L'ancien évêque de Guyane Emmanuel Lafont sanctionné par le Vatican

Emmanuel Lafont, Évêque de Guyane de juin 2004 à octobre 2020
L'ancien évêque de Guyane Emmanuel Lafont a été sanctionné, fin octobre, par le Vatican : il ne doit plus exercer d'activité ni porter ses insignes d'évêque et est assigné à résidence dans l'Hexagone, a déclaré lundi l'épiscopat.

Emmanuel Lafont, évêque de Guyane de 2004 à 2020, "a interdiction d'exercer toute activité pastorale, de porter les insignes d'évêque, d'entrer en contact avec ses connaissances en Guyane ainsi qu'avec de jeunes migrants", a confirmé la Conférence des évêques de France (CEF) à l'AFP. Il est en outre "assigné à résidence dans un monastère en métropole".

Cette sanction a été prononcée par les services du Vatican en octobre 2022, selon le journal La Croix. La CEF a indiqué à l'AFP que l'enquête canonique, ouverte en avril 2021, l'avait été "en raison de rumeurs et d'accusations portées à son égard évoquant des attitudes inappropriées envers des adultes", sans plus de précisions. Contacté par l'AFP, le Vatican n'a pas souhaité réagir. La CEF a également confirmé lundi à l'AFP qu'une enquête au civil avait été ouverte à l'encontre de l'homme d'Église.

Deux enquêtes judiciaires 

Le procureur de Cayenne, Yves Le Clair, a par ailleurs confirmé à l'AFP qu'une enquête préliminaire visant l'ancien évêque était en cours pour "traite d'être humain aggravée", "aide au séjour irrégulier" et "abus de confiance aggravé" sur un jeune migrant d'origine haïtienne.

Il est reproché à Emmanuel Lafont de l'avoir hébergé à l'évêché en échange de faveurs sexuelles, selon le magistrat, qui a toutefois précisé qu'il restait "encore des investigations à mener". Selon les informations de Guyane la 1ère, il y aura eu des relations intimes, ainsi que des cadeaux, ce qui pousse le jeune homme à porter plainte pour abus de faiblesse.

Citant des informations parues sur le site de l'hebdomadaire Marianne, La Croix a fait état, d'une deuxième plainte déposée contre l'ecclésiastique "pour harcèlement moral, déposée par une ancienne salariée du diocèse". Licenciée en 2008, l'ex-salariée évoque une comptabilité non conforme -qu'on lui avait demandé de valider sous la pression- une confusion entre le compte de l’évêque et celui de l’évêché et une liaison présumée entre le prélat et un jeune hébergé sur place. Une juge d’instruction ordonne une commission rogatoire et demande à la police d’enquêter, mais rien n’est fait.

→ À lire aussi : Affaire Lafont : l'archevêque de Fort-de-France en Guyane dans le cadre de l'enquête lancée par le Vatican.

En novembre, lors de l'assemblée plénière de la CEF, son président Eric de Moulins-Beaufort avait dénombré huit évêques émérites ayant affaire ou ayant eu affaire à la justice. Il n'avait pas cité nommément Emmanuel Lafont mais avait souligné que certains cas étaient "connus" de la presse. L'ouverture de l'enquête canonique à l'encontre de Mgr Lafont avait été rendue publique en avril 2021.