La banane des Antilles, star de Dunkerque

Une exposition visible au Musée portuaire de Dunkerque jusqu'au 19 février 2017.
La ville des "Hauts de France", première importatrice française du fruit exotique, accueille l'exposition Extra ordinaire banane. De la cueillette à l'assiette, le deuxième fruit le plus consommé de France dévoile son histoire et l'évolution de ses conditions de manutention et de transport maritime.
La banane et Dunkerque, c'est une longue histoire d'amour qui dure depuis le début du XXe siècle. Chaque semaine, 270 conteneurs de ce fruit exotique y sont déchargés. Une filière importante pour le premier port français d'importation de la banane, qui représente 850 emplois et "a amorcé toute la logique de développement du transport de fruits et légumes par conteneurs" explique Marie-Laure Griffaton, la conservatrice du Musée portuaire de Dunkerque. "C'est très symbolique puisque c'est autour de la banane qu'a été signée la première charte de partenariat, ajoute-t-elle, qui a montré la fiabilité des relations sociales entre les planteurs des Antilles, le grand port de Dunkerque, Dunfresh qui fait le conditionnement, et les dockers. C'était une grande nouveauté au niveau des ports français."


Un fruit familier

"C'est l'un des premiers aliments que l'on donne aux enfants après le biberon... rappelle Marie-Laure Griffaton. Mais on ne se rend pas compte de tout le travail qu'il y a derrière la culture de la banane ! Et puis il y a des enjeux économiques majeurs : c'est important de défendre ce fruit venu de Guadeloupe et de Martinique. Dans l'équipe du Musée portuaire, plus personne ne peut acheter autre chose que de la banane antillaise !" sourit la conservatrice. Jusqu'aux années 60, la fragile banane voyageait en régimes enveloppés dans de la paille et du papier kraft. Trop éprouvant. Elle voyage depuis découpée en "mains" et mise en cartons. Photos, maquettes, films, et affiches d'époque retracent le chemin parcouru. L'exposition organisée en dix modules est amenée à se déplacer dès mars 2017... et notamment aux Antilles.


Mise en valeur

270 000 tonnes de bananes dessert de l’UGPBAN (Union des groupements de producteurs de bananes de Guadeloupe et de Martinique) arrivent chaque année à Dunkerque, avant de rejoindre les neuf mûrisseries que compte l’Hexagone. Et la commune abrite une autre étape intermédiaire : le tri à l’usine Dunfresh, où les bananes tricolores sont conditionnées à part. Depuis un an, les fruits sont évalués par des ouvriers : "Pour la banane bleu-blanc-rouge, les bouquets sont sélectionnés sur leur taille (de 18 à 23 cm), leur aspect... détaille Sébastien Thafournel, le directeur qualité de l’UGPBAN. Cette banane est notée sur 100... et elle doit obtenir un minimum de 78." Les critères sont remplis ? Les jolis fruits partiront à la pièce sous le nom de "banane française". L'UGPBAN a fait sa sélection de producteurs, qui reçoivent en temps réel un résumé des résultats de leurs protégées.
A l'usine Dunfresh, les salariés notent les mains de bananes. Si elles obtiennent une note minimum de 78 sur 100, elles sont estampillées "banane française", et enveloppées d'un ruban bleu-blanc-rouge.


Un tri exigeant

Le fruit qui n'aura pas obtenu la note minimale finira dans le bac, en vrac, sous l’appellation "banane de Martinique et de Guadeloupe". Une démarche qualitative qui a séduit les distributeurs selon Philippe Ruelle, le directeur de l'UGPBAN : "On est à peu près à mille magasins qui commercialisent cette "banane française" et on en ouvre à peu près une quarantaine par semaine. On continue notre progression jusqu'à juin 2017 où on doit atteindre 4 000 grandes surfaces dans l'Hexagone." De son côté Dunfresh devrait continuer d'embaucher "car la première partie de l'investissement industriel est saturé. On produit 15 000 produits de banane par semaine... Il nous faut donc réinvestir dans de nouveaux outils". Cette machine qui entoure les bouquets de banane d'un ruban bleu-blanc-rouge a été spécialement mise au point par des ingénieurs français.
Une fois sélectionnées, les mains de "bananes françaises" passent dans la machine pour être entourée d'un ruban tricolore.


L'histoire continue

Un fruit qu'on n'a pas besoin de peser, sans trace, parfaitement mûr et identifiable grâce à son ruban : les bouquets de "banane française" devraient représenter 30% du total de l'importation antillaise mi-2017. Indissociables, et contenant trois, quatre, cinq ou six specimens, ils sont vendus à la pièce dans les hypers, soit 40 centimes par fruit. Pour les enseignes c'est moins de perte : on l'estime à 8 à 10% au vrac, contre moins de 2% à la pièce. Un nouveau pan d'histoire qui pourrait encore enrichir l'exposition Extra ordinaire banane.

Une exposition visible au Musée portuaire de Dunkerque jusqu'au 19 février 2017.