[La 1ère à Créteil] Ethnick 97 : des percussions et de la danse au rythme du carnaval à Créteil

La 1ère à Créteil - Ethnick'97
Arrivée dans l'Hexagone en 2000, Marie-Catherine Fardin, originaire de la Martinique, a co-créé un groupe de Chanté Nwel et de carnaval qui comprend aujourd'hui environ 180 membres, dont une grande majorité de jeunes. Outre-mer La 1ère a assisté à une de leurs répétitions.

Le tonnerre gronde à Créteil. De gros "boom" font vibrer les tympans à un rythme régulier. Le sol tremble. Et pourtant, le ciel est dégagé. Aucun éclair à l'horizon. Ce bruit tonitruant n'est pas causé par la météo, mais par les jeunes du groupe de carnaval Ethnick 97. Ce jeudi soir-là, ils sont regroupés dans une salle de la MJC Club de Créteil, au dernier étage, et attendent avec impatience l'arrivée de leur directrice, Marie-Catherine Fardin.

Originaire de la Martinique, cette dame à l'autorité naturelle, mais qui dissimule un léger trait de timidité, est la directrice artistique du groupe, qu'elle a contribué à créer en 2001. "On a commencé par un petit groupe d'amis, raconte-t-elle. Et aujourd'hui, ça a évolué progressivement." Jusqu'à atteindre près de 180 membres.

La1ere à Créteil : Ethnick'97 ©Carl Behary-Laul-Sirder / Quentin Menu


La plupart des recrues d'Ethnick sont des jeunes, originaires des Antilles, de la Guyane, mais aussi du Cap-Vert, d'Haïti, d'Afrique... Dans la salle de la MJC (clairement trop petite pour accueillir tout ce monde), les garçons (et quelques filles) agrippent leurs tambours et se rangent d'un côté de la salle. Les filles se placent en face, prêtes à danser. En frappant leurs basses avec vigueur, les jeunes propulsent un son assourdissant dans toute la pièce, et bien au-delà. "Et encore, ils ne jouent pas fort parce que vous êtes là", rigole Marie-Catherine. En face des percussionnistes, les danseuses répètent leurs pas de danse traditionnelle antillaise, en lâchant ici et là des cris stridents pour rythmer la chorégraphie.

Le carnaval dans le sang

Tout a commencé il y a plus de vingt ans, raconte Marie-Catherine Fardin, qui était danseuse et comédienne lorsqu'elle vivait en Martinique. En arrivant dans l'Hexagone, elle crée un évènement autour de la commémoration de l'abolition de l'esclavage en l'an 2000. Puis, en assistant au carnaval tropical de Paris l'année suivante, lui vient l'idée de monter un groupe de Chanté Nwel mais aussi de carnaval. Ethnick 97 – "97" se référant aux deux premiers chiffres des départements ultramarins – est né. 

Marie-Catherine l'assure : elle a le carnaval dans le sang. En Martinique déjà, elle avait créé plusieurs groupes, dont un composé uniquement de femmes. Elle-même a été pionnière, en étant une des premières à devenir percussionniste, rôle qui était réservé aux hommes, se félicite-t-elle.

Aujourd'hui, l'objectif [d'Ethnick 97], c'est la transmission. Avec collègues-amies on fait un travail monstre avec les jeunes.

Marie-Catherine Fardin, directrice artistique d'Ethnick 97

Aux répétitions d'Ethnick 97, à la MJC Club de Créteil.


Ces jeunes, parfois agités, sont devenus une grande famille, cimentée par leurs origines antillaises, guyanaises, ou même africaines. Dans la petite salle de la MJC, ça chahute beaucoup. Ça rigole. Ça crie. Et ça tape soudainement très fort sur un tambour pour amener le silence. Difficile de ne pas sursauter. Marie-Catherine, qui a davantage le rôle de maman que de directrice, s'emporte : "Oh ! Là stop ! C'est quoi votre problème ? J'essaie de parler doucement, sans m'énerver. Au final, je m'énerve !" Comme toutes les mères, elle doit les gronder. Mais pendant la répétition, lorsqu'elle guide les filles dans leur chorégraphie et les garçons dans leur musique, elle les regarde avec fierté et tendresse. Elle assume ce rôle de pilier. De Poto mitan, comme on dirait aux Antilles.

Il y a des enfants qui sont en difficulté. On constate qu'on fait beaucoup de social avec Ethnick.

Marie-Catherine Fardin, directrice d'Ethnick 97

Voyages, spectacles, fête de la musique...

Les jeunes d'Ethnick, pour certains nés dans l'Hexagone, se rattachent à leurs racines caribéennes grâce à ce groupe multiculturel. Melvin, qui a 22 ans et est originaire de la Guadeloupe, est un percussionniste : il joue de la basse. Il est arrivé dans le groupe en 2018. "C'est ma mère qui m'y a mis, car elle était membre", explique-t-il. Ce chauffeur-livreur apprécie l'esprit de famille de la troupe. Mickael, lui, vient d'arriver en région parisienne et n'a donc pas beaucoup d'attaches dans le coin. Ce Martiniquais de 34 ans a voulu intégrer Ethnick pour continuer à jouer de la caisse claire, mais aussi pour se retrouver en communauté.

Marie-Catherine Fardin est la directrice artistique d'Ethnick 97.


Ethnick 97 bénéficie d'une certaine notoriété, notamment sur les réseaux sociaux. En février dernier, le groupe a été convié à participer au carnaval en Martinique. Pour certains des jeunes qui ont pu partir, c'était la première fois qu'ils se rendaient aux Antilles. "C'était totalement autre chose que ce qu'on peut faire ici", affirme Melvin. Le prochain voyage devrait être au Canada, au mois d'août.

Actuellement, Marie-Catherine a plusieurs projets pour son association. Elle et ses jeunes ont participé, comme tous les ans, à la Foire de Paris. Mais malheureusement, regrette la Martiniquaise, ils n'ont pas pu faire et montrer tout ce qu'ils voulaient, l'organisation de la Foire étant très stricte sur le timing. Peu importe, ils auront tout le loisir de montrer leur manière à eux de faire du carnaval dimanche 14 mai, à Stains, en région parisienne. Et ils préparent avec impatience la fête de la musique, le 21 juin, un rendez-vous incontournable autour du lac de Créteil.

Mais difficile de multiplier les évènements quand la logistique ne suit pas. La directrice artistique bataille avec la mairie pour permettre à ses jeunes de pouvoir répéter dehors lorsque les beaux jours arrivent. Leur salle est trop petite, et ils ne peuvent pas s'exprimer comme ils le veulent. Elle demande aussi à la ville de lui permettre de stocker ses instruments dans une salle qui leur serait dédiée. Car en attendant, Marie-Catherine doit convoyer tambours, basses et cymbales dans sa petite camionnette. "Cette année, le thème de la Fête de la musique à Créteil, c'est XXL. Ethnick est déjà XXL. Donnez-nous la possibilité de travailler en XXL", réclame-t-elle.