C’est un géant russe qui assure près de 10 % de la production mondiale. Nornickel (Norilsk Nickel) fournit notamment du métal pur à l’industrie européenne des alliages spéciaux. D’une façon ou d’une autre, c’est un acteur essentiel du marché car ces volumes sont importants. La crainte d'une rupture des livraisons russes a entrainé une flambée des cours du nickel le 24 février, jour de l'invasion en Ukraine.
Pour Nornickel, la situation serait presque normale à la Bourse des métaux de Londres (LME.) « Certaines banques britanniques ont retiré leurs lignes de crédit à des sociétés russes, mais le LME n'a pas empêché les Russes de Nornickel de négocier », constate un analyste de la City de Londres, sous couvert d’anonymat.
Le nickel russe pas encore sanctionné
Depuis le Brexit, le Royaume-Uni dispose d'un régime de sanctions indépendant de celui de l'Union européenne. Pour le moment il ne l’a pas activé contre les sociétés minières russes.
Dans ces conditions, l’impact sur les autres grands producteurs mondiaux, dont la Nouvelle-Calédonie, est limité. "Que Norilsk continue ou pas à vendre son nickel au LME, ou directement à la Chine, ne fera aucune différence pour la Nouvelle-Calédonie. Le matériau intermédiaire calédonien est destiné aux batteries électriques, et l’alliage de ferronickel est pour l’acier, le nickel russe concerne principalement d’autres applications, celles utilisant du nickel pur", précise Jim Lennon, analyste de Red Door Research pour la banque australienne Macquarie.
Pas d'impact pour le nickel de Nouvelle-Calédonie
"Je ne suis pas sûr que Norilsk subisse des sanctions, mais je suppose que nous devrons attendre et voir. La Chine importe principalement des intermédiaires de nickel et du minerai de la Nouvelle-Calédonie. Étant donné que la production de Norilsk est en grande partie constituée de cathodes de nickel pur, je doute que cela ait un impact sur la demande chinoise de minerai. Le nickel russe pourrait plutôt finir par être livré dans les entrepôts de la Bourse de Shanghai, ce qui augmenterait le niveau des stocks. En général, les producteurs d'acier inoxydable et le secteur des batteries ne veulent pas de cathodes, et c’est le produit russe", indique de son côté David Wilson, analyste du nickel et des métaux pour BNPParibas.
"La peur des marchés semble être contenue car les États-Unis n'ont pas encore sanctionnées les exportations de matières premières de la Russie", a déclaré Zenon Ho, analyste de Marex en Asie.
De son côté, Washington a refusé de dire si les sociétés minières russes seraient visées par de futures sanctions. "Dans le monde de l’énergie et après l’invasion russe en Ukraine, les implications (…) pour le nickel sont moins mises en évidence que pour le pétrole et le gaz naturel", conclut Morgan Brazilian, directeur du Payne Institute for Public Policy à la Colorado School.
LME-Nickel le 16/02/2022 : 24.700 dollars la tonne (semaine : +2,30 %)