"L'opportunité de réintégrer les soignants suspendus pour non-vaccination (contre le Covid-19) ayant été évoquée lors des débats à l'Assemblée nationale", l'Académie de médecine a tenu à faire une mise au point, par communiqué.
"Tout refus de se faire vacciner motivé par des convictions personnelles est respectable, mais incompatible avec le métier de soignant", plaide-t-elle d'abord.
Elle souligne aussi que "la baisse d'efficacité des vaccins pour prévenir l'infection et la contagion par les nouveaux variants du SARS-CoV-2 ne saurait justifier la réintégration des non vaccinés : les vaccins actuels conservent une efficacité résiduelle contre la transmission, qui doit être complétée par le respect strict des gestes barrières en milieux de soin".
"Aucun des arguments ressassés (absence d'efficacité, effets indésirables, manque de recul...) ne permet de valider scientifiquement le refus de se faire vacciner, les véritables contre-indications médicales à la vaccination étant très rares", poursuit l'Académie de médecine.
Enfin, "la vaccination restant très efficace vis-à-vis des différents variants et sous-variants pour protéger contre les formes sévères de Covid-19, elle permet de rendre exceptionnelle la reconnaissance de Covid-19 grave en maladie professionnelle chez les soignants vaccinés", note-t-elle.
Autre argument avancé par l'Académie de médecine : "La réintégration de professionnels de la santé non vaccinés au sein de l'équipe soignante compromettrait le climat de confiance et la cohésion qui doivent exister entre ses membres et avec les malades". En outre, "elle mettrait en péril les malades fragiles", ajoute-t-elle.
Par ailleurs, "ne concernant qu'un nombre très limité de soignants, elle ne résoudrait pas les difficultés actuelles de fonctionnement de l'hôpital". Le ministre de la Santé a rappelé qu'environ "12 000 professionnels de santé" sont concernés, soit 0,4% de l'ensemble des professionnels de santé.
En Guadeloupe, environ 1 150 personnes ont été suspendues en mai, sur les 17 500 professionnels de santé, selon un bilan des autorités locales. Parmi elles, 54 ont exprimé le choix d'une rupture conventionnelle.
Le gouvernement semble pourtant avoir légèrement évolué à la faveur du débat sur son projet de loi dit de veille et de sécurité sanitaire.
Après avoir affirmé à l'Assemblée nationale que le sujet n'était toujours "pas d'actualité", le ministre de la Santé François Braun a annoncé la semaine dernière au Sénat la saisine de plusieurs instances sur ce "sujet épineux".
"La Haute Autorité de santé et le Conseil scientifique nous rendrons leur avis dans les prochains jours", avait-il déclaré dimanche, assurant vouloir continuer de "gérer cette crise en se basant sur les recommandations des scientifiques".