Emmanuel Pinda fut un pro du basket. Un expert en coaching. Assistant du légendaire Gregor Beugnot à Chalon-sur-Saône. Puis entraîneur des espoirs de Paris-Levallois. Le Guadeloupéen s'est régalé sur les bancs des plus grandes formations. Avant le constat. Amer. En fin de repas. "Le basket français ne met pas les moyens financiers au niveau de ses ambitions." Heureusement, ce menu traditionnel n'est pas servi partout. "Tony Parker a su développer quelque chose de différent à l'ASVEL. L'ambition y est globale. Les hommes, les femmes, les espoirs… Toutes les équipes sont structurées et ambitieuses. Assez logiquement, les résultats suivent."
Du basket aux RH
En 2016, Emmanuel Pinda remporte le challenge du futur avec Paris-Levallois. Traduction : son équipe est championne de France espoirs. Consécration. "Sauf que je me doutais que ça allait être compliqué après ça." Pourquoi ? "Encore et toujours la même histoire des moyens financiers. On m'a demandé de faire aussi bien avec un budget en baisse." Le contrat du Guadeloupéen court alors jusqu'en 2019. "Je savais que je n'irais pas plus loin. Est-ce que j'allais rester dans le basket ? J'avais déjà eu l'occasion de repartir sur un autre projet. J'ai choisi de changer de vie. Une nouvelle fois."
D'un banc à l'autre. De celui d'entraîneur à celui d'étudiant. Emmanuel Pinda se lance dans un Master 2 en gestion des ressources humaines. Apprentissage pratique chez Total. Avant un contrat d'un an chez Microsoft. Le voici depuis janvier 2022 à l'hôtel Hyatt Regency Paris Étoile. "Je m'occupe de la formation et de la qualité de vie au travail. Cela concerne les 450 salariés parisiens." De quoi parler ici d'un coaching à grande échelle.
Coach Pinda est toujours là
Dans son nouveau rôle, Emmanuel ne semble pas avoir souffert de problèmes d'adaptation. Au contraire. Son passé dans le basket professionnel s'est révélé un atout considérable. "Durant mon passage chez Microsoft par exemple, j'ai piloté et géré la crise Covid. Il fallait s'adapter au quotidien. Or entraîner, c'est également de la gestion de crise. Le basket m'a permis d'être compétitif. Tout de suite." Affronter les crises. Et dialoguer. Comme un entraîneur finalement. "Cela se révèle encore plus facile pour moi aujourd'hui dans l'hôtellerie. C'est un secteur très ouvert. Les gens viennent de divers horizons. Je sais qui j'ai en face de moi."
En 2019, le Guadeloupéen n'a pas souhaité faire une croix complète sur le basket. "J'avais 35 ans. Une femme, Aurélie. Un enfant, Noa. Je passais à un salaire d'apprenti. Je voulais être sûr de pouvoir revenir dans le basket si ça ne marchait pas dans les RH." Emmanuel Pinda accepte donc la proposition du club de Courbevoie. "L'équipe se trouvait en pré-nationale. Un club sain, structuré. Impossible de se planter." Confirmation en consultant les résultats. "Les deux premières saisons ont été stoppées à cause du Covid. En 2022, l'équipe est montée en Nationale 3. Et là, nous sommes bien partis pour nous maintenir."
Les souvenirs de demain
La différence entre coach Pinda en Nationale 3 et le Pinda qui dirigeait les espoirs de Levallois ? Quelques années. Et beaucoup de recul. "Je coache différemment aujourd'hui. Ce n'est plus mon activité principale. Si l'équipe perd, je ne vais pas ruminer la défaite toute la nuit. Refaire le match encore et encore, c'est fini tout ça. Les gens ne s'imaginent pas ce qu'un coach professionnel doit endurer. Rien que sur le plan nerveux."
Le coaching de haut niveau est bel et bien terminé pour Emmanuel Pinda. "Je n'ai plus envie de cette usure quotidienne." En revanche, le jeune quarantenaire n'exclut pas un retour dans le monde du sport professionnel. Un jour. "Le sport reste ma dopamine. Ce qui m'excite, ce sont les 40 minutes du samedi soir. Seul le sport peut m'apporter ça." Mais dans quel rôle ? "Pourquoi pas celui de manager général ? C'est moins stressant et tout aussi passionnant." Alors qui sait, dans sa prochaine vie…