En 2020, la planète tennis n'a pas échappé aux secousses sismiques du coronavirus. Les joueurs professionnels n'ont été qu'une poignée à pouvoir rejouer en compétition. D'autres comme le Calédonien Maxime Chazal, en ont profité pour repenser leur avenir.
Le dernier contact avec Maxime Chazal remontait à avril dernier. Le tennisman calédonien vivait alors comme les autres. Confiné. Mais confiné… en Guadeloupe. Depuis les Antilles, Maxime devait rejoindre les États-Unis pour une tournée ambitieuse. Le joueur professionnel venait de réintégrer le Top 400 au classement ATP. Avec quelques bons résultats sur le sol américain, il pouvait espérer une invitation pour les qualifications du tournoi de Roland-Garros. À 27 ans, Maxime retrouvait enfin ce niveau que les nombreuses blessures l'avaient empêché de maintenir. Sauf que la pandémie mondiale de coronavirus a mis tout le circuit du tennis hors service. Pour de nombreux mois. À l'époque, le Calédonien avait confié à La1ère n'avoir aucune vision précise sur son avenir. Comme les autres finalement. Neuf mois plus tard, les choses ont bien changé.
2020, année forcément différente
Dans la famille Chazal, le premier confinement aura au moins fait un heureux : sa cheville droite. Avec l'arrêt forcé du circuit, Maxime a pu prendre le temps de la soigner. Sérieusement. À défaut de l'opérer. "J'ai consulté des chirurgiens qui souhaitaient m'opérer, confirme-t-il. D'autres me le déconseillaient. J'ai finalement opté pour un gros protocole de soins. Je joue toujours avec une chevillère. J'ai une importante fragilité au niveau des ligaments mais aujourd'hui, ça va mieux."
Un Maxime Chazal reposé. Une cheville bien soignée. Un circuit tennis qui rouvre progressivement à partir d'août 2020. La vie du champion allait pouvoir reprendre son cours normal. "J'ai effectivement disputé quelques matchs exhibitions durant l'été. C'était très agréable de rejouer. Mais pour participer aux tournois, la logistique était devenue infernale. Souvent seuls les mieux classés pouvaient s'inscrire. Ensuite, il fallait arriver sur place plusieurs jours avant le début de la compétition. Sans compter la deuxième vague qui commençait à menacer. Tout cela m'a fait réfléchir."
2020, année de la réflexion
Maxime décide alors de voir plus loin. De faire un break. "Attention, je continue quand même à m'entretenir. De toute façon, j'ai besoin de faire du sport. Pour mon équilibre." En septembre 2020, il redevient étudiant dans une matière qu'il connaît bien : le tennis. Maxime Chazal prépare son diplôme d'entraîneur. "Au début, ce n'était pas simple car les contraintes sanitaires imposaient la visioconférence pour des séances habituellement de terrain. Mais les choses ont évolué. C'est très prenant. Passionnant aussi. Je me trouve actuellement en stage au Centre National d'Entraînement de Roland-Garros. Diplôme en vue en juin prochain."
À la mi-2021, Maxime Chazal aura alors une double casquette : joueur professionnel et entraîneur. D'où notre question toute simple : est-ce que le joueur Maxime pourrait influencer coach Chazal ? "Cela dépendra de mon public. Si je suis avec un jeune, je pense que je serai conciliant. Même s'il y a des règles à ne pas transgresser. Maintenant ce sera totalement différent si je dois encadrer dans le haut-niveau. Je serai plus dur, plus strict. Car je sais tout ce qu'il faut aller chercher pour y arriver. Il y a très peu d'élus dans le tennis. C'est toute la différence entre un examen et un concours. Dans le tennis, avoir la moyenne ne suffit pas !"
2021, l'année du retour en Nouvelle-Calédonie ?
Maxime en rêvait en 2020. Pourra-t-il exaucer son vœu en 2021 ? Retrouver son cher Caillou ? Rentrer quelques semaines en Nouvelle-Calédonie ? "Cela me semble compliqué à très court terme. Je suis à fond dans la préparation de mon diplôme d'entraîneur jusqu'en juin prochain. Après, je suis ouvert à toutes les éventualités mais il faudra que les conditions sanitaires s'améliorent d'ici là. Pour le moment, se retrouver en quarantaine dans un hôtel près de l'aéroport, très peu pour moi. Je ne suis peut-être pas un hyperactif mais j'ai quand même besoin de bouger régulièrement."
Pas de voyages en Nouvelle-Calédonie dans l'immédiat. Mais à moyen ou long terme, Maxime Chazal serait très honoré de pouvoir guider les jeunes pousses du territoire. Surtout qu'il sera alors formé pour ça. "Nous sommes capables de sortir de très bons joueurs en Nouvelle-Calédonie. J'en suis convaincu. À mon époque, il fallait s'exiler pour progresser. Partir dans l'Hexagone. Aujourd'hui, il me semble plus intéressant de travailler avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Pour les jeunes, j'espère être un exemple à suivre et surtout qu'ils seront nombreux à faire mieux que moi."
Puisque nous sommes à l'aube de la reprise du circuit mondial, l'occasion était trop belle de demander au Calédonien comment il voit les prochaines semaines de compétition. "Disons que ça devrait progressivement aller de mieux en mieux. Maintenant, je crains que le huis clos ne devienne la base commune pour un certain temps. Ce n'est pas inquiétant. Juste triste." Et les lauréats ? Encore et toujours les mêmes ? "Non, je pense que la nouvelle génération va prendre les commandes. L'Autrichien Thiem a remporté l'US Open. Le Russe Medvedev s'est imposé aux Masters. Nous sommes à un tournant. Sauf peut-être à Roland-Garros où je ne vois pas qui pourrait venir faire vaciller Rafael Nadal."