À 33 ans, Teddy Riner n'a plus foulé les tatamis internationaux depuis les JO de Tokyo l'été dernier, d'où il était reparti avec une médaille de bronze en individuel et un titre par équipes. Depuis, il n'a participé qu'aux Championnats de France par équipes avec son club du PSG en novembre 2021 à Perpignan, puis à Villebon-sur-Yvette en mai. "L'objectif, c'est de se jauger", explique Riner à l'AFP depuis Marrakech où il peaufine sa préparation, avant de s'envoler pour la Hongrie. "C'est de savoir où je me situe sur mon judo et où je me situe sur la scène internationale."
Objectif Paris 2024
Dans la perspective de Paris 2024, où il tentera de décrocher un troisième titre olympique individuel, le tournoi de Budapest constitue pour le Guadeloupéen un point de passage qu'il dit aborder "franchement sereinement". "On est à deux ans des Jeux. Le principal pour moi, c'est de préparer ces Jeux olympiques et d'arriver avec toutes les cartes en mains pour les abattre au bon moment", déclare-t-il. "Donc quand je monte sur un Grand Chelem (la catégorie de tournois la plus prestigieuse du circuit mondial, NDLR), c'est pour aller me situer par rapport à l'adversité", poursuit le décuple champion du monde. "Gagner si la possibilité est là et bien sûr prendre le maximum d'informations pour progresser et pour pouvoir continuer dans cette optique de gagner les Jeux."
Le Grand Slam de la capitale hongroise doit aussi lui permettre de prendre des points pour grimper au classement mondial et espérer un statut de tête de série aux JO-2024. "Ce n'est pas parce que je suis déjà qualifié pour les Jeux que je n'ai pas envie d'être bien dans le tableau", affirme celui qui est actuellement classé au 17e rang mondial de sa catégorie, les plus de 100 kg. Au cours de sa préparation, le natif de Pointe-à-Pitre est allé en stage à l'étranger, en Espagne il y a quelques jours, en Mongolie en mai ou encore au Brésil en mars. Objectif de ces voyages : se confronter à une adversité qui lui manque en France. "Je n'ai pas d'autre choix que d'aller chercher la concurrence là où elle est", dit-il.
"L'usure" des années
A Rio, il avait ajouté à son programme un stage de jiu-jitsu brésilien pour un travail axé sur le "ne waza", le combat au sol. "Quand je fais ça, je gagne du temps dans ma préparation. Dans le jiu-jitsu brésilien, ils ont énormément de techniques qui font qu'on peut être bien meilleur dans le judo". Avant d'aborder le rendez-vous de Budapest, il se dit en forme physiquement malgré "l'usure" des années. Il a en tout cas échappé au Covid-19 qui a touché l'équipe de France féminine lors d'un stage la semaine dernière à Alicante et qui prive les Bleues du déplacement en Hongrie.
Après la compétition, "on fera le point pour savoir où je me situe, ce qu'on fait et quel chemin on prend", poursuit-il. "Je suis impatient, j'ai envie de savoir", dit-il. "C'est important de savoir si ce qu'on a bossé fonctionne bien et si on continue à bosser en ce sens. Comme ça, on est vite fixés". En attendant 2024, Teddy Riner prendra part aux Championnats du monde, en octobre en Ouzbékistan, une première depuis les Mondiaux de 2017. Cette année-là, il était allé chercher à Marrakech le dixième titre planétaire de sa carrière, un record.