Le sprinteur guyanais Loïc Prévot a rejoint le groupe d'entraînement de Mickaël Hanany au Texas

Le sprinteur guyanais Loïc Prévot avec son entraîneur Mickaël Hanany.
Il est jeune. 23 ans. Grand. 1 mètre 97. Sprinteur. Sur 200 et 400 mètres. Avec un rêve : s'imposer en individuel au niveau mondial. Pour y arriver, le Guyanais Loïc Prévot voulait s'entraîner aux États-Unis. Vœu exaucé à El Paso au Texas auprès du plus américain des entraîneurs français.

Il appartient à la génération de l'image. De ces fameuses vidéos virales. Gravées en vous à tout jamais. Il n'empêche que Loïc Prévot n'a jamais eu le moindre modèle. Pas d'exemple à suivre chez le Guyanais. "Comme tout le monde, j'ai regardé Usain Bolt. Des exploits fascinants bien sûr, mais le Jamaïcain n'a jamais été mon idole pour autant." Reste alors à savoir comment il en est venu à pratiquer l'athlétisme. Un complet et heureux hasard ? "Pas du tout. Disons que mes parents m'ont fait naître dans l'athlétisme. Avec une seule exigence : que je prenne du plaisir. J'ai essayé pas mal de disciplines. Les entraîneurs ont trouvé que j'avais du potentiel sur 400 mètres. C'est un peu comme ça que tout a commencé. Même si le 400 mètres vous éloigne assez vite de la notion de plaisir…"

Le Guyanais Loïc Prévot en 2015 en équipe de France jeunes.

 

Éclosion guyanaise et confirmation lyonnaise

Sous son premier maillot de l'USL Montjoly, le Guyanais se fait un nom dans les catégories minime, cadet et junior. Pente ascendante. Équipe de France jeunes. En 2018, son entraîneur historique lui offre même un cadeau rare. "Bruno Riquel estimait qu'il avait atteint ses limites. Pour continuer à progresser, il me conseillait de changer de structure." Loïc Prévot s'envole pour Lyon. Changement de club. Le voici désormais sous les couleurs de l'Entente Sud Lyonnais. Avec un nouveau coach. Pendant trois ans, il s'entraîne avec Franck Matamba. "Le changement m'a fait un peu peur au début. Mais cet exil m'a aussi permis de poursuivre mes études d'économie à l'Université Lumière Lyon 2. Ça aurait été beaucoup plus compliqué en Guyane."

Que retenir de ces trois années lyonnaises ? De belles performances. Comme le titre national en salle sur 200 mètres en février dernier. "Pourtant, ces championnats de France ne rentraient pas dans ma préparation. Ni dans mon programme. Franck a voulu que j'y aille au dernier moment." Des médailles. Quelques records. Mais aussi et surtout des blessures. Notamment à la hanche. Le Guyanais enchaîne les rendez-vous chez différents médecins. Différents ostéos. La douleur demeure. Jusqu'à une dernière consultation à l'automne. "Mickaël Hanany m'a proposé d'aller voir Jean-Pierre Hue, ostéopathe en région parisienne. Je me suis dit : pourquoi pas ? En une seule séance, il a su tout remettre en place. Un vrai miracle."

 

Dans le groupe de Mickaël Hanany

La rencontre Prévot/Hanany, nous la devons à l'agence Elite Track and Field. Basée à Toulouse, elle aide les athlètes français qui rêvent d'Amérique à faire le grand saut. Son patron propose à Loïc une visioconférence avec Mickaël Hanany. Les deux hommes vont vite s'entendre. "Mike est très américain dans sa façon de faire. Il y a beaucoup de précisions chez lui. Et il utilise toujours les bons mots. Tout en adaptant son discours à chacun. Psychologiquement, c'est très intéressant." Du côté de l'entraîneur antillais, on retrouve la même satisfaction : "Pour l'instant, Loïc est aussi bon sur 200 que sur 400 mètres. Sera-t-il demain le nouveau Michael Johnson ? Je ne sais pas. Peut-être. Je l'espère. En tout cas, ce challenge m'excite beaucoup."

Depuis novembre et la réouverture des frontières avec les États-Unis, Loïc profite enfin des conseils de son coach in situ. Ce départ n'a certainement pas été du goût de tous. Certains responsables ont peut-être déconseillé au Guyanais de faire le voyage. Trop loin. De la France et de ses radars fédéraux. Au risque de gâcher sa carrière. L'athlète n'infirme, ni ne confirme. Mais lâche juste : "Toutes ces éventuelles petites phrases assassines ne font qu'attiser ma rage de vaincre." Loïc Prévot a donc rejoint le Texas tout seul. Sans véritable soutien. Le système D. dans toute sa splendeur tricolore. "Ici à El Paso, je suis financé par Myriam, ma mère. Parallèlement, j'ai le soutien de mon équipementier Adidas. Et ça s'arrête là. On se débrouille avec les moyens du bord."

Debout de gauche à droite : le Guyanais Loïc Prévot et l'Antillais Mickaël Hanany. Accroupis, on retrouve Mouhamadou Fall et Fanny Peltier. Tous les quatre prennent la pose sur le stade universitaire de Chapin High School à El Paso au Texas.

 

Sa vie américaine

À ce jour, le groupe Hanany ne compte que trois athlètes. Trois sprinteurs : Fanny Peltier, Mouhamadou Fall et Loïc Prévot. Trois sprinteurs qui devraient rester tout l'hiver au Texas. Afin de travailler à l'abri des regards. "Ici, on ne se sent pas surveillés comme en France. On assimile les choses plus facilement. Avec cette dimension professionnelle propre aux Américains. Et ce côté toujours positif. On travaille dur mais avec un grand optimisme. Ça change beaucoup de choses."

2022 sera une année post-olympique et malgré tout, pleine de grands rendez-vous. Les championnats du Monde et d'Europe devraient ainsi rythmer l'été. Loïc a déjà coché toutes ces cases dans son agenda. "Si je parviens à revenir sans blessure, je vise effectivement une place en individuel dans ces deux compétitions. Mais avant toute chose, comme le souhaitaient mes parents, je veux m'amuser. C'est le plus important." Rappelons que le Guyanais devrait obtenir sa Licence économie et gestion en 2023. Un double projet donc. Sportif et universitaire. Avec toujours en tête, l'une de ses maximes préférées : Work hard and have fun ! Travaille dur tout en t'amusant !