"Je soutiens les langues régionales et leur apprentissage", a déclaré le ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, le 17 octobre dernier, devant la Commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale. Le ministre, notant que cette position "n’a pas toujours été portée par son ministère", a notamment cité l'exemple de La Réunion, où "vous avez 85 % des élèves qui parlent créole à la maison" et où des expérimentations ont montré que les élèves de maternelle scolarisés en classe bilingue réussissaient mieux en français que les autres.
Frédéric Maillot (GDR), député de La Réunion, demande au ministre "d'aller jusqu'au bout de ses convictions". L'élu a déposé une proposition de loi sur le sujet mardi 24 octobre. Plus de deux ans après la généralisation de l'enseignement des langues régionales comme matière facultative, ce nouveau texte entend les intégrer aux troncs communs des programmes scolaires.
La proposition de loi, si elle ne porte pas spécifiquement sur le créole, est défendue par plusieurs élus ultramarins, représentants de La Réunion, de la Guyane, de la Martinique et de Polynésie. "Le constat est clair nos langues régionales dépérissent, déclinent, alertent les députés, c’est indéniable, mais ce n’est pas une fatalité."
Favoriser la réussite des élèves
L'objectif du texte est double : préserver les langues et les cultures régionales, mais également faciliter l'apprentissage du français, et plus largement la réussite scolaire, des élèves qui pratiquent une langue régionale à la maison. Les députés voient dans la généralisation de l'enseignement des langues régionales un levier pour lutter contre l'illettrisme, un fléau qui touche tout particulièrement les Outre-mer.
On voit que dans les classes créole-français, les élèves parlent mieux le français que dans les classes 100% français. C’est un exemple tout à fait parlant du rôle des langues régionales comme pont vers la langue française, notamment dans nos territoires ultramarins.
Gabriel Attal, ministre de l'Education nationale.
"La langue créole, pour nous, c’est le ciment de notre identité. Accepter notre langue, c’est nous reconnaitre et ne plus nous considérer comme une option. La langue créole est parlée par 10 millions de personnes dans le monde", rapelle Frédéric Maillot.
Créole, corse, basque, tahitien, alsacien... Des millions de Français pratiquent une langue régionale. Il en existe une vingtaine dans l'Hexagone et une cinquantaine dans les territoires d'Outre-mer.