Le parcours sportif d’Emily Maver nous rappelle que dans la vie il y a plusieurs actes, et qu’il ne faut jamais cesser de croire en ses rêves. À 15 ans, la Petit-Bourgeoise (originaire de Petit-Bourg), qui évolue alors avec la section masculine de l’ASC Carénage depuis ses 5 ans, apprend qu’elle ne peut plus jouer au football avec les garçons en championnat. Coup dur pour l’adolescente à l’époque, d’autant plus que le championnat de football féminin guadeloupéen n'en est qu'à ses balbutiements. Pugnace, Emily Maver ne veut pas arrêter le sport, et sa mère l’a bien compris. Cette dernière se met alors en quête d'une nouvelle discipline sportive pour sa fille, et se remémore l’époque où elle avait participé à quelques camps d'entraînement du basketteur Mickaël Piétrus. Bingo, Emily tu feras du Basket. Quelques semaines plus tard, la jeune joueuse signe à la MJCA. Mais comme Emily ne fait rien comme les autres, et à force de travail, elle est surclassée en cadet - sénior et décroche trois titres de championne de la Guadeloupe sénior.
En 4 ans, ses progrès sont remarquables, à tel point que son entraîneur de l’époque, Miguel Gelas, lui conseille de participer à des camps de détection. Douée d’une bonne vision de jeu, la Guadeloupéenne alors âgée de 19 ans est détectée par une université américaine : La West Los Angeles College. Nous sommes en 2012, et Emily Maver ne le sait pas encore, mais elle va vivre son rêve américain. Là-bas, le sport est intégré obligatoirement dans son cursus scolaire, elle va choisir de prendre des cours de football, et va étonner ses camarades de classe et professeurs de sport. Rapide et technique, ses prouesses et qualités ne laissent pas insensible l'entraîneur de la section féminine de football de son université, qui lui propose de la rejoindre.
"Il m’a vu jouer, et m’a immédiatement demandé si je ne voulais pas évoluer dans l’équipe de football. Mais, je lui ai expliqué ma situation car je jouais déjà avec l’équipe de basket et les deux saisons étaient beaucoup trop proches. J’ai donc dû faire un choix… et à 19 ans, aux États-Unis, j’ai fait le choix de revenir au football", explique Emily Maver
Le tour du monde en 3 850 jours
Phileas Fogg, le héros du roman de Jules Vernes, a bouclé son tour du monde en 80 jours. Emily Maver a voulu l’imiter, mais en prolongeant le plaisir. Voilà maintenant 3 850 jours que le sien a débuté et elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Son périple lui a fait découvrir le Canada, et sa prestigieuse université d’UQAM, où elle redécouvre la joie d’être une joueuse de football. S'ensuivent des passages par la régionale 1 en France avec la réserve d’Albi, puis la République Tchèque, la Suisse, l’Irlande, Chypre, l’Italie, l’Espagne, et aujourd’hui le Luxembourg. À 29 ans, Emily Maver découvre un nouveau championnat avec sa signature en août au club de l’Entente Wormeldange Munsbach Grevenmacher, une équipe de première division.
Beaucoup de personnes s'interrogent sur mes choix de carrière, surtout quand on a fait l’Italie et l'Espagne, mais le Luxembourg est un championnat qui m’a attiré et j’ai eu un bon relationnel avec l'entraîneur et le directeur sportif. […] Ce n’est pas parce qu’on n’a pas fait le championnat français, ou connu des grands clubs européens, que notre carrière n’est pas réussie.
Emily Maver.
Une quête de reconnaissance
Comme d’autres grands noms du football féminin avant elle, Emily Maver ne comprend pas pourquoi il est si difficile pour les femmes d’obtenir le statut professionnel en 2022. Au Luxembourg, les femmes n’ont pas de contrat fédéral, pourtant elles s’entrainent tous les jours et certaines vivent de leur pratique sportive. Durant son périple européen, elle n’a eu le statut professionnel que lors de son passage à Chypre. Pourtant, pas de quoi démoraliser la Guadeloupéenne qui entend bien continuer son tour du monde.
Mais avant tout, elle n’oublie pas son île natale et le championnat féminin régional de la Guadeloupe. L’attaquante ou ailière, en fonction du système de jeu de son entraîneur, connaît bien les Gwada Girls pour avoir participé à plusieurs rassemblements. Elle espère que la sélection de la Guadeloupe prendra de la force, notamment à travers des confrontations extérieures, car selon elle, le vivier de joueuses prometteuses est fort sur l’île.
En attendant, Emily Maver découvre son nouveau club et prend ses marques dans le championnat Luxembourgeois, même si dans sa tête trotte toujours l’idée de s’imposer dans un club de D1 française.