Le mystère Monfils

Avec le forfait de dernière minute de Gaël Monfils, numéro un français, les Bleus se sont inclinés en demi-finale de la Coupe Davis. Le capitaine, Yannick Noah, devait s’expliquer avec son joueur.
L’équipe de France de tennis est passée du statut de favori à celui de vaincu logique en demi-finale de la Coupe Davis face à la Croatie, après le forfait de Gaël Monfils. Faut-il y voir un gros coup de malchance ou une "blessure diplomatique" ? Le capitaine Yannick Noah "ne sait pas" mais les deux hommes vont devoir s’expliquer. Retour sur une semaine pleine d'interrogations.

MARDI: Monfils, roi du dunk

L’objectif de Yannick Noah, en reprenant le capitanat de l’équipe de France de Coupe Davis, c’était d’insuffler un esprit collectif à toute épreuve. Les Français n’ont pas soulevé le saladier d’argent depuis 2001. A trois jours de leur demi-finale, cap’tain Noah peut être satisfait. Après un US Open réussi, les Français sont en forme. Ils partent légèrement favoris face à la Croatie de Marin Cilic. A l’entrainement, ils font le show. Lors d’une séance de basket, Monfils réaliser un dunk, Noah lui donne la note 10. Tout va bien.







MERCREDI : blessé, Gaël « ne sert à rien »

"Pour nous, c’est un choc." Noah ne cache pas sa déception. Gaël Monfils, demi-finaliste de l’US Open la semaine précédente, déclare forfait. La raison ? Le Guadeloupéen a fait un faux mouvement en montant un escalier et s’est abimé un genou, déjà fragile. Si, si... "C’était surprenant, il avait l’air en forme", s’étonne Noah. C’est un coup dur. Monfils, l’homme en forme, n’a perdu que deux matchs en Coupe Davis en 14 rencontres. Mais il est arrivé en Croatie fatigué. "Gaël avait ressenti des douleurs au genou après son entrainement de mardi. Il m’a dit le lendemain qu’il n’était pas en état de jouer." Deuxième surprise, le lendemain, Noah annonce qu’il a demandé à Monfils de faire ses valises : "Pour la cohésion et l’état d’esprit du groupe, c’était mieux qu’il parte car il ne pouvait pas nous représenter. Je lui ai demandé de partir. Voilà. Il ne sert pas à l’équipe en restant là, blessé. Il ne sert à rien comme sparring partner."


SAMEDI: les Bleus à un point de la défaite



Après le double perdu, menés 2-1, les Français n’ont plus le droit à l’erreur. Mais Noah veut retenir l’état d’esprit positif de l’équipe : "On est déçus, mais les gars ont donné tout ce qu’ils avaient." Pour les deux derniers simples du dimanche, il veut encore y croire. Il vante la combativité du Croate Marin Cilic. En creux, on y décèle une critique à peine cachée adressée à son équipe : "Si en entrant sur le court, on se dit qu’on peut gagner, on a une chance. Il y a aussi peut-être la possibilité que Cilic ait un petit coup de fatigue. Après, même fatigué, dans ces conditions, chez toi, tu joues, même sur une jambe. Quand t’es Croate, quand t’es Français je ne sais pas." Et quand tu t’appelles Gaël Monfils ?


DIMANCHE: en attendant le tête-à-tête



 
Richard Gasquet, en manque de confiance, n’a pas pu faire de miracle. Il perd face à Cilic, les Bleus sont éliminés. Conscient de son niveau de jeu actuel, il déclare : "Il n’y avait certainement que Gaël pour battre Cilic aujourd’hui. Je n’ose pas imaginer que sa blessure soit diplomatique". En clair : un prétexte pour ne pas jouer après une longue et épuisante saison ? Dimanche soir, Yannick Noah ne savait pas si son joueur était vraiment blessé ou pas. Mais le capitaine ne voulait pas accabler son numéro 1 : "Lire "Noah clashe Monfils", ça me fait vraiment chier. Mon travail, c’est de le faire adhérer à l’équipe. En aucun cas de me retrouver dans la situation du mec qui casse son joueur. Il y a des choses à régler, en tête à tête, je vais l’appeler dès ce soir. Il réagira comme il réagira."



Monfils blessé ? « Je ne sais pas »

Pouvez-vous dire ce qui s'est vraiment passé avec Gaël Monfils?
Yannick Noah : "Je suis allé à New York tout content. J'arrive, il y a trois gars en quarts de finale de l'US Open (Tsonga, Monfils, Pouille), le double en quart. La perspective de ce match était jolie. Les gars en forme, en confiance et en bonne santé. Quand Gaël arrive en demi-finale, je me dis qu'il va falloir gérer son retour. Puis on arrive ici et vraiment au dernier moment il ne peut pas jouer. En une heure on est passé d'une équipe à une autre. Il a fallu s'adapter."

Peut-on dire qu'il vous a planté?
YN : "Si je vous dis qu'il nous a planté, ça veut dire que je pense qu'il n'est pas blessé. Je vous dis que je ne sais pas. Je veux en avoir le coeur net et pour le moment je n'ai pas eu le temps de l'appeler, je n'ai pas vu ses radios, je ne sais pas quand il va reprendre la compétition, quand il a prévu de se réentraîner, je ne peux pas répondre. La seule chose que je peux répondre c'est que c'était vraiment tard et que s'il y a vraiment un coup de malchance, c'est vraiment pas de chance qu'il se fasse mal en montant les escaliers."

Avez-vous envie de continuer à votre poste?
YN : "J'en ai envie mais il n'y a pas que moi. Il y a un groupe il y a un projet qui forcément évolue. La plupart des choses ont été formidables et au-delà de mes attentes et il y en a d'autres que j'aimerais vraiment cadrer. Il ne s'agit pas que de Gaël. Il y a le cas de Gaël, il y a le cas de Jo, celui de Benoît Paire, il y a la façon de gérer les autres joueurs de double, la relation avec la Fédération, mon contrat..."