Le tout premier dictionnaire juridique des Outre-mer vient de paraître

Une centaine d'auteurs ont contribué à ce livre ambitieux qui propose un état des lieux du droit en Outre-mer. L'ouvrage codirigé par les professeurs d'Université Mathieu Maisonneuve et Géraldine Giraudeau se veut le plus complet possible.

"Essais nucléaires", "code noir", "requins", mais aussi "volcan" ou "statut coutumier". Autant de thèmes abordés dans le Dictionnaire juridique des Outre-mer, qui vient de paraître chez LexisNexis. Avec ses 150 entrées, le livre a une vocation encyclopédique, au sens propre : il vise à rassembler l'ensemble des connaissances sur un sujet.

L'ouvrage est codirigé par Mathieu Maisonneuve, professeur de droit public à l’Université d’Aix Marseille et membre associé au Centre de recherche juridique de La Réunion, et par Géraldine Giraudeau, professeure de droit public à l’Université de Perpignan et membre associée du Laboratoire de recherches juridique et économique de l’Université de la Nouvelle-Calédonie.

Le "parent pauvre" des études juridiques

Le projet est né dans l'esprit de Géraldine Giraudeau il y a plus de trois ans. "L'idée est partie de ce constat que le droit de l'Outre-mer était le parent pauvre des études juridiques, explique Mathieu Maisonneuve. Ce qui est une sorte de paradoxe, parce que l'Outre-mer c'est quand même 17% du territoire français, c'est presque trois millions d'habitants, c'est 90% de biodiversité de la France. Pourtant il n'y avait pas grand-chose : des études, soit parcellaires sur un thème, soit des études qui abordaient le droit de l'Outre-mer à la marge."

L'idée était de s'intéresser à tous les Outre-mer et de traiter tous les thèmes. Des aspects les plus classiques -bien sûr il y a des choses écrites sur les accords de Nouméa, sur l'autodétermination- mais aussi des aspects qui ne sont pas traités par ailleurs.

Mathieu Maisonneuve


"Des" droits des Outre-mer

"Entre le droit qui s'applique à La Réunion, et le droit qui s'applique en Nouvelle-Calédonie ou en Polynésie française, ce n'est pas du tout la même chose. Le droit réunionnais, comme le droit guyanais ou le droit antillais, se rapproche peu ou prou du droit de l'Hexagone. C'est beaucoup moins vrai à Wallis et Futuna, à Saint-Pierre et Miquelon ou en Polynésie", explique Mathieu Maisonneuve. Au-delà des spécificités liées au droit, certaines questions juridiques, comme celle des cyclones ou des essais nucléaires par exemple, ne se posent qu'en Outre-mer.

Le Dictionnaire juridique des Outre-mer est un travail collaboratif. Près de cent contributeurs ont participé à l'ouvrage. Des juristes bien sûr, mais aussi des historiens ou des économistes. Le livre ambitionne de synthétiser l'état des connaissances, mais a également une dimension critique. "Il s'agissait aussi de proposer des idées, des pistes de réflexion", insiste Mathieu Maisonneuve.

Certains thèmes abordés sont spécifiques aux Outre-mer, d'autres, comme le "multiculturalisme" ou la question des "langues", sont plus transversaux. L'ouvrage s'adresse principalement à des juristes, mais Mathieu Maisonneuve relativise : "Il y a du droit, mais il n'y a pas que du droit et même les entrées juridiques sont traitées pour que ce soit accessible pour tout le monde ".