Droits de douane réduits, taux de change préférentiels, billets d'avion à tarif réduit : 25 agents ou ex-agents de l'aéroport international de Tahiti-Faa'a, en Polynésie française, comparaissent depuis lundi matin devant le tribunal correctionnel de Papeete pour de petits arrangements suspects
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Parmi les prévenus : 13 fonctionnaires de la douane, d'ex-agents de change d'une banque locale, des personnels navigants commerciaux de la compagnie Air Tahiti Nui ou encore un garagiste et son fils. Ils sont suspectés, à des degrés divers, de s'être rendu de menus services durant plusieurs années grâce aux fonctions qu'ils occupaient.
L'affaire avait débuté par l'arrestation, en 2011, du garagiste. Celui-ci, parrain de la fille d'un chef de brigade de la douane en poste à l'aéroport, importait des pièces détachées de véhicules dans lesquelles il dissimulait de la méthamphétamine. Faits pour lesquels il a été condamné à 7 ans de détention en 2014. Les fonctionnaires mis en cause ignoraient tout de ce trafic de stupéfiants. Durant des années, ils auraient néanmoins appliqué, au bénéfice du garagiste, de très faibles droits de douane. En contrepartie, ils auraient profité de réparations à moindre frais.
Des agents de change avaient instauré une sorte de caisse noire
L'enquête a également mis au jour d'autres curieuses pratiques. Des agents de change, basés à l'aéroport, avaient instauré une sorte de caisse noire permettant de faire profiter à leur entourage de taux préférentiels. Eux aussi ont été depuis condamnés, mais plusieurs agents de l'aéroport auraient bénéficié de leurs services, ce qui leur vaut aujourd'hui d'être renvoyés devant le tribunal correctionnel.
Enfin, des hôtesses et stewards de la compagnie aérienne locale sont quant à eux soupçonnés d'avoir rédigé de faux certificats de concubinage pour faire profiter plusieurs des prévenus de billets d'avion "GP" (gratuité partielle), à tarif réduit.
Si les faits étaient avérés ils seraient d'une "extrême gravité"
La Polynésie française, Air Tahiti Nui et l'agent judiciaire de l'Etat représentant le service des douanes se sont portés partie civile. Le directeur adjoint du service des douanes dans cette collectivité du Pacifique, Bruno Hamon, a indiqué à l'AFP que si les faits étaient avérés, ils seraient d'une "extrême gravité". "Ce que je peux dire aux Polynésiens et aux voyageurs qui ont confiance dans leur douane, c'est que si quelques-uns ont pu fauter, et je parle encore au conditionnel, ce n'est pas le cas de la majorité des douaniers. Heureusement", a-t-il ajouté.
Le procès s'achèvera vendredi. Le délibéré ne devrait pas être rendu avant plusieurs semaines.