La Flamme de Rio #1: Rio dépassée par ses Jeux

Touristes sur la plage de Copacabana
Bâtiments en travaux, installations branlantes, Cariocas dubitatifs, embouteillages monstres... les Jeux olympiques n'ont pas encore débuté mais ils laissent déjà un goût amer aux habitants.
Ces Jeux vont être un grand succès. Ils ont été parfaitement organisés”. François Hollande se voulait convaincant ce jeudi matin à Copacabana. Le président français remettait la Légion d’honneur au footballeur brésilien Paulo Cesar, qu’il a également nommé ambassadeur de la candidature de Paris 2024. Mais s'il a tenu a rappeler sa confiance à l’organisation brésilienne, celle-ci est régulièrement étrillée ces derniers jours.


Prendre l'ascenseur... un vrai casse-tête

Pas moins de 17 000 athlètes sont attendus à Rio, et quelques 25 000 journalistes. Pourtant, à la veille de la cérémonie d’ouverture, la ville semble toujours… en travaux. Au Village media center, où sont logés des journalistes du monde entier, des bâtiments sont toujours en cours de construction. Bâches en plastique aux fenêtres, échafaudages, piscine vide… De toute évidence, de nombreux logements seront indisponibles à l’ouverture des jeux.
Et pour ceux qui ont été livrés à temps pour être occupés, la rapidité à laquelle les travaux ont été effectués a laissé de drôles de traces. Comme dans les ascenseurs, ou accéder au bon étage peut devenir un véritable casse tête.

"On dépasse des lits!"

Côté athlètes et village olympique, la situation ne semble pas forcément plus brillante. Les athlètes australiens avaient fait savoir au monde entier leur mécontentement après avoir découvert leurs conditions d’installation. Côté français, la tendance serait plutôt à l’humour. “On dépasse des lits, rigole le basketteur Florent Pietrus. On voit bien que tout a été fait à l’arrache!”.

Pour les transports, une voie olympique a été affrétée. Seuls les véhicules transportant les délégations et journalistes peuvent l’emprunter, ce qui leur permet de circuler quasiment sans encombre. Pour tous les autres Cariocas, en revanche, qui voient leur chaussée réduite d’une voie… c’est l’enfer. “J’ai mis deux heures et demies pour me rendre du Village media à Copacabana,” soupirait une bénévole. 

Alors que les travaux s'accélèrent avant l'ouverture des jeux, des ouvriers font leur pause à Copacabana.

A Copacabana, les Brésiliens dubitatifs
Copacabana, avec ses plages mythiques, ses plagistes en tenues légères, ses touristes émerveillés et ses vendeurs de plage… Ici aussi, les avis sont contrastés.

On est très content, on découvre la ville, la plage, les Brésiliens….” Camille est venue avec son mari et ses deux fils pour assister aux compétitions d’escrime. Sa fille elle, est bénévole pour les Jeux. “On est très bien accueillis, l’organisation est parfaite!”, s’enthousiasme-t-elle. Bianca, elle, habite juste au-dessus de la plage. Cette avocate carioca attend les athlètes et le grand rassemblement avec impatience. “J’ai hâte de voir la fête que cela va être”,  assure-t-elle, tout en confiant son inquiétude pour son pays. 

"Est-ce le bon moment pour accueillir les jeux ? ", s'interrogent des Brésiliens.

Quand on voit tous ces gens qui ne sont pas payés, les besoins que nous avons en matière de santé, d’éducation… On se dit que ces Jeux auraient mieux fait de se tenir dans un pays riche"










Ce n’était pas le bon moment pour organiser ces Jeux. Nous avons beaucoup de problèmes sociaux, toutes ces dépenses auraient pu être faites autrement… quand on voit tous ces gens qui ne sont pas payés, les besoins que nous avons en matière de santé, d’éducation…
Toutes ces constructions qui ne nous bénéficient pas… On se dit que ces Jeux auraient mieux fait de se tenir dans un pays riche
.”
Reginaldo vent des paréos sur la plage de Copacabana. Même s'il veut garder le sourire, il avoue que son pays "ne va pas bien", et que les festivités olympiques n'y changeront rien.

Réginaldo vend des paréos sur la plage. Il se prend à rêver que les JO lui rapportent beaucoup d’argent, notamment grâce au 500 000 touristes attendus pendant ces trois semaines, mais lui aussi reste sceptique. “La situation de notre pays n’est pas bonne, explique-t-il dans un mélange de portugais, espagnol et français. Mais bon, s’il faut danser la samba pendant ce temps, on le fera!!”, s’esclaffe-il, tout en esquissant quelques pas.