L'athlète martiniquaise Laëticia Bapté vise un troisième titre national sur 60 mètres haies

Autoportrait de la hurdleuse martiniquaise Laëticia Bapté.
Voilà son objectif à Clermont-Ferrand : un troisième titre d'affilée sur 60 mètres haies. Ce week-end. À l'occasion des championnats de France élite. Alors que Laëticia Bapté n'a que 24 ans. Et que l'agenda de l'athlète martiniquaise affiche une foule de grands rendez-vous jusqu'à l'été 2024.

Il y a encore du temps. Ou pas tant que ça finalement. Les Jeux Olympiques à Paris. 26 juillet 2024. Date de début des festivités sportives. Laëticia Bapté y pense. Déjà. Forcément. Comme tout le monde. "J'y pense, c'est vrai mais sans pression. Tout vient à point. Pour l'instant, je reste dans ma logique." Sur le 100 mètres haies, les minimas olympiques sont à 12 secondes 77. Le record personnel de la Martiniquaise ? 12"80. "Ces minimas sont à ma portée. J'espère d'ailleurs me qualifier le plus tôt possible. Sans pour autant en faire une fixation."

Cyréna Samba-Mayela (au centre) arrive à Clermont-Ferrand, auréolée du titre mondial 2022 en salle sur le 60 mètres haies.

 La reine tricolore de la salle

2021, stadium de Miramas : Laëticia Bapté crée la surprise. Elle devient championne de France du 60 mètres haies. 2022, toujours à Miramas : la Martiniquaise confirme. Nouveau titre. 2023, Clermont-Ferrand : la passe de trois ? "J'espère. Je vais aller chercher cette nouvelle médaille d'or. Les championnats de France en salle me réussissent bien." Laëticia reconnaît pourtant un certain stress lors des grands rendez-vous. Précision : les grands rendez-vous… internationaux. "Au niveau national, c'est différent. J'ai l'habitude de courir avec les filles. J'arrive plus en confiance." 

L'autre athlète en confiance sera sa grande rivale du week-end : Cyréna Samba-Mayela. Cyréna se présente à Clermont-Ferrand, auréolée de sa couronne mondiale 2022 sur 60 mètres haies. Un autre atout non-négligeable : cet hiver, elle a couru plus vite que Laëticia. "Son meilleur chrono est à 7 secondes 90. Le mien : 7"98. Elle a l'avantage à ce niveau-là. Mais personne n'est à l'abri d'une faute. Sur un 60 mètres haies, la moindre erreur se paie cash. Je vais donc à Clermont-Ferrand pour battre Cyréna. Pour gagner."

L'athlète martiniquaise Laëticia Bapté en juillet 2022 lors des championnats du monde à Eugene (Oregon) aux États-Unis.

 2022 chez les grands

L'an passé, Laëticia Bapté a découvert les grands championnats internationaux élite. Tout a commencé en juillet avec des Mondiaux dans un lieu mythique de l'athlétisme américain : Eugene en Oregon. "Dès les séries, j'ai eu pas mal de stress. Je savais que les filles couraient vite. D'entrée, il fallait tout donner." Laëticia sort en demi-finale. Sixième en 12"93. Un résultat à la fois logique et honorable. "J'ai couru plus relâchée en demi. D'où un chrono meilleur qu'en série. Insuffisant malheureusement pour entrer en finale. Ceci étant, l'expérience acquise lors de ces Mondiaux, m'a permis de franchir un cap." 

À peine le temps de souffler. En août, la Martiniquaise décolle pour Munich en Allemagne. Un stade olympique pour des championnats d'Europe. Le rêve. Sauf que Laëticia n'entre en lice qu'en demi-finale. Pour cela, elle doit patienter jusqu'au dernier jour de la compétition. Cruel. "L'attente était assez longue. Trop peut-être. Quand vous débutez par une demi-finale, vous n'avez pas le droit à l'erreur. Et malheureusement, je n'ai pas fait une bonne course." Cinquième de sa course en 13 secondes 16. Élimination. Fin de saison. Retour à la maison. Rendez-vous en 2023.

Une Martiniquaise heureuse en Guadeloupe

Octobre 2022. Lorsque Laëticia Bapté rejoint le groupe d'entraînement de Ketty Cham en Guadeloupe, il manque quelqu'un. Wilhem Belocian vient de faire le pari de se préparer dans l'Hexagone. "Au début, ça m'a fait bizarre. Nous avions tellement l'habitude de nous entraîner ensemble." De quoi peut-être donner des idées à la hurdleuse martiniquaise ? "Pas du tout. Wilhem est parti parce qu'il avait ses raisons. En ce qui me concerne, je me sens très bien en Guadeloupe. C'est mon cocon." 

Heureuse en Guadeloupe. Dans un groupe d'entraînement de haut-niveau. Avec non plus un chef. Mais une cheffe. "Il est vrai que j'ai maintenant le plus gros palmarès de la bande. Je deviens un peu le leader du groupe. Même si cela ne veut pas dire grand-chose. Car l'équipe est très soudée. On s'entraide beaucoup." Et surtout, le vrai patron demeure… la patronne. Ketty Cham, coach très exigeante et très à l'écoute. "J'ai besoin de beaucoup échanger. Pour me rassurer. Et Ketty m'offre aussi cette qualité de dialogue. C'est précieux." Laëticia Bapté ou l'histoire d'une athlète martiniquaise comblée… en Guadeloupe.