Le métal fait la une des articles de presse économique. Et peu importe au fond qu’il y ait désormais "deux Nickel" ; le nickel historique, l'alliage de l’acier inoxydable, et le "nouveau nickel" en poudre, celui des batteries électriques qui contiennent en moyenne 50 à 60 kg de métal pur.
Le sentiment du marché continue à être haussier étant donné les fondamentaux solides et une nouvelle information selon laquelle le gouvernement indonésien pourrait instaurer une taxe à l’exportation de 2% sur les alliages de ferronickel pour l’acier inoxydable.
Mais c’est avec l’explosion des ventes de voitures électriques que le nickel est devenu le métal gagnant à la Bourse des métaux de Londres.
Le "métal du diable" est le favori des investisseurs, des négociants et des groupes industriels. Son actualité médiatique est devenue presque quotidienne. Projets miniers au Canada et en Finlande, méga-centrale solaire pour de l’énergie verte en Nouvelle-Calédonie, constructions d’usines en Indonésie, transformation du secteur en Grèce…
Les constructeurs automobiles s’efforcent de sécuriser leur approvisionnement, les compagnies minières redoublent d'effort pour livrer le précieux minerai nécessaire à la fabrication des batteries aux côtés du lithium et du cobalt.
Tesla est arrivé en Nouvelle-Calédonie. La société américaine tient le rôle de conseiller technique dans la grande usine du Sud (Prony Resources) et bénéficie d’un contrat d'approvisionnement de long terme.
L'usine calédonienne, appartient à un consortium local et international comprenant le négociant suisse Trafigura qui s’occupe de la commercialisation du nickel. Prony Resources produit une poudre intermédiaire (NHC-MHP) de qualité batterie.
Le nickel est la hantise du patron de Tesla. A l’été 2020, Elon Musk a proposé un "gros contrat" à ceux qui pourraient lui fournir du nickel de qualité batterie en grande quantité et produit dans le respect de l'environnement. Les usines de la Nouvelle-Calédonie et de l’Australie sont privilégiées.
La demande de nickel pour les voitures devrait être multipliée par 2 en une décennie à peine avec l'essor de la mobilité électrique.
"Le rallye du nickel a commencé, le volume demandé a doublé cette semaine, avant un mouvement de baisse des prix provisoire suite à un mouvement de recul des acheteurs devant la flambée des cours", a indiqué le négociant Marex Spectron qui poursuit : "Nous visons toujours un prix de 24 000 dollars la tonne cette année".
Les besoins sont d'autant plus importants, que "les constructeurs automobiles ont tendance à préférer augmenter la proportion de nickel au détriment du cobalt", a expliqué Daniel Brisemann de Commerzbank aux Echos.
Du côté des industriels, BHP investit dans une mine géante en Tanzanie, des projets sont en cours d’étude au Canada, mais aussi au Cameroun ou au Zimbabwe. En Grèce, les futurs repreneurs du groupe Larco ont annoncé qu’ils pourraient abandonner la production de ferronickel au profit de concentrés pour les batteries électriques.
Leader français de la transition énergétique, Eramet envisage de valoriser son grand gisement indonésien à Weda Bay et de produire du nickel électrique pour la fabrication de batteries en partenariat avec le géant chimique allemand BASF. L'objectif est de livrer plus de 40.000 tonnes de nickel et 5.000 tonnes de cobalt d'ici trois à quatre ans.
Du nickel encore, et cette fois dans sa forme traditionnelle pour l’acier, dans les filins en inox du pont Queensferry en Ecosse, dans la chape qui confine la radioactivité de Chernobyl, pour les alliages spéciaux du Rafale ou dans les produits culinaires des fabricants français Cristel ou De Buyer. Point commun ? L’alliage de haute pureté a souvent été produit par la SLN, la filiale calédonienne du groupe Eramet, ou par KNS la filiale de la SMSP et de Glencore.
La demande des industriels et des investisseurs pour le nickel a fait grimper les cours. A la Bourse des métaux de Londres (LME), la tonne progresse de plus de 7 % depuis le début de l'année et a dépassé les 22.000 dollars, son cours d’il y a dix ans. Selon les analystes du négociant Marex Spectron et de la banque australienne Macquarie, l'offre de nickel sera inférieure à la demande d’environ 50 000 tonnes cette année. A l’horizon, le métal au LME pourrait franchir le seuil des 23 000 puis des 24.000 dollars la tonne.
Nickel-LME 22 215 dollars/tonne +7,15% hebdomadaire.