La biodiversité exceptionnelle des Outre-mer est en danger

La biodiversité exceptionnelle de nos Outre-mer est en danger

La France est au coeur de la crise de biodiversité. A l’occasion de la journée mondiale de la vie sauvage, le comité français de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) publie un bilan de 13 ans de liste rouge sur les espèces menacées dans l'Hexagone et Outre-mer.

A l’occasion de la Journée mondiale de la vie sauvage organisée le 3 mars par les Nations Unies, le Comité français de l'UICN, le Muséum national d'Histoire naturelle et l'Office français de la biodiversité publient un bilan national de 13 années de liste rouge. Des résultats essentiels pour identifier les priorités d'actions, surveiller les évolutions et préserver les espèces.

Ce bilan nous montre un résultat assez préoccupant, c'est vrai en métropole avec des niveaux significatifs de menaces et c'est encore plus vrai en Outre-mer où l'on a beaucoup de groupe d'espèces qui sont fortement concernés par la crise d'érosion de biodiversité.

 

A Mayotte, 43 % des plantes sont menacées de disparition ! En Martinique, c'est 21 % des oiseaux qui sont en danger et en Guyane 13 % des poissons d'eau douce pourraient bientôt disparaître. 

 

- Florian Kirchner, chargé de mission espèces au comité français de l'UICN

En 13 ans, sur les 24 listes rouges publiées par le comité français de l’UICN, 14 concernent les espèces d’Outre-mer. La liste rouge de la faune de la Réunion en 2010, les oiseaux de Polynésie française en 2015, la liste rouge de la faune de Martinique en 2020 ou encore les coraux de l'Océan Indien en 2020. Depuis 2008, les spécialistes ont évalué la situation de 13842 espèces, 187 ont d'ores et déjà disparues et 2340 sont près de l'être.

Pour le moment, on a des informations assez précises sur les vertébrés d'outre-mer donc les oiseaux, les mammifères, les reptiles et les amphibiens mais il nous reste encore beaucoup de travail d'évaluation à faire pour connaître précisément le degré de menace qui pèse sur les invertébrés comme les insectes, les mollusques mais aussi les plantes et les espèces marines d'Outre-mer. 

 

- Florian Kirchner, chargé de mission espèces au comité français de l'UICN

©Office français de la biodiversité

La liste rouge est un outil scientifique qui sert notament à orienter les politiques publiques. Elle est également utilisée par les associations pour identifier les priorités et déclencher des actions. L'objectif est de tirer la sonnette d'alarme pour les espèces les plus menacées.

La déforestation menace les espèces d'Outre-mer

La déforestation est en Outre-mer un phénomène inquiétant. Mayotte est spécialement concernée au point où le comité français de l'UICN et le Conseil national de Protection de la nature ont publié en janvier dernier une motion conjointe.

Mayotte a perdu une grande partie de ses forêts et du coup toutes les espèces qui y vivent sont en danger.

Ce phénomène est vrai dans d'autres territoires comme la Guadeloupe qui a un taux de déforestation également important au point de menacer sa flore.

Et en Nouvelle Calédonie, les forêts sèches ont quant à elle été fortement affectées par l’aménagement urbain ou les mises en cultures.

 

Pour remédier à ces menaces, des aires protégées devraient être créées mais pour celles qui existent déjà l’UICN a pointé leur manque de moyen.

 

- Florian Kirchner, chargé de mission espèces au comité français de l'UICN

 

En plus de la déforestaiton, les principales menaces qui pèsent sur les espèces d'Outre-mer sont la dégradation des milieux naturels mais aussi leur surexploitation, l’introduction d’espèces envahissantes, les pollutions et le changement climatique.

Avec ses Outre-mer, la France est au coeur de la crise de biodiversité

Avec 2430 espèces menacées dans notre pays dont 2/3 se situent en Outre-mer, ce bilan souligne combien la France est concernée par la crise de biodiversité.  

La crise de biodiversité, ce n'est pas qu'une affaire qui concerne les tigres, les gorilles ou les ours polaires mais c'est aussi des espèces qui vivent autour de nous.

Des mammifères, des oiseaux mais aussi de petites bêtes comme les insectes ou les plantes sont menacées et disparaîtront si on n'y prend pas garde.

 

Toutes les espèces qui forment les écosystèmes qui nous entourent et dont on dépend pour notre vie au quotidien sont en danger. Si on laisse ces espèces disparaître, on risque de voir s'effondrer des écosystèmes qui nous rendent des services en purifiant l'eau, en régénérant l'air, en assurant la fertilité des sols, en assurant la pollinisation des plantes. 

 

- Florian Kirchner, chargé de mission espèces au comité français de l'UICN

 

Les Outre-mer appartiennent à quatre des trente-cinq "points chauds" ("hot spot") de biodiversité que compte la planète (Caraïbes, Océan indien, Nouvelle-Calédonie, Polynésie).
Les "points chauds" sont des zones reconnues comme étant les plus riches et les plus menacées. Ce sont des zones prioritaires pour la conservation de la biodiversité mondiale. Les "points chauds" abritent 60 % des espèces terrestres sur à peine 1,44 % des terres émergées mais ont subi une perte d'au moins 70 % de leur couvert végétal originel.

A quelques mois du Congrès mondial pour la nature organisé par l'UICN et le gouvernement français du 3 au 11 septembre à Marseille, ce bilan de 13 ans d'étude de la biodiversité de France a pour objectif d'alerter le grand public comme les décideurs.

C'est ce qu'avait déjà fait en mai 2019 le rapport de l'IPBES. La Plateforme Intergouvernementale sur la Biodiversité et les Services Ecosystèmiques avait rendu public à l’UNESCO à Paris, un rapport destiné à 110 pays. Après trois ans d’analyses et de consultations d’études réalisées par des centaines de scientifiques pour alerter les décideurs, l'IPBES a conclu à "un dangereux déclin de la nature, un taux d'extinction des espèces "sans précédent" et qui s'accélère".