Ces associations complètent généralement les dispositifs mis en place par les collectivités locales pour favoriser le retour des jeunes diplômés et des professionnels, considérés comme des forces vives pour le développement des territoires d'outre-mer.
La mobilité, intégrée dans les schémas de formation professionnelle, a toujours joué un rôle essentiel pour les originaires des outre-mer.
En 1963, le Bureau des migrations d'outre-mer (Bumidom) a été créé pour organiser le départ de milliers de jeunes originaires des outre-mer vers la France métropolitaine.
Par la suite, l'Agence nationale pour l'insertion et la promotion des travailleurs d'outre-mer (ANT) a été mise en place, développant une filière organisée qui permettait aux stagiaires d'améliorer leurs chances d'accéder à un emploi durable. Cette structure a ensuite été remplacée par LADOM (L'Agence De l'Outre-mer pour la Mobilité), qui vise le développement économique, social et culturel des territoires d'outre-mer.
En parallèle des filières organisées, la mobilité spontanée s'est développée au fil des années. Elle est le résultat de solidarités familiales ou amicales, de la cooptation par des amis, et surtout de l'influence des personnes ayant connu le succès professionnel.
Tendance au retour
Actuellement, la tendance au retour s'est concrétisée à travers des associations. Le concept de "Retour au pays" fait référence au mouvement de personnes qui décident de revenir dans leur pays d'origine. Ces actions sont souvent ciblées en raison du vieillissement des populations et de la fuite des cerveaux, où des personnes talentueuses quittent leur région à la recherche de meilleures opportunités professionnelles et d'une meilleure qualité de vie.
Martinique : association Alé Viré
"Alé Viré" est une association initiée par la sénatrice Catherine Conconne, visant à faciliter le retour des Martiniquais qui souhaitent revenir dans leur pays. Les principaux objectifs de l'association sont de lutter contre le dépeuplement de la Martinique et de promouvoir l'attractivité du territoire. "Alé Viré" se concentre spécifiquement sur la promotion du retour des Martiniquais dans leur pays et sur leur intégration économique et sociale à long terme, même s'ils sont partis depuis plusieurs années.
La sénatrice Catherine Conconne fait partie de ceux qui souhaitent inverser la tendance du dépeuplement. Elle est convaincue que les compétences martiniquaises et le désir de revenir au pays sont évidents au quotidien, et qu'il est nécessaire de créer un cadre pour encourager le retour des jeunes qui sont partis poursuivre leurs études et contribuer à lutter contre le dépeuplement chronique du pays.
"Alé Viré" fonctionne à la fois comme un groupe de réflexion et un groupe d'action. Il aborde un large éventail de sujets, notamment l'emploi, le réseautage, l'éducation, la vie familiale, l'attachement au pays et l'identité martiniquaise.
L'association a récemment organisé un événement de deux jours dédié au retour au pays, qui visait à informer et soutenir ceux qui souhaitent revenir en Martinique. L'événement comprenait des ateliers, des conférences et des témoignages pour sensibiliser le plus grand nombre de personnes possibles à l'importance du repeuplement de la Martinique. Elle a également facilité les connexions entre les recruteurs à la recherche de profils spécifiques et les candidats lors d'un événement de "job dating". Lors des éditions précédentes, plus de 400 offres d'emploi ont été diffusées, apportant de la joie à de nombreux candidats qui y ont participé.
Réunion : association Réunionnais de retour au péi
Créée en mars 2020 pendant le confinement, l'association "Réunionnais de retour au péi" a poursuivi son lancement en s'appuyant sur le digital et a proposé, quand c'était possible, des sorties aux adhérents. Le covid passé "Réunionnais de retour au péi"développe ses objectifs : faciliter le retour à La Réunion grâce à la création d'un réseau basé sur l'entraide, et en valorisant le vivier des compétences acquises en mobilité. Tout cela en s'appuyant sur son réseau d'entraide.L'association s'adresse aux personnes qui sont de retour ou envisagent le retour à La Réunion après un parcours de mobilité hors département.
La seconde mission est d'organiser des événements conviviaux et professionnels pour créer un réseau, participant à la promotion des Réunionnais de retour comme un atout pour le territoire. La troisième mission est de mettre en lien les originaires du territoire qui ont vécu le retour et ceux qui aussi souhaitent se préparer au retour.
Pour faciliter ce partage, un groupe d'entraide sur Facebook qui s'appelle "Rézot"permet déjà de lancer les discussions.
