“Un quotidien insupportable", rythmé par des coupures d’eau incessantes, de l’eau impropre à la consommation polluée par des matières fécales ou du chlordécone... C'est en ces termes que la députée insoumise Mathilde Panot a décrit la situation de plusieurs milliers d’usagers en Guadeloupe, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale ce mardi 29 juin. Depuis plusieurs années, la gestion de l’eau sur l’île est jugée catastrophique et les habitants se mobilisent régulièrement pour dénoncer les nombreuses défaillances du réseau.
Une “catastrophe sanitaire et écologique”
La députée du Val-de-Marne préside également la commission parlementaire d’enquête sur la gestion de l’eau. Une commission qui a déjà alerté, mi-juin, sur la vie quotidienne des milliers de Guadeloupéens régulièrement privés d’eau potable.
💧 COUPURES D'EAU : LA GUADELOUPE N'EN PEUT PLUS !
— Mathilde Panot (@MathildePanot) April 15, 2021
Les Guadeloupéennes et Guadeloupéens n’en peuvent plus. Ils sont lassés de souffrir. Ils ne croient plus pouvoir, un jour, avoir accès à ce droit humain fondamental qu’est l’eau. pic.twitter.com/7GJvpUPe9n
“400 000 Français et Françaises sont en détresse”, insiste la parlementaire. "Faut-il que le malheur des Guadeloupéens et de tant d’autres de nos compatriotes arrive jusqu'à vous pour vous en soucier ?” questionne Mathilde Panot, avant de mettre en cause la responsabilité de l’Etat dans la gestion de l’eau potable en Guadeloupe.
En l'absence du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, c’est le ministre délégué à la Transition écologique et chargé des transports, Jean-Baptiste Djebbari, qui a répondu à la députée. “Le gouvernement n’a pas attendu pour agir”, rétorque Jean-Baptiste Djebbari, qui reconnaît que “100 000 habitants subissent des coupures d’eau régulières” et que “la situation est inadmissible”.
100 millions d’euros par an
Selon le ministre, la gestion de l’eau potable et l'assainissement des eaux usées sont des compétences décentralisées. Elles doivent donc être gérées par les collectivités et les départements. “L’Etat, ses opérateurs et ses banques investissent 100 millions d'euros par an en soutien aux collectivités ultramarines”, a indiqué Jean-Baptiste Djebbari. En ce qui concerne le cas précis de la Guadeloupe, “l’Etat a apporté 90 millions d’euros de subventions entre 2014 et 2020”, a ajouté le ministre.
Malgré les aides mises en place et les fonds alloués à la gestion de l’eau, la crise perdure. Selon la députée Mathilde Panot, c’est avant tout parce que l'exécutif n’a pas débloqué suffisamment de fonds.
“Il faut mettre 2 milliards sur la table. La dignité humaine n’a pas de prix”
“Mettre plus de moyens ne serait pas forcément plus efficace, dans la mesure où ces crédits sont déjà sous consommés par les collectivités”, a tranché Jean-Baptiste Djebbari. La commission d’enquête parlementaire sur la gestion de l'eau devrait rendre son rapport final avant le 15 juillet prochain.
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