La vie se construit souvent sur des détails infimes. Et le hasard y joue parfois un grand rôle. Ludovic Castard peut en témoigner. À l'âge de 11 ans, le Guadeloupéen habite à Asnières avec toute sa famille. Il se rêve basketteur. Ou footballeur. Mais les deux équipes locales n'ont plus de places. Asnières affiche complet. Reste le volley. Ludovic ne connaît pas. Il essaie. Histoire de voir. Coup de foudre immédiat. Phénoménal. Le club banlieusard lui apprend les bases. Trois ans plus tard, il rejoint l'INSEP. Puis le Centre National du Volley à Montpellier. Son destin est tracé. En 2003, il signe un premier contrat professionnel à Sète. Castard le pointu débute alors une carrière de volleyeur de précision qui va durer dix-sept ans…
Un cœur tout neuf dans un décor de rêve
Que retiendra Ludovic Castard de sa dernière saison en tant que joueur ? Pas le Covid qui a interrompu définitivement le championnat au printemps 2020. Mais plutôt ce problème cardiaque apparu à l'automne 2019. "J'ai fait de la fibrillation auriculaire. C'est-à-dire un trouble cardiaque qui accélère le cœur de manière irrégulière. J'ai dû subir une petite opération du cœur. Bon enfin… quatre heures au bloc tout de même. Après quoi, j'ai attendu le feu vert de mon cardiologue et de la médecine du travail pour retrouver les parquets. J'ai pu revenir sans problème. Mais comme je préparais déjà ma reconversion, mentalement j'étais passé à autre chose..."
Pour cette nouvelle vie, Ludovic n'envisage pas de retour à la case départ. Certainement pas. "Les HLM, la banlieue parisienne, la grisaille… J'avais déjà donné. Merci. En intégrant le club familial d'Ajaccio en 2016, j'ai découvert une île où toute ma petite famille pouvait s'épanouir." En Corse, le Guadeloupéen a trouvé un univers qui lui correspond. "Ici, tu as quand même moins de problèmes que sur le continent. Ça fait six ans que nous vivons dans une maison tranquille à dix kilomètres d'Ajaccio. Les grandes villes ne nous intéressent plus."
Castard, un coach sportif pointu
Ludovic n'a pas attendu ses derniers blocs défensifs pour envisager la suite. Avant même la fin de sa carrière de joueur, il passe et obtient son diplôme de préparateur physique et de coach sportif. Reste ensuite à se faire une place. "J'ai commencé par créer mon site web et une page sur les réseaux sociaux. Au début bien sûr, ce fut compliqué. Tu as beau avoir un nom connu ; il y a du monde sur le marché. Même à Ajaccio !"
Le Guadeloupéen voit surtout son activité décoller… lors du deuxième confinement. "Je bossais comme un fou. Je donnais rendez-vous à la clientèle dans des endroits en pleine nature. Là, j'ai réalisé que les gens avaient besoin de faire du sport. C'était vital." Autre révélation : Ludovic Castard aime entraîner tous les publics. "Ma clientèle est très diverse. Tous les niveaux se côtoient. Depuis le quinquagénaire obèse qui souhaite se reprendre en main jusqu'à la jeune sportive venue préparer un événement spécifique. Chaque mardi, je m'occupe même d'une maison de retraite à Sainte-Marie. Tout cela est très riche. Gratifiant. Chacun progresse à son rythme."
Le volley français sur le toit de l'Olympe
Ludovic Castard est un homme heureux. Amoureux. Père de deux petites filles Louisa et Charlize. Son activité professionnelle se porte bien. Et cerise sur le gâteau : l'été olympique a été mémorable pour le volley-ball français. "J'ai suivi tous les matchs des JO de Tokyo. J'adore cette équipe de France. Même si au début, j'ai eu très peur. Mais par la suite,… quelle leçon ! Une génération pareille, on n'en aura pas beaucoup. Cette médaille d'or, ce titre olympique, le Graal, c'est juste magnifique pour l'ensemble du volley-ball français."
Reste maintenant à prolonger le rêve éveillé japonais. Savoir susciter l'engouement. "Car le volley demeure un sport extraordinaire ! scande Ludovic Castard. Or médiatiquement en France, il n'a pas la place qu'il mérite." Aujourd'hui, le Guadeloupéen se dit prêt à jouer un rôle. Il est disponible. Pour relancer la dynamique. "Nous devons profiter de cette médaille historique. Cela doit rejaillir sur l'ensemble des disciplines du volley. Je pense au beach par exemple. En Corse, tout est réuni pour monter une belle structure. Je le répète : je suis disponible."
En attendant, Ludovic s'investit à fond dans son activité de coach sportif. Il a également découvert les joies de l'aviron. Le Guadeloupéen donne enfin beaucoup de son temps à l'association Tous pour chacun. L'occasion de jouer au football ou au volley avec des personnes en situation de handicap. Moments de partage uniques. "J'ai besoin d'aider les gens. C'est passionnant. Et comme je peux le faire dans un décor paradisiaque, je suis vraiment comblé !"