[patrimoine] : les pitons, cirques et remparts de La Réunion

Vue du Cirque de Cilaos
Les pitons, cirques et remparts de La Réunion ne font pas seulement partie du patrimoine national. Ils sont également inscrits sur la prestigieuse liste des sites naturels du Patrimoine mondial de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco). Explications. 
Cela fait maintenant dix ans, depuis août 2010, que l’Unesco a inscrit les pitons, cirques et remparts de La Réunion sur sa liste des sites naturels du Patrimoine mondial. Couvrant une superficie de 100.000 hectares, soit 40% de la surface de La Réunion, ces biens sont situés au beau milieu du Parc national de la Réunion et dominés par deux massifs volcaniques, le Piton des Neiges, qui est assoupi, et le Piton de la Fournaise qui demeure encore actif. Autres merveilles du paysage, les remparts, murailles rocheuses escarpées et trois cirques (Cilaos, Salazie et Mafate) bordées de falaises impressionnantes. Dans son rapport sur l’inscription des sites, le Comité du Patrimoine mondial relèvait également la présence de gorges, de bassins boisés et d’escarpements « avec des forêts ombrophiles (forêts des régions très pluvieuses, dans les zones équatoriale et tropicale humides, ndlr), des forêts de brouillard et des landes, le tout formant une mosaïque d’écosystèmes et de caractéristiques paysagères remarquables et très esthétiques ».
 
 
Outre leur beauté naturelle, la biodiversité des pitons, cirques et remparts a emporté l’adhésion de l’Unesco, considérant le bien comme un « centre mondial de diversité des plantes avec un degré d’endémisme élevé ». Elément qui était souligné dans le volumineux dossier de candidature de La Réunion à l’époque, qui rappelait l’existence d’habitats naturels multiples et variés, et la succession exceptionnelle de ces milieux liés à un étagement climatique. Exemples : la végétation littorale à pandanus, la forêt de bois de couleurs des Bas et des Hauts, et la végétation de montagne de la région tempérée. De même, on trouve dans les remparts des vallées encaissées qui remontent le long des pentes du volcan, ainsi que ceux des cirques, les derniers exemples de la végétation semi sèche (dans la partie occidentale de l’île, les cirques de Mafate et Cilaos).
 
Exemple d'espèces végétales de la forêt de Bois de Couleur des Bas
 
« La présence de remparts difficiles d’accès a contribué fortement à la conservation de la flore et de la faune indigène à La Réunion. Il n’est qu’à faire la comparaison entre les trois îles des Mascareignes, pour s’en rendre compte : la végétation primaire ne représente plus que 1% de la surface de Rodrigues, 5% de celle de Maurice contre 30% à La Réunion », notait le dossier de candidature.
  
Vue du Cirque de Salazie

Dans l’île, les deux grandes façades climatiques ont permis la création naturelle de nombreuses niches écologiques, la multiplication des habitats et d’espèces nouvelles. Selon les scientifiques, le taux d’endémisme spécifique est de 55% à 65% à La Réunion. Outre la « biogéographie » exceptionnelle du territoire, ce dernier se caractérise aussi par l’originalité de sa biodiversité végétale. On y trouve ainsi chez les orchidées des taux d’espèces autogames parmi les plus élevés de la planète. Il existe également de nombreuses autres spécificités comme une grande diversité d’interaction plantes-pollinisateurs, originale dans un contexte insulaire et dû à la grande diversité des habitats, engendrée par le relief accidenté de l’île. Saviez-vous par exemple que de nombreuses espèces ont recours aux lézards pour se reproduire comme c’est le cas du Bois de Piment (Geniostoma bornonica) ou du Bois de Pomme (Syzigium cymosum) ?
 
La biodiversité végétale de La Réunion est particulièrement riche (ici le Trou de fer du Cirque de Salazie)

Témoignant de leur « valeur universelle exceptionnelle », l'Unesco soulignait cependant que l’intégrité des pitons, cirques et remparts est particulièrement menacée par les espèces exotiques envahissantes qui constituent un défi « pour les valeurs du bien en matière de biodiversité », et que le bien a déjà perdu de nombreuses espèces indigènes. L’organisation mettait aussi en garde contre « les activités économiques anthropiques telles que l’agriculture, la sylviculture, la production d’énergie et le tourisme ». Sur ce dernier point, l’organisation précisait : « Il y a un équilibre délicat à trouver entre les effets économiques et pédagogiques positifs et les effets destructeurs d’un nombre excessif de touristes et d’activités inappropriées, de sorte que les stratégies pour le tourisme devront nettement donner la priorité à la protection des valeurs du bien, sans négliger les objectifs économiques. »

Pour aller plus loin
♦ Le site du Parc national de La Réunion
♦ Le guide des Journées européennes du patrimoine à La Réunion (samedi 19 et dimanche 20 septembre)

DOCUMENTAIRE à voir ici : Des volcans et des îles : La Réunion, le volcan rouge
Le Piton de la Fournaise occupe plus du quart de la surface de leur île et suscite chez les Réunionnais un mélange subtil, mais permanent, de crainte et de fascination. Si son grand frère, le Piton des Neiges, s’est éteint il y a 12.000 ans, le « jeune » piton, lui, est bien en activité.
 
L'éruption du Piton de la Fournaise en avril 2020