Le pass vaccinal devait entrer en vigueur ce samedi 15 janvier en lieu et place du pass sanitaire selon le souhait initial du gouvernement. Mais les débats à l’Assemblée nationale, puis au Sénat, ont quelque peu ralenti les choses. En effet, de nombreux parlementaires sont opposés à ce projet de loi. Parmi eux, le sénateur de Saint-Pierre et Miquelon Stéphane Artano. Ce dernier a profité de la discussion générale sur le projet de loi en deuxième lecture pour critiquer la mesure et, plus largement, le gouvernement.
Le sénateur a d’emblée rappelé son soutien à la vaccination : "Je suis favorable à la vaccination en général et à cette vaccination en particulier. Certes, nous assistons à une multiplication des doses qui interpelle y compris l’OMS qui s’interroge sur la stratégie française. Mais si cela permet d’éviter des formes sévères et permet au pays de ne pas être immobilisé en raison d’une saturation du service hospitalier, il faut s’en satisfaire." Stéphane Artano insiste sur le fait qu’il "entend et respecte tout autant ceux de nos concitoyens qui sont soit opposés par exemple au vaccin ARN ou qui doutent du bien-fondé [de la stratégie vaccinale]."
Sur le #PasseVaccinal, @StephaneArtano (RDSE), sénateur de Saint-Pierre-et-Miquelon, dit qu'il "est vécu comme une rupture d'égalité pour des citoyens, mis de côté pour des considérations médicales". Il votera contre le texte, même si la majorité de son groupe votera pour pic.twitter.com/w4C4o4zwwJ
— Public Sénat (@publicsenat) January 15, 2022
Un outil inadapté
Après l’agression du député Stéphane Claireaux à Saint-Pierre-et-Miquelon, le sénateur a rappelé qu'une très large majorité des habitants de l'archipel étaient vaccinés.
"15% de la population s’est mobilisée lors d’une manifestation populaire contre le pass alors qu’il y a à peu près 92% de vaccinés".
Selon l’élu, le pass sanitaire, entré en vigueur seulement le 12 janvier à Saint-Pierre et Miquelon, "n’est pas du tout adapté à de petits territoires insulaires qui se fracturent socialement".
Stéphane Artano réclame "de préférer le pass sanitaire au pass vaccinal pour une durée (...) maximale" à Saint-Pierre et Miquelon, "à défaut pour l’Etat de vouloir retirer le pass sanitaire." Cette demande est rendue possible par un amendement adopté en commission des lois à l’Assemblée nationale et voté au Parlement. Ce dernier permet localement aux préfets de décaler l’entrée en vigueur du pass vaccinal.
" Rupture d’égalité "
Pour le sénateur de l’archipel de l’Atlantique nord, "des familles se brisent, des citoyens se sentent mis au banc, des entreprises sont fragilisées. (…) [Le pass] est vécu comme une rupture d’égalité pour des citoyens mis de côté pour des raisons médicales." Le sénateur s'en est également pris à Annick Girardin, la ministre de la Mer, elle aussi originaire de Saint-Pierre et Miquelon.
Il y a une large lame de fond contestataire que même la ministre locale de la mer, complètement déconnectée de nos réalités locales, n’a pas anticipé.
"Nous sommes passés à une société d’exclusion qui brise définitivement le contrat social de Rousseau. (…) Malgré la situation sanitaire, ce pass a tellement de conséquences sociales désastreuses, notamment pour un petit territoire comme le mien, qui n’est pas le seul, qu’il faudra sans doute encore l’assouplir sans attendre la clause de revoyure annoncée par l’Etat comme une espèce de carotte qui vise à infantiliser mes compatriotes. Ce n’est pas ça le contrat social", a conclu le sénateur.