Avec une menace sanitaire encore trop présente, les sports de combat ne sont pas prioritaires. La reprise se révèle impensable pour le moment. Le karaté demeure un sport de contact. Le kiaï avec les risques de postillon, franchement, ça peut faire peur. Maintenant, comme toute la saison 2020 devrait être annulée, une reprise retardée n’est pas non plus hyper gênante.
Reste juste à garder la forme. Cinquante-cinq jours sans pouvoir mettre le nez dehors ou presque, voilà qui peut faire des dégâts. Confinée avec son compagnon en région parisienne, Anne-Laure Florentin avoue s’en être plutôt bien sortie.
La Martiniquaise dispose de matériels de musculation à domicile. Sa condition physique est plutôt bonne. Même après deux mois sans karaté : "Je ne me suis pas pesée mais je pense que ça va. J’ai essayé de faire attention à mon alimentation. J’ai aussi beaucoup travaillé avec mon préparateur mental. Ça aide. Maintenant, je ne suis pas une machine et aujourd’hui par exemple, je me lance dans la confection d’un gâteau renversé à l’ananas. C’est le gâteau typique des Antilles. Ma marraine me le fait souvent. Disons que je me lâche un peu. Mais juste aujourd’hui !"
Un agenda 2020 finalement plus médical qu’olympique
Il faut dire que plus rien ne presse. Les Jeux Olympiques de Tokyo ont été reportés à l’été 2021. Les prochains Mondiaux de karaté prévus à Dubaï en novembre devraient logiquement être annulés. Soit un programme très light pour les karatékas privés de kiaï. Un drame évident pour certains. Une chance finalement pour Anne-Laure Florentin, triple championne d’Europe. À 28 ans, elle va pouvoir en profiter pour soigner son genou : "C’est vrai que ça tombe plutôt bien. Je vais me faire opérer. C’est une blessure liée à l’usure. La douleur est devenue quasi-permanente. L’intervention va demander ensuite quatre à six mois de convalescence. Mais si je suis sérieuse dans ma réathlétisation, je peux être en super forme aux JO de Tokyo en 2021 et avec un genou tout neuf."Participer à l’aventure olympique de 2021. Objectif majeur. Surtout pour les karatékas. Car Tokyo marquera l’introduction du karaté parmi les épreuves olympiques. L’apparition... et déjà ses adieux ! "C’est affligeant," reconnaît la Martiniquaise.
Je crois que pour les karatékas, Paris 2024 sera encore pire que le confinement. Il n’y aura pas de karaté au programme des Jeux Olympiques en France, vous vous rendez compte ? Et je pense que c’est définitif. À croire que tous ces champions du monde made in France n’ont servi à rien. C’est dommage pour nos jeunes et pour l’évolution de la pratique du karaté compétition. Nous allons de nouveau disparaître du paysage olympique.
Championne aujourd’hui. Manager demain.
Anne-Laure Florentin a débuté le karaté à l’âge de quatre ans. Aucun regret. Uniquement de grandes joies. De belles rencontres. Des voyages extraordinaires. Mais la Martiniquaise prépare aussi la suite. Encore un "jour d’après". Déjà détentrice d’un Master en management du sport, elle en prépare un second au sein de GEM (Grenoble Ecole Management). Les points communs entre le karaté et le management ? Innombrables. "Dans ma pratique sportive, j’ai constitué une véritable petite équipe : entraîneur, kiné, préparateur mental… Pour atteindre mes objectifs, j’ai appris à travailler de manière collaborative. En intégrant GEM, j’ai acquis d’autres connaissances qui devraient me permettre d’avoir une formation à la fois théorique et pratique très complète. Je ne crains pas le jour d’après. Il viendra naturellement car en ce qui concerne le karaté, j’arrive à un terme."Karatéka star du présent. Manager expérimenté du futur. Anne-Laure Florentin semble bien maîtriser sa feuille de route. Et s’il lui reste un peu de temps libre, elle pourrait même prendre la tête du fan-club français de la série télé américaine Friends : "Je suis incollable. La fautive s’appelle Eva Deranlot, une nageuse avec qui j’étais en colocation au CREPS de Talence. Elle avait l’intégralité de la série en DVD. J’ai eu le malheur de regarder un épisode pour me faire une idée…"
Voilà comment la Martiniquaise a été saisie par la Friendsmania : Monica, Phoebe (sa préférée), Ross, Joey (son chouchou), Chandler… Ils n’ont plus aucun secret pour elle. Et ça va très loin : "J’en suis venue à faire des quizz sur la série. Tout comme mon entraîneur Adrien Gautier de l’AS Evry Karaté. Mais désolée, je suis imbattable. Friends, c’est ma deuxième famille."
10 saisons. 236 épisodes. Anne-Laure les regarde en boucle. Encore et encore. Avec toujours le même plaisir. Durant les longues soirées de confinement, la Martiniquaise émettait d’ailleurs certainement un kiaï de joie lorsque retentissait le générique d’un épisode vu pour la mille deux cent trente-sixième fois. Friends un jour ? Friends toujours !