Sur la route d'un troisième titre olympique inédit chez les lourds cet été, le Guadeloupéen Teddy Riner a l'occasion dimanche 4 février de faire le plein de confiance en remportant une huitième victoire record au Grand Chelem de Paris. Dans six mois, le 2 août, Riner pourrait ajouter un troisième sacre en individuel à un palmarès déjà hors normes.
Dimanche, il lance son année devant ses milliers de fans de l'Arena de Bercy, où il part logiquement favori. Après avoir égalé Lucie Décosse en 2023 avec un septième titre, le triple champion olympique (2012 et 2016 chez les +100 kg, 2021 par équipes) Riner peut dépasser Décosse et Clarisse Agbegnenou (-63 kg), qui vient de gagner un septième sacre samedi. Certes, cet été l'arène ne sera pas la même, mais une victoire dans l'est parisien pourrait présager un bis repetita sur le Champ de Mars, face à la tour Eiffel. La voie semble dégagée pour cela, sans ses principaux potentiels adversaires aux Jeux, comme le Japonais Tatsuru Saito ou le Russe Inal Tasoev, avec qui il a partagé la médaille d'or aux Mondiaux-2023.
Se ressourcer au Brésil
Plongé dans sa préparation spécifique, qu'il concocte avec son entraîneur Franck Chambily, Teddy Riner n'avait pas forcément coché ce tournoi maison. Quand le reste de l'équipe de France était à La Réunion début janvier, Riner était en stage au Brésil, où "les rayons du soleil de Rio" et "les percussions des tambours" lui offraient, disait-il sur Instagram, "une toile parfaite qui préserve l'intensité de l'entraînement". Il envisageait Bakou (16-18 février) pour faire sa rentrée. Mais alors que l'équipe de France avait déjà annoncé ses représentants pour Paris, Riner s'est présenté tardivement.
Le mastodonte français se fait rare. Il n'a plus combattu en individuel depuis les Championnats du monde en mai dernier à Doha, où il avait conquis un onzième titre record. Depuis son bronze olympique en 2021, Riner n'a pris part qu'à trois compétitions individuelles, qu'il a toutes remportées : le Grand Slam de Budapest 2022, celui de Paris en 2023 puis les Mondiaux. Attendu à Abu Dhabi fin octobre, il avait déclaré forfait en raison d'une lésion à un genou insuffisamment cicatrisée. Il avait ensuite retrouvé les tatamis avec ses coéquipiers du PSG pour la Ligue des champions par équipes début décembre. À Zagreb, il avait signé trois victoires en autant de combats.
"Propre fonctionnement"
Son statut de légende encore en activité fait de lui un athlète à part. Avec une préparation qui va avec, observe Baptiste Leroy, entraîneur de l'équipe de France masculine. Le programme fixé par le coach des Bleus pour 2024 est d'enchaîner entre "quatre à six compétitions" d'ici les Jeux, pour engranger de la confiance et des points au ranking olympique. Le but est d'arriver dans les huit premiers, avoir le statut de tête de série et ainsi s'offrir un meilleur tirage au sort aux JO.
Mais "Teddy a son propre fonctionnement, il se connaît par coeur, et s'il n'est pas tête de série ce n'est pas très grave", assure Baptiste Leroy. "Ce sera lui que les étrangers ne voudront pas prendre. Il a une telle marge qu'il peut se le permettre". "En deux ou trois compétitions, il peut revenir à son meilleur niveau", poursuit-il. "Les autres n'ont pas cette marge donc il faut faire plus de compétitions".
"Chacun sa stratégie", appuie Leroy, conscient de la quête hors norme de Riner: le Français vise un troisième titre olympique en individuel, un exploit jusque-là seulement réalisé en poids légers par le Japonais Tadahiro Nomura (1996, 2000 et 2004).