L'athlète antillaise Cynthia Anaïs nourrit trois passions : le sport, l'art et l'amour

Portrait de l'athlète antillaise Cynthia Anaïs.
Athlète discrète, Cynthia Anaïs fait pourtant partie des meilleures tricolores sur le 800 mètres. L'Antillaise s'entraîne en Martinique depuis 2015. Un agenda chargé car Cynthia a aussi besoin de consacrer du temps à sa peinture. Tout cela sous le regard protecteur d'André, son entraîneur et mari.

Cynthia Anaïs a beaucoup bougé. Enfance à Paris. Adolescence en Martinique. Études supérieures aux États-Unis, puis au Canada. Une vie en mouvement. Agrémentée de belles rencontres. Comme en 2011 lorsqu'elle croise la route de l'athlète jamaïcain André Thomas. Cinq ans plus tard, il devient son entraîneur. Mini-révolution pour l'Antillaise. "En France, le sport est considéré comme une simple activité. Alors qu'en Jamaïque, ça peut changer la vie. L'approche d'André me permet d'être plus humble."

André Thomas dépasse très vite le rôle d'entraîneur de Cynthia. Il est aujourd'hui son mari. Une double casquette. Voire bien plus que ça. "Je dis souvent que mon mari est mon tout-en-un. Un super manager qui supervise mon entraînement, la préparation mentale et ma nutrition. Il sait aussi être très cash. Dans tout ce qu'il me dit. Ça va ainsi plus vite. André m'apprend à toujours donner le maximum."

L'athlète antillaise Cynthia Anaïs pose devant l'une de ses œuvres.

 

Le sport, l'art, la nature

Cynthia Anaïs a trois amours : son mari, l'athlétisme et l'art. Pour cette dernière passion, sa mère a une certaine responsabilité. "Déjà toute petite, elle nous emmenait dans les musées parisiens. Ça a dû jouer. J'ai l'impression que je dessine depuis toujours." Anaïs, l'artiste peint aujourd'hui de grandes toiles. Colorées. Stylisées. Sans jamais gêner les activités de Cynthia, l'athlète. "Il y a parfois comme un combat intérieur entre mon sport et mon art. L'athlé demande une grande discipline. Et l'art peut me réveiller à deux heures du matin avec l'envie subite de peindre. Sauf que j'ai besoin des deux. Alors je m'organise pour ne léser personne…"

Cynthia est discrète. Mais pas insensible. Notamment aux problèmes environnementaux. "Tout cela commençait à bouillonner en moi. Je devais réagir." Sur les réseaux sociaux, l'Antillaise interpelle l'internaute. Une photo artistiquement retouchée. Et un slogan. En anglais. Be the change. Soyez le changement. Avant un long message d'alerte, trois jours plus tard. "La situation climatique de la planète est devenue alarmante. Je veux utiliser mes résultats et ma carrière pour amener un changement dans les comportements. Si le message est reçu par une ou deux personnes, ce sera déjà une première victoire."

Campagne promotionnelle de la gendarmerie de Martinique réalisée par la réserviste Cynthia Anaïs.

 

Réserviste à la gendarmerie

Cynthia Anaïs n'est pas du genre à maugréer. Elle pourrait se plaindre du sort souvent réservé aux athlètes un peu trop éloignés des radars fédéraux. Rien de tout cela chez l'Antillaise. À 34 ans, elle préfère avancer. Sourire conquérant. Convainquant. À la fin de l'été 2021, la gendarmerie de Fort-de-France la recrute. Un contrat de réserviste à mi-temps. "Je dois commencer à penser à mon après-carrière. La proposition du Général Vaquette arrivait au bon moment. Voilà un homme très attaché à la jeunesse de son département. Son soutien s'est révélé précieux."

Durant deux mois, l'Antillaise désormais vêtue d'un treillis militaire suit la formation de GAV, Gendarme Adjoint Volontaire. "Les cours avaient lieu de 7 à 17 heures. Je devais me lever à 4 heures du matin si je voulais continuer à m'entraîner. Mais quelle expérience fantastique !" Du win-win puisqu'en retour, son employeur bénéficie des savoirs de Cynthia. "Comme je suis designer-graphiste, j'ai intégré le service communication de la gendarmerie de Martinique. Ils peuvent utiliser mon image pour qui sait, inspirer des jeunes." Et il se murmure désormais que la célèbre réserviste pourrait se présenter au concours de sous-officier à la rentrée prochaine.

L'antillaise Cynthia Anaïs sous le maillot de l'équipe de France en 2018 aux championnats d'Europe à Berlin.

 

Accélérer le tempo

Et l'athlétisme dans tout cela ? La saison estivale vient de commencer. Le week-end prochain (25 et 26 juin 2022), Cynthia Anaïs sera à Caen pour disputer les championnats de France. "Cette année sur le 800 mètres, il y a beaucoup de filles en moins de 2 minutes 02. Je fais partie du Top 4 français. À moi d'aller chercher une place et un chrono." Un chrono qui lui permettrait notamment de réaliser les minimas qualificatifs aux prochains Mondiaux. Pour cela, Cynthia a une botte secrète…

Une préparation optimale. Un mental inébranlable. Et pour rentrer dans sa "zone", cet état de bulle qui isole l'athlète du reste du monde, Cynthia peut compter sur sa… playlist. "Le sport, c'est de la musique. Un rythme. Avant chaque course, j'ai ma "spéciale" Track and Field. De la musique afro, caribéenne, du dancehall, du rap américain… Des musiques qui bougent, me motivent !" La course finie, la musique ne quitte pas Cynthia. Au contraire. "La musique, c'est ma vie." Elle change juste de playlists, de tempos et revient à des artistes qui semblent l'accompagner depuis toujours : Lauryn Hill, E.sy Kennenga, Erykah Badu, Alicia Keys, Bob Marley…

L'athlète antillaise prend la pause devant une fresque de Bob Marley. La musique et Cynthia Anaïs est une histoire d'amour qui dure depuis longtemps...