Joan-Benjamin Gaba n’était pas vraiment attendu pour ces Jeux Olympiques de Paris. Teddy Riner confiait même samedi soir sur le plateau de Quels jeux sur France 2 qu’il avait dû "mettre son grain de sel" afin que le judoka soit sélectionné. Une intervention qu’il "ne regrette pas".
Médaillé d'argent inattendu lundi en individuel en -73 kg, puis vainqueur brillant du nouveau champion olympique japonais des -66 kg, Hifumi Abe, samedi en finale par équipes, le judoka martiniquais par sa mère a clairement changé de statut en une semaine, à seulement 23 ans.
Sa victoire, alors que la France était menée 3-1 par le Japon a renversé la vapeur et permis aux Bleus de revenir dans le match. "J'ai pensé à la gagne pendant le match, il n'y avait que ça dans ma tête", estimait ce samedi Joan-Benjamin Gaba sur franceinfo, après l'or de l'équipe de France mixte de judo.
Grâce notamment à deux victoires de Teddy Riner contre Tatsuru Saito, la France a dominé le Japon 4 à 3, samedi, en finale de la compétition par équipes mixtes des Jeux de Paris.
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"J'aime ce petit, il a ce côté guerrier et combattant", a dit Teddy Riner, médaille d'or autour du coup, au sujet de Joan-Benjamin Gaba, son cadet de douze ans. "Il se bat avec ses armes, et il va très loin. S'il continue à bosser comme ça, vous verrez, il va l'avoir sa médaille d'or olympique."
"En transe pendant son combat"
Joan-Benjamin Gaba, ovationné par le public de l'Arena Champ-de-Mars lors de la victoire de la France en finale du judo par équipe samedi, "était en transe pendant son combat", a assuré son coach, Baptiste Leroy. "Je le coachais, il ne m'entendait plus. Il ne me regardait pas, il ne faisait pas du tout ce que je lui disais. Il n'était que dans son match". "En fait, il était sur une autre planète, et il sort son mouvement de nulle part pour amener l'équipe de France à égalité", s'est enthousiasmé le coach.
Gaba, dont le nom a été scandé par la foule pendant la cérémonie du podium, n'en revenait toujours pas: "Je pense que je ne réalise pas encore. Moi je suis passé à côté de l'or aux individuels. J'ai eu l'argent, même si c'était une très belle médaille. Mais là, quand je suis arrivé sur la finale, sur mon combat, je me suis dit impossible que je perde deux finales de suite."
Son caractère sur le tapis, Gaba l'attribue aussi à son histoire sportive: "J'ai toujours été un combattant, dit-il, j'ai un parcours atypique, cadet, junior, je n'étais plus parmi les meilleurs. Et au fur et à mesure, j'ai rattrapé des gens qui étaient beaucoup plus forts que moi à force de travail. C'est comme ça que ça marche, la performance, c'est travail, travail."
Acclamé sur le même podium que Teddy Riner samedi, Gaba s'est rappelé avoir regardé les Jeux olympiques de Londres-2012, enfant: "Vraiment j'ai eu envie. Je me suis dit, je veux être là, je veux faire la même chose qu'eux. J'ai vu Teddy (médaillé d'or à Londres, NDLR), je voulais faire la même chose".
"Benjamin Gaba, je n'crois pas qu'vous connaissez, un kata de malade…"
Après le titre conquis sur le Champ de Mars, face à la Tour Eiffel, Teddy Riner et toute l'équipe de France championne olympique de judo ont traversé Paris du Sud au Nord pour être fêtés samedi par des milliers de personnes au Club France en liesse. Vers 22h30, trois heures trente au Parc de la Villette, où le Club France a pris ses quartiers, sur la scène extérieure, tout le répertoire y est passé: "Allez les Bleus!" ; "Merci les Bleus!" ; "Qui ne saute pas n'est pas Français!", sans oublier la Marseillaise.
Bien sûr les "Teddy! Teddy!" ont dominé, comme les "Clarisse! Clarisse", pour Agbégnénou, l'autre tête d'affiche des Bleus, en bronze en -63 kg. Mais Joan-Benjamin Gaba a aussi émergé par une chanson cette fois lancée par les Bleus eux-mêmes, sur l'air de celle créée pour Benjamin Pavard, champion du monde 2018 en foot.
En version judo, ça donne: "Benjamin Gaba, je n'crois pas qu'vous connaissez, un kata de malade, on a Benjamin Gaba!" Un remix créé à l'improviste par Guillaume Fort et Baptiste Leroy, deux des entraîneurs des Bleus.
Joan-Benjamin Gaba, qui n'avait jusqu'ici qu'une médaille de bronze européenne pour toute récompense individuelle internationale, a réussi à 23 ans le meilleur tournoi de sa jeune carrière et probablement le plus festif !