Coups de poings, de matraques, jets de gaz lacrymogène "gratuits", faux procès-verbaux et perquisition nocturne illégale : le procès des méthodes musclées de six policiers d'une brigade de proximité de Pantin (Seine-Saint-Denis) s'est ouvert mercredi au tribunal de Bobigny.
Âgés de 30 à 48 ans, les six policiers de la BTC Quatre-Chemins, dont l'un d'entre eux est Guyanais, supervisaient les cités Scandicci et des Courtillières, connues pour héberger du trafic de drogue. Ils comparaissent devant la justice pour plusieurs faits répartis sur 2019 et 2020, pour violences par une personne dépositaire de l'autorité publique et faux en écriture publique ou authentique.
Multiplication de plaintes
L'un des prévenus, accusé du plus grand nombre d'actes de violences dans le dossier, ne s'est pas présenté à l'audience au motif qu'il a désormais quitté la police nationale et ne peut se libérer en raison de ses "obligations professionnelles".
Suite à une multiplication de plaintes autour des agissements de la BTC Quatre-Chemins, la justice avait ouvert en 2020 une enquête confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) sur les méthodes de cette unité, qui effectuait un travail de renseignement dans les quartiers tout en bénéficiant d'une certaine liberté d'action. Les investigations ont mis en lumière de multiples faits de violences contre des jeunes, des falsifications de procès-verbaux ou des arrestations truquées.
Sur les huit policiers placés en garde à vue début 2021, le parquet a engagé des poursuites contre six d'entre eux.
Fracture à coups de matraque
Pour ce premier jour d'audience, le tribunal s'est notamment penché sur la fracture de la main à coups de matraque d'un jeune au sein du commissariat, lui occasionnant 45 jours d'incapacité totale de travail (ITT).
"Il me dit 'mets ta main sur la table, sinon je frappe sur tes jambes' (...) Il a commencé à frapper, j'ai dit 'non, non !'. À ce moment-là, l'autre policier m'a attrapé la main pour la tenir et qu'il me frappe dessus", a décrit la victime, un habitué de la garde à vue.
Des accusations balayées devant les juges par le brigadier-chef Christian M., un corpulent Guyanais de 48 ans, qui se décrit comme "le plus gentil au commissariat" : "C'était pas très fort, peut-être qu'il est fragile", a-t-il soutenu, en difficulté à la barre.
Le procès se tient jusqu'à vendredi.