L’Oiseau Blanc ressuscité par un passionné d’aviation

Alain Denis et sa réplique de l'Oiseau Blanc.
La réplique de l’Oiseau Blanc, au 1/8ème, s’apprête à s’envoler pour la première fois. Presque 90 ans après la disparition du biplan, probablement au large de Saint-Pierre et Miquelon, un passionné d’avion l'a recréé, quasiment à l’identique. La1ère l'a rencontré.
Alain Denis est un jeune retraité de 65 ans. Ancien cadre chez Arcelor Mittal, il s’adonne désormais à sa passion, née dès son plus jeune âge : le modélisme. "Mon premier avion, c’était un planeur. Là, il fallait courir après !" Bien des années ont passé depuis les courses après son précieux appareil. Les trois dernières, il les a consacrées à reproduire, à l’échelle 1/8ème, le célèbre Oiseau Blanc de Nungesser et Coli, parti de Paris en 1927 pour rejoindre New York sans escale et devenir le premier avion à traverser l’Atlantique. Il n’atteindra jamais la statue de la Liberté.

L’idée lui est venue en lisant un article dans Ouest-France relatant les recherches de Bernard Decré pour retrouver le biplan au large de Saint-Pierre et Miquelon. "Il est pratiquement terminé ! Il ne reste qu’une soixante de vis, de minuscules vis. Elles sont à l’échelle. Pratiquement tout est à l’échelle." Alain Denis aura passé entre 4 500 et 5 000 heures dans son atelier à étudier des photos, dessiner des plans, fabriquer et monter les pièces de l’appareil. "Mais c’est un avion qui vaut bien ça", confie le féru de modélisme.

L'Oiseau Blanc trône dans l'atelier d'Alain Denis.

Une tête de mort sur chaque côté

Son atelier n’est pas très grand. Juste ce qu’il faut pour bricoler, à l’arrière de sa maison, dans la banlieue nantaise. Sur son établi trône le fameux Oiseau Blanc. La reproduction est impressionnante de réalisme. Alain Denis passe main sur sa maquette : "Regardez, même la suspension du train d’atterrissage est faite exactement à l'identique." Contrairement à l’original, le train d’atterrissage ne sera pas largable. Nungesser et Coli l’avait abandonné après le décollage afin de s’alléger. Ils avaient prévu d’amerrir à leur arrivée.

"Autre différence, je n’utiliserai pas un moteur à explosion, un moteur électrique est propre et démarre au quart de tour." Mis à part ces deux détails, l’avion modèle réduit est une réplique quasi parfaite. "La décoration est exactement la même que sur le vrai, décrit l’ancien électricien. De ce côté-là, il y a la tête de mort. Et de celui-là, la tête de mort aussi et le mot Alambic, parce que s’ils se posaient en urgence, en attendant des secours, ils avaient un appareil qui leur permettait de distiller de l’eau de mer."



Le cockpit à l’identique

Le fuselage, les crochets sur le dessus, le nombre d’aérations sur le capot et même la matière des sièges ou des appuis-tête, en cuir, ainsi que les ceintures, les moindres détails ont été pensés, respectés. Mais le plus impressionnant reste le cockpit, refait à l’identique : "Comme le réel, on peut voir le compas Morel, le feu de dérive, le feu rouge à gauche et le vert à droite. La boussole fonctionne. C'était celle d'un jouet, un petit explorateur. J’ai aussi représenté la tablette. Nungesser pilotait à gauche, et Coli, le navigateur, était un peu en arrière à droite. Il avait une tablette avec les cartes. Tout est à l’échelle : la pression d’huile, d’essence, l’altimètre, les montres, le compteur de vitesse et d’inclinaison..." Le mordu d’aviation a même rajouté une sonde Le Prieur, contrôlable depuis sa télécommande (en cas d'amerrissage en pleine nuit, au moment de la descente, cet équipement permettait de savoir à combien de mètres de l'eau se situait l’avion, ndlr).

Le travail est colossal. Et pourtant, il n’avait pas les plans. "J’ai de la chance, assure-t-il modestement, il y avait beaucoup de photos sur Internet."  Si le temps le permet (comme on dit à Saint-Pierre et Miquelon), le premier vol, un grand moment, ce sera sûrement pour la semaine prochaine (des photos seront alors à voir sur son blog). Avec, à bord de l'Oiseau Blanc, de petites figurines de Nungesser et Coli. Avec aussi une certaine crainte, une appréhension. "Mais si on ne veut pas casser un avion, conclut Alain Denis, il faut faire du bateau !"

A écouter ci-dessous, notre reportage radio sur l'Oiseau Blanc :