jeune champion du monde sénior de l’histoire chez les poids lourds. Le premier d’une longue série. L’icône du PSG est le détenteur d’un record de 11 titres mondiaux. Aux JO de Paris, la légende du judo mondial compte bien briller et devenir le recordman incontesté de son sport devant sa famille et son public.
Ecoutez Teddy Riner dévoiler les qualités qui lui ont permis d'atteindre le sommet de l'Olympe.