Le Premier ministre interrogé sur la crise à Mayotte lors des questions au gouvernement

Le Premier ministre Gabriel Attal lors de la séance des questions au gouvernement, à l'Assemblée nationale, le 16 janvier 2024.
Le Premier ministre Gabriel Attal a été interrogé lors des questions au gouvernement sur la situation à Mayotte à l'Assemblée nationale. Il a promis une accélération du démantèlement du camp de Cavani et des expulsions, ainsi que des négociations autour de la loi Mayotte "dans les prochaines semaines."

Le président du groupe Les Républicains, Olivier Marleix, a interrogé le Premier ministre Gabriel Attal sur la situation à Mayotte lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. "Pour la troisième semaine consécutive, Mayotte est paralysée par la mobilisation de la société civile", explique le député d'Eure-et-Loir. "La cause de cette grave crise est l'explosion de l'insécurité et l'amplification de l'immigration clandestine depuis l'arrêt de l'opération Wuamhushu, mais aussi l'absence de réponse aux alertes des élus de Mayotte." Il demande au gouvernement "des mesures à la hauteur pour mettre un terme aux flux migratoires", notamment le déploiement de moyens de la marine nationale, une révision du droit du sol, le lancement d'une deuxième opération Wuambushu ou encore la présentation de la loi Mayotte.

"J'invite les collectifs à saisir les invitations à échanger"

Reconnaissant une situation insupportable, le Premier ministre admet que "si cette situation était vécue dans un département de l'Hexagone, on en entendrait parler matin, midi et soir dans les médias." Expliquant que la première priorité est le rétablissement de l'ordre public et la lutte contre les violences urbaines, Gabriel Attal ajoute qu'il faut entendre les revendications des manifestants. "Pour cela, il faut pouvoir se parler. J'invite les collectifs à saisir les invitations des élus et du représentant de l'État à échanger.

Une accélération du démantèlement du camp de Cavani

Au sujet du démantèlement du camp de Cavani, le chef du gouvernement précise que 200 personnes ont été évacuées sur les 700 occupants. "Je demande une accélération des opérations de d'évacuations du camp, le démantèlement est en cours et sera mené à son terme", explique-t-il."Nous devons être plus efficaces pour expulser plus rapidement les étrangers sans titres, y compris les ressortissants de pays africains." 50 départs de déboutés du droit d'asile sont prévus cette semaine et une centaine la semaine prochaine.

"L'ensemble de ces mesures seront renforcées dans le cadre du plan interministériel de lutte contre l'immigration, le plan Shikandra qui est en cours de refonte." annonce Gabriel Attal. "Notre 1er objectif est de prévenir les arrivées irrégulières à Mayotte, nous avons considérablement renforcé les moyens de lutte contre ces filières et en avons démantelé un certain nombre".

Des discussions sur le projet de loi Mayotte "dans les prochaines semaines"

Le Premier ministre a aussi annoncé que les discussions avec les élus autour du projet de loi Mayotte devraient débuter dans les prochaines semaines "pour donner à Mayotte tous les moyens de se développer à long terme." Ce sera l'occasion selon Gabriel Attal de "remettre sur la table" le travail autour de la révision du droit du sol à Mayotte. Une mesure retoquée par le conseil constitutionnel dans le cadre de la loi immigration. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait déjà fait savoir son souhait de changer pour cela la constitution.

Les réactions des députés mahorais

"J'ai pu échanger après la réponse du Premier ministre avec lui pour lui demander rendez-vous avec lui le ministre des Outre-Mer dés qu'il sera nommé et les parlemantaires mahorais", explique Estelle Youssouffa, députée de Mayotte. "Que nous soyons reçus pour pouvoir avancer avec l'exécutif sur une sortie de crise et des réponses sur la loi Mayotte dont on ne connait pas le contenu." Elle que "la gravité de la crise à Mayotte exige des réponses à la hauteur."

Dans un communiqué, l'autre député mahorais Mansour Kamardine "regrette que le Premier ministre continue à nous payer de mots, plutôt que de répondre à l'urgence de la situation par l'action", ajoutant que "le temps n'est plus aux belles paroles, toujours dilatoires, mais à l'action ferme et déterminée." Il demande de mobiliser les moyens de l'État "pour empêcher qu'un département français entier bascule dans le chaos."