JOP Paris 2024 : des adieux en or à la longueur pour le Réunionnais Ronan Pallier ?

Le Réunionnais Ronan Pallier prend la pose pour La1ère.
Sa vie bascule. Un matin de 2002. Au réveil. Une rétinite pigmentaire le laisse avec 1% de vision. L'athlète Ronan Pallier s'adapte. Devient para athlète. Et vite une star mondiale du saut en longueur. À aujourd'hui 53 ans, le Réunionnais prépare ses adieux. À l'occasion des Jeux à Paris. Un dernier bond paralympique qu'il veut en or.

En ce moment, Ronan Pallier n'a qu'une chose en tête : "Mon sport, mes entraînements, les compétitions à venir et un petit rendez-vous parisien sympathique à la fin du mois d'août." Mais promis, dès la mi-septembre, il va de nouveau lui consacrer du temps. "À mon saxophone ? Évidemment puisque c'est ma deuxième passion !" Une passion qui a d'ailleurs des points communs avec le para athlétisme. "Quand je prends mon saxo, je commence par faire des gammes. Comme à l'entraînement. Après quoi, je dois chauffer l'instrument pour que le son soit harmonieux. À l'image d'un corps que vous préparez à l'effort. Je joue du saxophone depuis une douzaine d'années. Ça me permet d'évacuer toute la pression, de me retrouver dans une bulle musicale."

Le para athlète Ronan Pallier lors des JO de 2008 à Pékin. Il y avait décroché une médaille de bronze avec le relais 4 fois 100 mètres.

Le Paris fou de Ronan

Préparer les Jeux Paralympiques à 53 ans peut sembler fou. Sauf pour le principal intéressé. "Pour moi, ce n'est même pas un défi. C'est juste naturel. Tant que je me sens bien, je continue à bouger et à courir." Le Réunionnais n'a aucun secret de jeunesse éternelle. Juste des règles de base rigoureusement respectées. "J'ai toujours eu une très bonne hygiène de vie. Pas d'alcool. Pas de cigarettes. Je sors très peu. Quant au sport, c'est avant tout un plaisir. Un jeu. L'âge pour moi, ne compte pas vraiment. Il faut juste faire attention. Travailler sur la qualité plutôt que la quantité." 

Ronan Pallier compte déjà deux médailles paralympiques. Le bronze sur le 4 fois 100 mètres à Pékin en 2008. Le bronze encore mais à la longueur à Tokyo en 2021. Une troisième récompense à Paris durant l'été ? "Effectivement, ce serait parfait. Mais en 2024, je vise l'or. Il faut toujours viser haut et atteindre l'excellence. Si votre objectif, c'est d'être quatrième ou cinquième, il ne faut pas aller aux Jeux." Surtout que Paris 2024 devrait être la dernière compétition de Ronan. "Raison de plus pour partir avec quelque chose qui brille. Pas forcément pour moi. Mais pour toutes les personnes qui se sont consacrées à ma carrière pendant toutes ces années."

Le para athlète Ronan Pallier à Tokyo en 2021. Médaillé de bronze paralympique au saut en longueur.

Toutes les vies de Ronan

Il a beau être le doyen de sa discipline depuis longtemps. Il aura beau souffler ses 54 bougies en octobre prochain. L'annonce de sa retraite sportive semble improbable. "Vous savez pourquoi ? Parce qu'en fin de compte, je n'arrêterai pas le sport. Je cesserai juste le haut niveau paralympique. C'est tout." Pas question donc de s'éloigner définitivement des sautoirs. "Au lieu de faire 5 séances de trois heures par semaine, je n'en ferai plus que deux. Ce sera un peu plus loisir. Enfin du loisir… compétition !" 

L'occasion de tourner la page d'une vie ô combien remplie. "J'ai été agent touristique. J'ai adoré ça. Avant de devenir conducteur de bus et de tramway en arrivant à Nantes. J'ai tous les permis. De la moto jusqu'au poids lourd. Bien évidemment, ils ne sont plus validés aujourd'hui. Si vous me remettez sur le réseau, il y aura forcément des dégâts." Ronan Pallier a de l'humour. Beaucoup. Et pas de regrets. Aucun. "Cela ne servirait à rien. J'ai eu différentes activités avant ma maladie. Puis elle est arrivée subitement. Un matin au réveil. Rétinite pigmentaire. Il faut faire avec."

Le para athlète Ronan Pallier en 2019 aux Mondiaux à Dubaï. Le Réunionnais prend la quatrième place au saut en longueur.

Bien plus fort que la maladie

Le champion paralympique n'a aucune rancœur. La maladie a chamboulé sa vie. C'est une évidence. Mais elle l'a également transporté dans une autre dimension. "La maladie m'a permis de rencontrer des gens, des entreprises. D'être médiatisé. De vivre de mon sport. C'est grâce à elle, tout ça. Si je ne l'avais pas eue, je ne serais pas là." Même la personnalité de Ronan Pallier a changé. "Avant, j'étais quelqu'un de plutôt réservé. Je n'allais pas forcément vers les autres. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Quelque part, la maladie m'a rendu plus fort. Mon ouïe est bien plus développée désormais. C'est très agréable d'entendre des bruits que les autres n'entendent pas. Au final, on joue sur d'autres pouvoirs que le corps nous donne. Il faut en profiter." 

Le para athlète réunionnais Ronan Pallier tout sourire pour La1ère.

Impossible de quitter Ronan sans lui demander si son futur rimera avec Réunion. "Ça fait des années que je vis en Métropole. Or je n'ai jamais aimé le froid. Je fais tout pour aller vers la chaleur. Je pourrais envisager d'alterner 6 mois à La Réunion et 6 mois, ici à Nantes." Pour le moment, le para athlète a la tête aux Jeux. Ne pense qu'à ça. Ne rêve qu'à ça. Son avenir professionnel se décidera à la fin de l'année. Une seule chose est sûre : Ronan Pallier aura besoin de se ressourcer après Paris 2024. "J'ai beaucoup de projets dans la tête. Je ne sais pas encore ce que je ferai mais il y a de grandes chances pour que je retourne à La Réunion, un bon moment…"