C’est un véritable accomplissement à la fois personnel et professionnel. Parmi les 618 candidatures éligibles, ce sont finalement 20 doctorantes et 15 post-doctorantes qui ont la chance de recevoir le prix du Jeune Talent France pour leurs travaux de recherches scientifiques. Ces chercheuses, récompensées pour leur rôle en tant que figures féminines de la société française et comme scientifiques d’excellence, recevront une dotation lors de la cérémonie de remise, allant de 15.000 à 20.000 €.
Organisée dans l’auditorium André et Liliane Bettencourt du Palais de l’Institut de France dans le 6ᵉ arrondissement de Paris, la cérémonie est à la fois un véritable tremplin et une reconnaissance pour ces jeunes femmes. Grâce à ce titre et cette indemnité, les chercheuses pourront se faire connaître davantage dans le monde entier, en animant et en participant à des congrès internationaux, et pourront financer certains de leurs projets à venir.
La biodiversité, un combat qui se joue dans les Outre-mer
Les lauréates ont toutes un point commun : celui d'analyser l'impact de l'Homme sur son environnement. Que cela soit sur l'île de La Réunion, en Polynésie française ou en Nouvelle-Calédonie, les scientifiques d'Outre-mer récompensées jouent un rôle important dans la création et la conservation d'écosystèmes durables. Retrouvez ci-dessous leurs différents projets :
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Margaux Crusot : "Il y a encore tellement à faire"
Pour la chercheuse, qui habite depuis près de sept ans en Polynésie, lauréate dans la catégorie "Biodiversité, écologie et changement climatique", cette distinction représente une véritable "reconnaissance", tout d'abord de la part de la profession, mais aussi vis-à-vis du grand public.
Margaux Crusot étudie de près les solutions concrètes pour diminuer l'impact environnemental de la perliculture, c'est-à-dire la culture des huîtres perlières. La scientifique a, pour son analyse, souhaité quantifier les déchets plastiques relatifs à cette pratique. De plus, elle souhaite mettre en place l'utilisation de produits moins polluants. Mais selon la chercheuse, "il y a encore tellement à faire" pour se tourner entièrement vers quelque chose de plus durable dans le long terme, un objectif qu'elle se fixe pour l'avenir.
Et la Polynésie semble jouer un rôle majeur dans le développement de son étude : "La Polynésie a à cœur de préserver son environnement, ils m'ont apporté un énorme soutien, tant financier que logistique."
Mais le combat de Margaux Crusot ne s'arrête pas là. Comme toutes ses consœurs, elle se bat et se dit "extrêmement fière" de recevoir cette distinction. Un prix qui met aussi en lumière les femmes scientifiques dans un domaine où elles ne représentent que 29% des chercheurs en France…
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Cinzia Alessi : "le récif corallien est une source de la biodiversité"
Cinzia Alessi le revendique fièrement : "La Nouvelle-Calédonie détient l'un des récifs coralliens les plus beaux" qu'elle ait vus. C'est l'une des raisons pour laquelle cette scientifique d'origine italienne a posé ses valises il y a trois ans sur le Caillou.
Elle y mène notamment une thèse en chimie de l’environnement et œuvre pour préserver la mangrove, un écosystème central pour les hommes et l’environnement de l’archipel.
Cinzia Alessi, qui elle aussi est lauréate dans la catégorie "Biodiversité, écologie et changement climatique", se préoccupe pour ses études des différents changements climatiques et leurs conséquences sur les récifs coralliens : "Avec la recherche, on peut comprendre quels mécanismes permettent aux récifs coralliens de survivre face aux changements climatiques."
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Helena Teixeira : "La Réunion est l'endroit parfait pour mes recherches"
Originaire du Portugal, Helena Teixeira étudie, en tant que post-doctorante au sein de l'unité de recherches Entropie de l'Université de La Réunion, les mécanismes à l'origine du déclin des espèces. Plus précisément, ses recherches permettent d'améliorer les connaissances sur les changements environnementaux, comme le changement climatique, l'activité volcanique ou l'impact des activités humaines vis-à-vis d'une espèce d'oiseau marin, aujourd'hui déclarée éteinte, qui a été redécouverte dans les années 70, quelque chose d' "incroyable" pour elle.
L'île de La Réunion, qui demeure le "lieu idéal" pour ses recherches, joue un rôle primordial dans l'obtention de ce prix. "La Réunion est l'endroit parfait pour mes recherches. Je suis fière de moi. Je pense que cela peut apporter de la visibilité à mon travail, cela m'apporte de l'espoir, nous voulons ouvrir la voie pour la science", souligne-t-elle fièrement.
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Sarah Robin : "Ce titre met en lumière les femmes dans la science"
Doctorante au sein de l'Institut des Sciences Exactes et Appliquées à l'Université de Nouvelle-Calédonie, Sarah Robin œuvre pour préserver la mangrove, plus particulièrement vis-à-vis de l'urbanisation grandissante des littoraux. Un écosystème qu'elle définit comme "une forêt dans la mer" qui protège les écosystèmes autour, c'est-à-dire les récifs coralliens : "C’est une nurserie pour de nombreux poissons que l’on va pêcher derrière". C’est aussi "un piège à CO2, tout ce que l’on relâche dans l’atmosphère peut être récupéré par les mangroves".
Et avec l'obtention de prix qu'elle définit comme une véritable "fierté", Sarah Robin espère susciter "des vocations aux petites filles". Plus encore, ce prix, également perçu comme une "reconnaissance", va permettre selon elle de "mettre en lumière les femmes en sciences, qui sont sous-représentées".
Sa dotation, qui s'élève à 15.000 €, permettra à la chercheuse de participer à des conférences, de publier des articles en "open access" (en accès gratuit, NDLR), mais également de voyager dans le Pacifique pour faire des formations "pour des personnes qui sont proches de mangroves", qui n’ont pas les ressources scientifiques nécessaires.
Cela permettra aussi de mieux comprendre et mieux gérer ces écosystèmes. Un problème mondial puisque 110 pays ont des littoraux contenant des mangroves.