Grande favorite des Jeux Olympiques de Paris 2024, la Martiniquaise n’est plus à présenter. Numéro 3 mondiale, Amandine Buchard a déjà l’un des plus beaux palmarès du judo français. "Oui, c'est vrai, répond-elle. J’ai un palmarès important, mais je n’ai pas encore atteint les objectifs finaux que je souhaite : être championne du monde et olympique". Médaillée d’argent à Tokyo en 2021, elle était passée toute proche de réaliser son rêve. "Je suis arrivée avec beaucoup de fougue, de punch, et de motivation. Je crois que la demi-finale, c’était le match le plus rapide de ma carrière. Douze secondes. Ça me donne encore des frissons."
Arrivée dans le monde du judo dès l’âge de 6 ans, à l’initiative de son père, ancien lutteur et judoka, décédé en 2008 des suites d’une embolie pulmonaire. Amandine Buchard ne s’est jamais éloignée des tatamis. Enfin si, à 20 ans elle fait une dépression – car elle n’arrivait pas à perdre du poids pour rester dans les clous de sa catégorie – et décide d’arrêter le judo quelque temps. À son retour, elle change de catégorie, abandonne celle des -48 kilos pour passer chez les -52 kg. Ce choix lui coûtera sa participation aux Jeux de Rio 2016.
"J’ai vraiment l’impression que j’étais mon pire ennemi "
Considérée depuis son plus jeune âge comme un grand espoir du judo français, la trajectoire de "Bubuche" — comme la surnomment ses proches – n’a pas été linéaire. Sacrée très tôt dans sa carrière, avec un titre de championne de France à 17 ans en -48 kilos, elle n’a pas toujours su surfer sur la vague du succès. Beaucoup de titres ou de combats lui sont passés sous le nez, de son "fait". "J’ai vraiment l’impression que j’étais mon pire ennemi. J’étais dans des moments où j’avais beaucoup de stress, je me mettais beaucoup la pression, du coup, j'avais du mal à m’exprimer, confie-t-elle. Dans ma tête, je me disais ‘'vas-y fonce, tu as fait le travail en amont, tu peux le faire'. Si je m’étais écoutée, peut-être que j’aurais gagné certaines demi ou finales", constate-t-elle.
Ce manque de confiance en soi va lui faire perdre son brin de folie. Celui qui lui avait permis d’arriver à 17 ans en équipe de France. "Il y avait ce petit côté fougueux, où tu n’avais rien à perdre, tu es jeune, encore junior, ce n’était que du bonus", explique la championne d’Europe 2023. C’est ensuite avec le temps, et son palmarès grandissant, que les choses vont se gâter. "Quand on commence à gagner, les gens attendent beaucoup de nous. Ça rajoute de la pression, parce qu'on a peur de les décevoir", prévient-elle.
"Elle va gagner les Jeux"
Malgré quelques passages à vide, et des défaites parfois surprenantes contre des adversaires à sa portée, la Martiniquaise reste tout de même une référence dans sa catégorie. "Amandine, c'est une personne que j’admire énormément", indique Sarah Léonie Cysique. "Elle a beaucoup de force de caractère, elle ne lâche jamais", assure la Guadeloupéenne, championne olympique par équipe mixte à Tokyo en 2021.
De son côté, la championne du monde 2022 en +78 kg, Romane Dicko, la voit déjà en or à Paris à l’occasion des JO. "Amandine revient de loin, elle a eu beaucoup d’accros dans sa vie, mais elle va gagner les Jeux", lance-t-elle tout sourire. "C’est une judokate très technique, sa petite taille est une force […] C’est un chat capable de te retourner dans tous les sens", analyse Romane Dicko, en lice pour son premier titre olympique en individuel.
Portée par la confiance de ses pairs, Amandine Buchard est à la croisée des chemins. À quelques semaines des Jeux Olympiques de Paris 2024, la Martiniquaise avance vers son objectif l’esprit libéré. À 28 ans et en pleine force de l’âge, elle sait que ses plus belles années de judo ne sont pas encore derrière elle.