Violences à Mayotte : la députée RN Anchya Bamana réclame "l'état d'urgence sécuritaire" et un durcissement de la politique migratoire

La députée Rassemblement national (RN) de Mayotte Anchya Bamana à l'Assemblée nationale, le 15 janvier 2025.
Dans sa question au gouvernement, mercredi 15 janvier, l'élue d'extrême droite s'est émue de plusieurs faits divers commis dans son département et de la dégradation du lycée Bamana à Mamoudzou, à quelques jours de la rentrée scolaire. Le ministre de l'Intérieur a promis plus de moyens technologiques pour lutter contre l'immigration.

Après le chaos, le chaos. C'est en substance ce que martèle la députée Rassemblement national (RN) de Mayotte Anchya Bamana depuis que son département a été balayé par le cyclone Chido il y a un mois. L'élue réclame un durcissement clair et net de la politique migratoire de l'État dans l'archipel où se trouvent nombre de migrants venus des Comores, de Madagascar et d'Afrique de l'Est.

Mercredi 15 janvier, elle a donc profité de la séance de questions au gouvernement pour, une nouvelle fois, interpeller le pouvoir à ce sujet. "Les délinquants règnent en terrain conquis", a-t-elle expliqué, listant les derniers faits divers sordides qui se sont produits sur l'archipel : "Assassinat d'un jeune homme à coups de couteau, viol d'une femme sous le regard impuissant de son mari, vols et pillages quotidiens des maisons en présence de leurs habitants traumatisés"... 

Ces actes, qu'elle attribue aux sans-papiers, s'ajoutent au squat d'établissements scolaires, transformés en centres d'hébergement pour abriter la population des vents dévastateurs de Chido le 14 décembre, et qui, depuis, sont devenus des refuges pour ceux qui ont tout perdu. Parmi ces infrastructures, la députée RN a cité un lycée qui lui tient particulièrement à cœur, car il porte le nom de son père : le lycée Younoussa Bamana, situé à Mamoudzou, nommé après celui qui fut le premier représentant du territoire à l'Assemblée nationale en 1978.

"Ça n'est pas acceptable", dit Retailleau

"À l'heure où je vous parle, [les migrants illégaux] sont en train de piller l'établissement de l'intérieur. Comme le lycée Henri IV à Paris, le lycée Bamana est un immense symbole de notre histoire (...). Quels Parisiens accepteraient que le prestigieux lycée Henri IV soit dégradé ainsi ?", s'est exclamée Anchya Bamana, vivement applaudie par ses collègues du RN. Elle a réclamé l'évacuation de l'établissement pour permettre le retour en classe des élèves, le 27 janvier, et demandé que "l'état d'urgence sécuritaire" soit déclaré à Mayotte.

S'il n'a pas apporté de réponse spécifique sur le cas du lycée de Mamoudzou, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a appuyé les propos de la députée sur les attaques qu'a connu le territoire ces derniers jours. "Les évènements auxquels vous faites allusion, on me les a rapportés", a-t-il confirmé. En ajoutant un à la liste : "Plusieurs centaines d'individus ont attaqué deux maisons [mardi], dont une abandonnée, pour les cambrioler. Mais c'était un guet-apens. Quatre policiers ont été blessés. Nous avons riposté dès ce [mercredi] matin. Nous avons interpellé douze individus", a annoncé le locataire de la place Beauvau.

Le ministre, partisan d'une politique migratoire très stricte, s'est accordé avec Anchya Bamana : "Oui, il faut régler la question de la sécurité". Plusieurs centaines de renforts policiers et de gendarmerie sont dans le département pour lutter contre l'insécurité, a-t-il rappelé. "Simplement, il faudra traiter les causes à la racine. Sur les douze interpellations de ce matin, onze sont des étrangers en situation irrégulière. Ça n'est pas acceptable."

La question du droit du sol

"Il faut reconstruire nos protections qui ont été détruites par le cyclone", a dit Bruno Retailleau. "Nous allons utiliser tous les moyens [pour lutter contre l'arrivée de migrants à Mayotte]. Aéronefs de détection, drones, système satellitaire, et puis un certain nombre d'autres moyens. Nous allons utiliser le rocher de M'tsamboro qui va nous permettre de gagner 45 minutes pour nos intercepteurs et on sera tout près des kwassa kwassa."

Mais le ministre de l'Intérieur a aussi estimé qu'il faudra aller beaucoup plus loin. Dans sa réponse, il a laissé entendre qu'il soutiendra la proposition de loi déposée par le groupe Droite républicaine (sa famille politique) visant à durcir le droit du sol dans le département et qui sera examinée par l'Assemblée nationale le 6 février. "C'est fondamental", a-t-il dit. La députée Anchya Bamana avait indiqué mardi 14 janvier qu'elle et ses collègues proposeraient des amendements à ce texte pour réellement mettre un stop à l'immigration clandestine à Mayotte. Mercredi, dans l'hémicycle, elle a prévenu le gouvernement et ses collègues : "Attention, nous ne sommes pas loin d'une guerre civile".