Chaque semaine, durant ces vacances qui débutent ou se poursuivent pour beaucoup, La1ere.fr vous propose des ouvrages à lire, et leurs auteurs à découvrir. Aujourd’hui, "Vers d’autres rives", de l’écrivain haïtien Dany Laferrière, membre de l’Académie française.
Élu en 2013 à l’Académie française, le romancier haïtien Dany Laferrière a publié cette année en avril un livre passé relativement inaperçu intitulé "Vers d’autres rives" (Le1/Éditions de l’Aube). Cet ouvrage détonne par son originalité. Il est d’abord écrit - littéralement - de la main de l’auteur dont on savoure la calligraphie, et il est également illustré par lui avec un talent certain, dans un style artistique inspiré de son pays natal.
"Vers d’autres rives" est une biographie, sélective, de l’écrivain, dans laquelle il revient sur des épisodes de vie qui lui sont chers. "J’ai toujours rêvé d’une biographie qui exclurait les dates et les lieux pour ne tenir compte que des émotions ou des sensations mêmes fugaces", écrit-il dans son introduction. Ainsi Dany Laferrière évoque des êtres et des thèmes dont il avait déjà parlé dans ses précédents livres. La ville de Petit-Gôave où il passa son enfance, sa chère grand-mère Da, ses peintres et poètes haïtiens favoris, ses longs séjours à Montréal et à Miami.
Même s’il reste peu disert sur ces questions, Dany Laferrière n’évite pas certains sujets : le dictateur Papa Doc (François Duvalier) et ses "tontons macoutes" chargés de la répression, les terribles conditions dans lesquelles les migrants haïtiens cherchent à atteindre les côtes américaines dans des embarcations de fortune, leur enfermement, parfois durant des années, dans des centres de rétention. Et pour finir, le tremblement de terre en Haïti, où "derrière ces maisons brisées, je cherche le visage de l’amour"…
Dany Laferrière, "Vers d’autres rives" (illustré par l’auteur) – Le1/Éditions de l’Aube, 108 pages, 16 euros.
(...) J'ai toujours rêvé d’une biographie qui exclurait les dates et les lieux pour ne tenir compte que des émotions ou des sensations, mêmes fugaces. La première fois que j’ai vu une libellule. La fois que je suis entré dans la mer en ignorant qu’il fallait savoir nager. La fois que j’ai assisté à l’exécution d’un prisonnier politique près du cimetière de Port-au-Prince. Le dernier regard de ma mère me voyant partir en exil. Ma première promenade dans la cour de l’Académie. Et toutes les fois que j’ai regardé dans un ciel étoilé en espérant trouver la Niña Estrellita."
"Vers d’autres rives" est une biographie, sélective, de l’écrivain, dans laquelle il revient sur des épisodes de vie qui lui sont chers. "J’ai toujours rêvé d’une biographie qui exclurait les dates et les lieux pour ne tenir compte que des émotions ou des sensations mêmes fugaces", écrit-il dans son introduction. Ainsi Dany Laferrière évoque des êtres et des thèmes dont il avait déjà parlé dans ses précédents livres. La ville de Petit-Gôave où il passa son enfance, sa chère grand-mère Da, ses peintres et poètes haïtiens favoris, ses longs séjours à Montréal et à Miami.
Collection de souvenirs
Avec la belle plume qu’on lui connaît, le romancier brosse les fragments de son incroyable parcours. Dans cette collection de souvenirs, on est immergé dans toute la poétique du fabuleux imaginaire haïtien. Elle débute avec une enfance lumineuse et enchantée aux accents presque magiques, se poursuit à Port-au-Prince avec ses artistes flamboyants pour aboutir en Amérique du Nord, le Canada tout d’abord, la Floride aux Etats-Unis ensuite.Même s’il reste peu disert sur ces questions, Dany Laferrière n’évite pas certains sujets : le dictateur Papa Doc (François Duvalier) et ses "tontons macoutes" chargés de la répression, les terribles conditions dans lesquelles les migrants haïtiens cherchent à atteindre les côtes américaines dans des embarcations de fortune, leur enfermement, parfois durant des années, dans des centres de rétention. Et pour finir, le tremblement de terre en Haïti, où "derrière ces maisons brisées, je cherche le visage de l’amour"…
Dany Laferrière, "Vers d’autres rives" (illustré par l’auteur) – Le1/Éditions de l’Aube, 108 pages, 16 euros.
Extraits
"J’ai toujours cru que la différence première était entre les nomades et les sédentaires. Je dis nomade sans voir uniquement le corps. L’esprit, le cœur, peut l’être. J’englobe aussi les idées, les formes, les couleurs, les sensations, les sentiments comme les émotions. Quel tourbillon ! La toupie de mon enfance. Quelle joie d’aller vers d’autres rives, même douloureuses.(...) J'ai toujours rêvé d’une biographie qui exclurait les dates et les lieux pour ne tenir compte que des émotions ou des sensations, mêmes fugaces. La première fois que j’ai vu une libellule. La fois que je suis entré dans la mer en ignorant qu’il fallait savoir nager. La fois que j’ai assisté à l’exécution d’un prisonnier politique près du cimetière de Port-au-Prince. Le dernier regard de ma mère me voyant partir en exil. Ma première promenade dans la cour de l’Académie. Et toutes les fois que j’ai regardé dans un ciel étoilé en espérant trouver la Niña Estrellita."