Le récit autobiographique de Wilfried Lajoie, des peintres haïtiens en exposition à Paris, et le prochain album de David Walters : voici l'actualité de la semaine (15/01/21)
Livres
Georget Wilfried Lajoie - Je viens du bas du bourg (éditions Willie Nestor). Nombreux sont ceux qui estiment que leur vie vaut la peine d’être racontée et portée à la postérité. Wilfried Lajoie, lui, voulait simplement laisser une trace pour ses enfants. Son histoire se lit comme un exemple de réussite personnelle et sociale, en partant de peu. Elevé au bas du bourg, un quartier mal famé à Basse-Terre, en Guadeloupe, celui qui se prénomme encore Georget Lajoie s’en sortira grâce à la danse. Elle lui a permis de rencontrer l’amour et de se construire un avenir professionnel. Jeune, et fou de James Brown, dont il maîtrise le déhanché, il remporte plusieurs concours de danse en Guadeloupe. C’est à 20 ans qu’il s’embarque pour l’Hexagone. Après avoir écumé, un temps, les boites de nuit pour montrer son talent, il crée un groupe folklorique dans l’Oise. Initie les gens du cru à la culture antillaise, crée sa propre société de spectacles, rencontre l’amour, et s’achète un château ! Une histoire presque banale pourrait-on dire. Peut-être. Mais une histoire exemplaire pour dire que l’assignation sociale n’est pas une fatalité.
Expositions (peinture)
Esprits vagabonds (les artistes outsiders haïtiens) à la galerie Claire Corcia à Paris en collaboration avec L’œil de la femme à barbe et la Galerie Polysémie (du 14 janvier au 27 février). "Un peuple d’artistes habite Haïti." En 1976, André Malraux était rentré impressionné de son périple dans la première république noire. Il rajoutait : "Et puis j’aimerais insister sur l’autre versant de la peinture haïtienne qui, elle, est reliée en direct au vaudou." C’est dans cette veine que s’inscrivent principalement les artistes exposés actuellement dans la galerie de Claire Corcia, même si la tendance art naïf n’est pas loin. Les peintures et dessins des Guyodo, Charles Djerry, Fanfan Romain, Pierre-Paul Lesly, Alexis Peterson, et autres Barbara d’Antuono (elle a séjourné longtemps en Haïti) transpirent de cette énergie. "Le vaudou est leur socle, leur source d’inspiration " explique Claire Corcia. "On a besoin de cet élan vital, de cette énergie visuelle. Leurs œuvres renvoient à des référents et à des imaginaires riches et flamboyants." C’est à l’occasion de la grande exposition de 2014 au Grand Palais, à Paris, que la galeriste découvre la peinture haïtienne. Cet évènement de début d’année est le troisième qu’elle organise avec ces artistes haïtiens. "Ca reste une niche. Mais depuis, Guyodo se vend en Espagne et il est rentré dans les collections du musée d’art brut de Lausanne." La référence en la matière.
Musique
Nocturne de David Walters (sortie le 5 février chez Heavenly Sweetness). Cet album est le produit du confinement. Privé d’activités et de promo en mars dernier (il venait juste de sortir Soleil Kreyol), David Walters réfléchissait avec un ami sur une idée qui lui trottait dans la tête depuis belle lurette : réunir le violoncelle de Vincent Segal et la kora de Ballaké Sissoko. Roger Raspail a rejoint le trio avec ses tambours ka pour cet album enregistré, en trois jours juste après le confinement. Avec Kassav' et Delgrès, David Walters est l’un des trop rares artistes à chanter en créole et à être diffusé sur les radios nationales. Il sera en concert le 11 mars à La Cigale.