L'identité créole d'Akoda

Akoda ou la défense du creole jazz
Avec leurs ballades nourries de maloya, de biguine, le trio Akoda réaffirme le creole jazz comme un genre à part entière.

Nout’Souk d’Akoda (album sorti le 25 mars. En concert le 9 avril au Paris Jazz Club AKoda). C’est un trio bordelais composé d’un clavier, d’une basse et d’un set de percussions. A l’écoute de leur dernier album Nout’souk (notre souk en créole réunionnais), on saisit vite que ces trois-là carburent au jazz caribéen. "Au creole jazz très précisément " corrige Valérie Shane-Tef, la chanteuse et compositrice du groupe.

On parle d’eux cette semaine, bien sûr pour la qualité de leur musique mais aussi parce qu’Akoda se pose comme l’un des défenseurs de cette variante du jazz qu’est le creole jazz. Ce qui n’était pas gagné d’avance : si Valerie Shane-Tef est née à la Réunion, ses deux complices sont d’authentiques métropolitains, mais sensibilisés très tôt à cette musicalité; Franck Leymerégie (percussions) en accompagnant le joueur de maloya, Bernard Marka, il y a déjà longtemps, et Benjamin Pellier (basse/chœur) en découvrant, jeune, la rumba congolaise et le calypso.

C’est à force de s’entendre dire que sa musique n’était pas du jazz que Valérie Shane-Tef a décidé de monter au créneau. "Le jazz ce n’est pas que la New-Orléans. Croire ça est un manque de connaissance. Les programmateurs ont peur d’être à côté de la plaque en nous faisant jouer. Pourtant le creole jazz est un style à part entière qui ne date pas d’aujourd’hui." Et de citer Marius Cultier et Alain Jean-Marie, pianistes et pionniers en la matière. "Cette attitude empêche le public de découvrir un nouveau style" rajoute-t-elle. Quand on lui demande une définition, la Réunionnaise répond métissage et culture créole. "C’est une façon de penser et de vivre. On mêle au jazz classique nos rythmes traditionnels, ce qui le chamboule. Et nous conservons cette part d’improvisation qui constitue la signature du jazz. Nous sommes l’album jazz du mois d’avril sur FIP. Mais TSF jazz nous dit qu’Akoda n’est pas du jazz. Notre musique n’est pas toujours comprise. Pourtant, nous créons comme le font tous les jazzmen, avec  un refrain, un thème et un pont. »

Avec de la biguine, du maloya , de la mazurka et du gwo-ka, Nout’souk, le dernier album du trio Akoda (du nom d’un dieu dans la religion yoruba) décline une large palette de couleurs musicales qui font la richesse du jazz creole. Donc du jazz. 

Akoda à retrouver le 29 avril au Baiser salé, le 18 mai au Rocher de Palmer Cénon, 1ère partie de Malavoi, et le 10 juin au Pan Piper avec les Frères Fanfant et Tony Chasseur).