Le racisme contre les personnes noires augmente dans l'UE, selon un rapport européen

Des participants à la manifestation du mardi 2 juin à Paris pour dénoncer le racisme.
L'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne (UE) publie ce mercredi une étude, issue d'une enquête menée dans 13 pays, dont la France et ses territoires d'Outre-mer. Celle-ci montre une progression des comportements racistes entre 2016 et 2023.

Discrimination dans la recherche d'un emploi ou d'un logement, interpellations par la police, harcèlement : près de la moitié des personnes noires au sein de l'Union européenne se disent confrontées au racisme, selon une étude de l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne publiée ce mercredi 25 octobre et consultée par franceinfo.fr.

L'Agence a mené une enquête entre octobre 2021 et octobre 2022, à l'aide d'un questionnaire, soumis en personne ou en ligne, à près de 6.800 personnes d'ascendance africaine subsaharienne, ou des territoires d'Outre-mer, dans le cas de la France.*

"Choquant de ne pas voir d'amélioration"

Le rapport, issu de cette enquête et intitulé "Être noir dans l'UE", montre également que le phénomène est en augmentation. En 2016, date du précédent rapport, 39% des personnes interrogées déclaraient "avoir été victimes de racisme au cours des cinq [dernières] années", contre 45% aujourd'hui.

"Il est choquant de ne voir aucune amélioration depuis notre dernière enquête de 2016", a commenté le directeur de l'Agence européenne des droits fondamentaux (FRA) Michael O'Flaherty, cité dans un communiqué.

Entretemps, le mouvement américain Black Lives Matter a renforcé "la prise de conscience de la communauté", a expliqué à l'AFP Rossalina Latcheva, chargée de ces questions au sein de la FRA, institution basée à Vienne en Autriche. Elle évoque aussi la montée des discours "présentant la migration comme une menace", déplorant "leur impact sur la manière dont les personnes noires sont perçues" dans la société.

Profilage racial dénoncé

Selon l'étude, 30% des sondés déclarent avoir été victimes de harcèlement raciste et 31% de discrimination au travail. "Il faut du temps pour décrocher un emploi", détaille Rossalina Latcheva, notant que "les immigrés surqualifiés ne sont pas considérés à leur juste valeur".

Idem pour le logement, "où le nom de famille et l'accent peuvent représenter une entrave". Conséquence, un tiers "éprouve des difficultés à joindre les deux bouts", contre 18% de la population générale.

Près de 12% des personnes interrogées affirment avoir été arrêtées par la police lors de l'année précédent l'enquête. Parmi ces dernières, 58% estiment avoir été victimes de profilage racial, une pratique fréquemment dénoncée par les associations et organisations. Dans l'Hexagone, 48% des personnes interrogées déclarent avoir déjà subi un profilage racial de la part de la police, une situation déjà dénoncée en mai par l'ONU. 

"Sanctions dissuasives"

Toutefois, cette discrimination dans sa globalité envers les personnes noires "reste invisible puisque 9% seulement la signalent", poursuit l'étude.

Les chiffres cachent par ailleurs des disparités importantes entre les 13 pays de l'Union européenne étudiés. Ainsi, 72% des personnes noires en Autriche et 76% en Allemagne déclarent avoir été victimes de racisme, contre 56% en Belgique ou 26% au Portugal. En France, ce chiffre est de 37%, en baisse par rapport à 2016 (46%). 

Face à ce constat, l'experte de la FRA appelle les décideurs politiques à "travailler avec la police pour améliorer la formation" et éradiquer une culture ancrée. Elle exhorte aussi les États membres à "recueillir des données" pour mieux lutter contre le phénomène. Et surtout à appliquer contre les auteurs d'actes racistes "des sanctions effectives, proportionnées et dissuasives".
 
*L'étude de l'Agence des droits fondamentaux dans l'Union européenne a été menée dans 13 pays : Autriche, Belgique, Danemark, Finlande, France, Allemagne, Irlande, Luxembourg, Pologne, Portugal, Espagne et Suède. Ces pays ont été sélectionnés notamment en raison de la disponibilité de données antérieures permettant une comparaison et parce que "la plupart des personnes originaires d'Afrique subsaharienne vivant dans l'UE habitent dans ces 13 pays".