Enfin, la quatrième mission et la dernière, c'est de développer des outils ! À ce titre, l'association est à l'initiative d'un laboratoire du retour qui a pour but d'étudier et de mettre en place des solutions afin d'améliorer l'accompagnement au retour, en lien avec différents acteurs (institutions, associations…)
Guadeloupe : association ”Alé Vini”
Créée en décembre 2019, l'association "Alé Vini Guadeloupe" a pour mission de lutter contre le dépeuplement du territoire en favorisant le retour au pays des forces vives. Elle est avant tout une démarche citoyenne qui souhaite rassembler toutes les bonnes volontés, compétences et talents pour formuler des propositions et organiser des actions visant à faire revenir au pays les forces vives.
Il y a une tendance, une dynamique sociétale actuelle. "Alé Vini veut créer un mouvement de Guadeloupéens vers la Guadeloupe.
Depuis 2019, l'association est engagée pour placer le retour au pays au cœur du débat institutionnel et politique. Grâce à des échanges quotidiens avec ses membres, "Alé Vini Guadeloupe" a bâti une solide connaissance de l'expérience et des difficultés du retour au pays, ce qui nous permet d'être force de proposition auprès des acteurs institutionnels.
Guyane : Association : ”Guyane’Envol”
Créée en 2019 par deux jeunes femmes, Cynthia Sagne et Steevie Kazal, "Guyan’Envol" est une association qui accompagne les jeunes dans la construction de leurs projets professionnels à travers des mentorats/parrainages individuels et collectifs.
Son objectif principal est la promotion du mentorat auprès des 15-25 ans en vue de les aider à définir leur projet d'orientation scolaire et professionnel, ainsi qu'à faciliter leur insertion professionnelle en Guyane après l'obtention d'un diplôme (à partir du bac+3).
Nous accompagnons des jeunes qui souhaitent revenir sur le territoire via notre réseau. Nous essayons de leur transmettre des fiches de postes et les opportunités d'emploi. Nous avons également créé un réseau sur la diaspora de Guyane, avec des mentors présents un peu partout dans le monde, ainsi que des étudiants. Dès que nous avons des besoins, nous dynamisons le réseau pour permettre aux jeunes en fin d'études de se positionner. Notre objectif est d'établir un lien dès le départ avec les étudiants, de maintenir le contact et de les encourager à revenir plus facilement.
Steevie Kazal, l'une des fondatrices de "Guyan’Envol"
En plus de son soutien aux jeunes, Guyan’Envol a d'autres objectifs :
- Mettre en relation les individus afin de favoriser le partage et la collaboration pour de nouvelles initiatives dans les domaines éducatifs, scientifique, économique, culturel et social.
- Proposer des aides financières à des personnes physiques ou morales dans le cadre de la réalisation de projets associatifs ou entrepreneuriaux.
- Encourager le mécénat privé pour soutenir l'entrepreneuriat.
- Favoriser l'insertion professionnelle, sociale et culturelle des jeunes guyanais.
Accompagnement de l'Etat et des collectivités
Les associations et les réseaux professionnels jouent un rôle essentiel en aidant les individus à planifier leur retour et à s'intégrer dans le tissu économique et social local. Ils fournissent des conseils, des formations et des opportunités de réseautage
.Les collectivités ont également mis en place des incitations pour encourager les étudiants à revenir dans leur région. On s'oriente maintenant vers la mise en place d'un dispositif "Passeport retour au pays" ?
Une proposition de loi visant à renforcer le principe de Continuité Territoriale a été adoptée à l’unanimité (178 voix pour) à l’Assemblée Nationale le 8 Juin 2023.
Cette proposition de loi comporte – entre autres – une aide à l’achat du billet d’avion pour les actifs vivant en Hexagone pouvant justifier d’une création d’activité ou d’une promesse d’embauche dans les territoires ultramarins. Cette aide est conditionnée par l’application des CIMM.
Extrait du texte de loi " Une aide est attribuée, dans des conditions fixées par décret aux personnes actives vivant en France hexagonale dont le Centre des Intérêts Matériels et Moraux est en Guadeloupe, en Guyane, à la Martinique, à Mayotte, à La Réunion, à Saint‑Martin, à Saint‑Barthélemy, à Saint‑Pierre‑et‑Miquelon, à Wallis‑et‑Futuna, en Polynésie française ou en Nouvelle‑Calédonie. Elle a pour objet le financement d’une partie des titres de transport"...
Cette aide concerne les personnes actives vivant en France hexagonale et pouvant justifier d’une création d’activité ou d’une promesse d’embauche dans des secteurs d’activité fixés par décret dans les collectivités mentionnées au premier alinéa.