La suppression du droit du sol à Mayotte pose "la question de l'indivisibilité" de la République, selon Laurent Fabius

Le Conseil constitutionnel, à Paris.
"On dit que la situation de Mayotte est spécifique, donc il faut un texte spécifique. Mais en même temps, la République est une et indivisible", a rappelé le président du Conseil constitutionnel sur Franceinfo mercredi matin.

Le président du Conseil Constitutionnel Laurent Fabius a estimé mercredi que la suppression du droit de sol à Mayotte posait la question "de l'indivisibilité de la République" mais a rappelé que le Conseil n'examinait pas les révisions de la Constitution.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé dimanche un projet de révision de la Constitution pour supprimer le droit du sol à Mayotte, expliquant que cela constituait un facteur d'attraction pour les émigrés venant des Comores voisines.

Pour Laurent Fabius, il faudra voir ce que ce texte "pose comme problème par rapport à l'indivisibilité de la République". "Parce que, on dit que la situation de Mayotte est spécifique, donc il faut un texte spécifique. Mais en même temps, la République est une et indivisible", a-t-il rappelé sur Franceinfo. "Donc comment est-ce que ça se concilie ? Je ne donne pas la réponse aujourd'hui, mais évidemment, c'est une des questions", a-t-il jugé.

Le Conseil constitutionnel ne sera pas consulté sur le sujet

Selon l'article 89 de la Constitution, une révision constitutionnelle nécessite un accord des deux chambres (Assemblée et Sénat) avant une adoption par une majorité des trois-cinquièmes des parlementaires réunis en Congrès ou par référendum.

Laurent Fabius a cependant rappelé que le Conseil Constitutionnel n'était "pas consulté" lors d'une révision de la Constitution. Dans sa jurisprudence, le Conseil considère que le "pouvoir constituant" (parlementaires ou peuple) est "souverain", et donc qu'il n'a pas à contrôler la constitutionnalité d'une loi constitutionnelle.

L'article 89 introduit seulement deux limites : "La forme républicaine du gouvernement ne peut faire l'objet d'une révision" et "aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu'il est porté atteinte à l'intégrité du territoire".