Elle nous fait la fleur de nous recevoir au cœur de Paris alors qu’elle n’y est que de passage et qu’elle y reste peu de temps. Car c’est dans le sud de l’Hexagone qu’Oriane Lacaille a posé ses valises et elle ne monte sur la capitale que pour des moments fugaces (ou furtifs) comme celui qu’elle a offert (et s’est offert) sur la scène de l’Ermitage en novembre dernier pour présenter quelques uns des onze titres de son premier album solo Iviv.
Celle qui est aussi la moitié du groupe Bonbon Vaudou n’est pas tout à fait seule ni pour cet album ni en scène : deux complices, Héloïse Divilly et Yann-Lou Bertrand ainsi que plusieurs invités (dont son papa René Lacaille mais aussi Piers Faccini, Leyla Mc Calla, Laura Cahen et Loy Ehrlich) se sont succédés pour apporter leur touche aux chansons conçues par Oriane Lacaille.
Pour le podcast L’Oreille est hardie, elle décrypte Iviv, album enchanté et enchanteur, aux accents de balade, de maloya et de sega, à la fois doux et profond, à l’image de sa conceptrice bien ancrée dans la vie :
Un album en vie(s)
Iviv veut dire "ça vit" en créole réunionnais et même si elle ne l’a pas "conscientisé" en donnant son titre à l’album, voilà un nom de baptême qui lui va comme un gant. Et à plus d’un titre : la chanson éponyme est un duo (Oriane Lacaille et la chanteuse haïtienne Layla McCalla) et se veut la réunion de deux vies, de deux mémoires et des deux créoles qui se mêlent tout en délicatesse et harmonie dans ce titre.
Belle image et belle chanson-étendard pour l’album où la vie est contée sous ses facettes les plus diverses.
Car Iviv parle de beaucoup de choses : d’amour, de célébration de la nature et de respect de l’environnement, du temps qui passe et qui rident nos fronts, de l’actualité (les migrants) conséquence directe ou indirecte de l’Histoire (l’esclavage), des violences faites aux femmes…
Douces militances
La douceur plus qu’apparente, bien réelle, d’Oriane Lacaille et de sa musique cache à peine ses opinions et ses engagements profonds - elle qui se dit politisée -, un paradoxe qui s’avère efficace et qui laisse entendre le fond sous la forme.
Et les mots justement sonnent juste - elle qui met un soin particulier à l’écriture (il n’y a qu’à entendre dans L’Oreille est hardie la méthode qu’elle emploie pour s’en convaincre) et épousent parfaitement les multiples voix (les siennes et celles de ses invités) et les rythmes nés de sa passion pour les percussions et les autres instruments qu’elle manie sur scène et sur l’album, en passant de l’un à l’autre avec une dextérité certaine.
Écoutez L’Oreille est hardie…
Et écoutez Oriane Lacaille parler de l’elaboration d’Iviv, premier album solo qui s’est aussi pour beaucoup bâti sur les rencontres et collaborations qui font la réussite de cet album. Indéniablement, il y a une "patte" Oriane Lacaille : elle sait faire émerger sa part réunionnaise, ses racines, son héritage intime et collectif, et en enrichir son univers fait aussi de sonorités plus pop.
Album très agréable à écouter et réécouter, pour en savourer pleinement toute la richesse. Et pour continuer de faire connaissance avec une interprète et une compositrice de grand talent.
Retrouvez la chanteuse Oriane Lacaille dans L’Oreille est hardie, c’est par ICI !
Ou par là :
"Iviv", premier album d'Oriane Lacaille qui sera en tournée dans toute la France.